La demande d’asile a continué d’augmenter en France l’an dernier pour atteindre le niveau historique de 142.500 demandeurs, le plus haut jamais enregistré, a indiqué mardi l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), dans un contexte politique tendu sur l’immigration.
Avec une hausse de 8,6% en 2023 par rapport à l’année précédente, selon les données provisoires publiées par l’agence de l’asile, la France s’inscrit dans une dynamique de hausse des demandes de protection également parmi les voisins européens.
« En 2023, près de 142.500 demandes de protection internationale ont été introduites à l’Ofpra, toutes procédures confondues. Parmi elles, on dénombre quelque 123.400 premières demandes d’asile », a écrit dans un communiqué l’organe chargé d’attribuer le statut de réfugié.
Une augmentation de 8% en Europe
En 2022, l’Ofpra avait enregistré 131.000 demandes, soit juste en-dessous du précédent pic historique avant la crise sanitaire en 2019 avec 132.000 demandes. « Cette augmentation (de 8%) n’est pas propre à la France, elle s’inscrit dans un contexte européen et reste d’ailleurs nettement inférieure à la moyenne européenne, qui devrait se situer entre 15 et 20% », a commenté auprès de l’AFP Julien Boucher, le patron de l’Ofpra.
Cette hausse est particulièrement marquée en Allemagne, qui a enregistré en 2023 quelque 351.000 demandes (+51%), fait-on remarquer à l’Ofpra. Plus de 110 millions de personnes étaient déplacées de force dans le monde mi-2023, selon l’ONU, que ce soit en raison de conflits armés comme en Ukraine, de phénomènes naturels comme des sécheresses ou des inondations, ou encore à cause de crises humanitaires comme en Afghanistan.
Pour la sixième année consécutive, ce sont les ressortissants de l’Afghanistan, justement, qui sont les premiers demandeurs d’asile en France, avec plus de 17.500 premières demandes introduites, selon les données de l’Ofpra. Suivent les personnes originaires du Bangladesh (8600), de Turquie (8500), de la République démocratique du Congo (8000) et de la République de Guinée (7000).
Le taux de protection de l’Ofpra, c’est-à-dire la part de demandes acceptées, est en hausse en 2023, avec 33% (+4 points comparé à 2022).
Une « politique du chiffre » dans un contexte sensible
Le délai moyen de traitement d’un dossier, lui, a baissé : il faut désormais 4,2 mois à l’Ofpra pour trancher (5,2 en 2022). Une accélération du traitement érigée en priorité par le ministère de l’Intérieur – qui veut ainsi expulser plus rapidement les personnes déboutées de leur demande – mais qui génère une fronde interne depuis plusieurs mois.
Les agents de l’organe indépendant se sont mis en grève la semaine dernière pour la quatrième fois depuis octobre 2023, à l’appel des syndicats CGT et ASYL, pour dénoncer notamment une « politique du chiffre fondée sur des objectifs irréalistes ». Leur grève visait également le controversé projet de loi immigration, adopté au forceps mi-décembre notamment avec les voix du Rassemblement national. Il prévoit, entre autres, une refonte du système d’asile, dont par exemple la généralisation du recours à un juge unique au détriment de formations de jugement collégiales à la Cour nationale du droit d’asile.
Le Conseil constitutionnel, saisi par le président Emmanuel Macron lui-même, doit se prononcer jeudi sur la conformité du texte.
Dans ce contexte, la publication de ces données par l’Ofpra revêt un caractère particulièrement sensible, alors que le ministère de l’Intérieur a choisi de publier les statistiques annuelles de l’immigration jeudi midi… soit quelques heures avant la décision très attendue des Sages.
Signe de la sensibilité politique du sujet, l’Ofpra s’est refusé à qualifier lui-même le niveau de la demande d’asile d’« historique » ou de « record ».
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