Le gouvernement a annoncé mercredi des mesures pour lutter contre les violences sexuelles sur mineurs, saluées par la Commission Inceste qui a publié le même jour une analyse de leurs conséquences traumatiques.
Projet de retrait de l’autorité parentale au parent incestueux, campagne nationale, accompagnement des victimes et des professionnels: le gouvernement renforce les moyens de lutte contre les violences sexuelles qui concernent 160.000 mineurs chaque année.
La Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) « se réjouit d’avoir été entendue, de voir ses préconisations reprises par le gouvernement », a réagi pour l’AFP son coprésident, le juge des enfants Édouard Durand.
Soignants et enseignants mis à contribution
Le gouvernement veut « renforcer la formation de professionnels de santé » et financer début 2023 une « grande campagne nationale » de prévention.
« Les adultes doivent mieux repérer les signaux et le cas échéant, faire part de leur doutes, avant même d’avoir des certitudes », a déclaré Charlotte Caubel, la secrétaire d’État à l’Enfance, au Figaro.
Soignants, maîtres d’écoles, profs de sport doivent « se poser systématiquement la question » des violences sexuelles. « Quand un enfant est violent, que des signaux font craindre une situation de prostitution ou encore qu’il est isolé, c’est une grille de lecture qu’ils doivent avoir en tête », souligne Mme Caubel.
Pour les épauler, le gouvernement va créer « une cellule d’appui pour tous les professionnels qui ont des doutes ou sont confrontés à des révélations ».
Une fois l’inceste repéré, l’étape suivante est de consolider le traitement judiciaire alors que 70% des plaintes sont classées sans suite.
Un meilleur accompagnement de l’enfant
Le gouvernement va poursuivre le déploiement sur tout le territoire des Unités d’accueil et d’écoute pédiatriques (Uaped), associant enquêteurs, médecins, psychologues, pour entendre l’enfant dans la sécurité.
Pendant tout le processus pénal, le gouvernement veut renforcer l’accompagnement de l’enfant, « par les associations d’aide aux victimes et avec l’intervention d’un administrateur ad hoc », un professionnel dont la mission est de représenter et défendre l’enfant mineur.
Une des avancées les plus attendues par les associations est « le retrait de principe de l’exercice de l’autorité parentale en cas de condamnation d’un parent pour violences sexuelles incestueuses sur son enfant ».
Le gouvernement va déposer au Parlement une modification législative pour le permettre, tout en acceptant qu’une juridiction puisse exceptionnellement le refuser « par motivation spéciale ».
« Le nœud du problème reste le taux trop élevé de classements sans suite et le taux trop faible de révélations de violences sexuelles. Il faut renforcer le repérage et consolider l’enquête pénale, ce que les mesures annoncées par le gouvernement tendent à faire. Nous serons attentifs à ce qu’elles soient mises en oeuvre », a commenté le juge Durand.
Une personne sur 10 a été victime de violences sexuelles dans l’enfance, selon la Ciivise qui a publié mercredi un rapport sur l’appel à témoignages qu’elle a lancé il y a un an.
La souffrance quotidienne des victimes
« Ce qui saute aux yeux en lisant les mails reçus, c’est l’expression de la souffrance, une souffrance extrême et qui dure. Ce n’est pas penser à quelque chose de douloureux qui s’est passé il y a longtemps, c’est l’éprouver aujourd’hui », explique à l’AFP le juge Durand.
« J’ai pris perpétuité à huit ans »: ceux qui témoignent évoquent « presque toujours » des conséquences « sur leur vie intime à l’âge adulte, leur couple, leur vie de parent, leur sexualité », note la Ciivise qui a reçu 16.414 témoignages.
Beaucoup de témoignages évoquent aussi un refus de la maternité et la peur de reproduire les agressions sur leur propre enfant.
Ces violences subies enfant ont aussi un impact sur la santé de l’adulte: la grande majorité ont « développé des comportements à risque », tels que troubles alimentaires, addictions, agressivité, tentatives de suicide. Une femme sur deux décrit ainsi un trouble alimentaire (anorexie, boulimie…). Quatre hommes sur dix un problème d’addiction (alcoolisme, drogue).
« Je prends de l’alcool ou du cannabis pour m’anesthésier, et non pas pour chercher un effet récréatif, euphorique. C’est simplement pour pouvoir sombrer dans un sommeil sans rêve, puisque les rêves sont essentiellement formés de cauchemars », dit un homme cité dans le rapport.
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