La hausse des prix à la consommation s’est élevée à 5,1% en mai sur un an, mais celle des produits alimentaires s’élève à 14,1%, selon l’AFP.
Dans ce contexte, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a demandé lundi 5 juin aux industriels de l’agro-alimentaire d’accélérer les négociations pour faire baisser les prix, tout en félicitant les distributeurs d’avoir prolongé l’opération «trimestre anti-inflation» jusqu’à la fin de l’année.
«Alors qu’en 2022 l’inflation était surtout alimentée par les prix de l’énergie (+ 23 % contre 7 % pour l’alimentation), ce sont désormais les prix de l’alimentation qui nourrissent l’inflation (+14,1 % en mai sur un an contre 2 % pour les prix de l’énergie),» constate Thomas Grjebine, du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII).
Pour l’économiste, la persistance de l’inflation alimentaire s’explique en partie par l’augmentation des marges des entreprises, notamment «dans les secteurs de l’énergie (+ 25 % de fin 2019 à fin 2022), dans les services de transport (+ 39 %) ou dans l’agro-alimentaire (+ 11 %)».
Pour autant, les négociations avec les industriels pour réduire leurs marges «ne vont pas assez vite», a estimé Bruno Le Maire sur France 5, ajoutant que «certains industriels, certaines grandes multinationales industrielles jouent la montre». Et de rappeler que les 75 plus gros industriels de l’agro-alimentaire se sont engagés à rouvrir des négociations commerciales avec les distributeurs.
Le ministre a par ailleurs averti : «Nous utiliserons l’outil fiscal pour aller rechercher dans les marges des grands industriels, qui sont élevées et qui se redressent, les prix qu’ils n’ont pas voulu donner aux consommateurs lors des négociations commerciales du printemps».
Une hausse de taux de marge « remarquable dans les secteurs qui ont bien profité de la crise »
Certaines entreprises ou producteurs peuvent justifier l’augmentation qu’ils appliquent sur les prix de vente des produits par la hausse des coûts des matières premières et de l’énergie qu’ils subissent. Cependant, une étude menée par Sylvain Billot, économiste auprès de l’INSEE, basée sur une autre grandeur – le taux de marge bénéficiaire – a démontré que la hausse du prix de vente et celle des intrants pour la production ne se faisaient pas à la même vitesse :
«Le taux de marge (bénéficiaire) rend compte de ce qui reste à disposition des entreprises (l’excédent brut d’exploitation) notamment pour rémunérer le capital et investir, une fois déduites les rémunérations salariales (…) Le taux de marge (bénéficiaire) des entreprises est en hausse : 32,4 % au quatrième trimestre 2022 contre 31,9% au troisième trimestre. L’Insee prévoit (fin 2022) que cette hausse va se poursuivre début 2023, avec un taux de marge à 33,2 % au premier trimestre et 33,5 % au deuxième trimestre, en raison de la poursuite de la baisse des salaires réels et de celle des impôts de production.»
Cette augmentation du taux de marge bénéficiaire est particulièrement «remarquable dans les secteurs qui ont bien profité de la crise», selon Sylvain Billot. «Dans la branche composée des secteurs de l’énergie de l’eau et des déchets, il connaît même un nouveau rebond. Il fléchit légèrement dans les transports et reste stratosphérique dans l’industrie pétrolière».
Quels sont les secteurs qui ont bien profité de la crise ? Pour Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, il s’agit «d’entreprises (qui) ont pu accroître leurs marges dans des secteurs ayant subi les restrictions de l’offre et la résurgence de la demande».
Cette hausse des marges d’entreprise est d’autant plus «remarquable» que le prix des matières premières commence à s’inscrire dans une dynamique opposée. En effet, «la majorité des matières premières commence à baisser en raison d’un fort ralentissement de la demande mondiale par rapport à l’année 2022», constate Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste au cabinet d’analyses BDO.
Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a quant à lui averti : «Avant la fin du mois de juin, je publierai la liste de tous les industriels de l’agro-alimentaire qui ont joué le jeu et la liste des industriels de l’agro-alimentaire qui ont refusé de revenir à la table des négociations et qui n’ont pas voulu faire baisser les prix de détail alors que les prix de gros baissent». Il a également déclaré que les grands industriels de l’agroalimentaire, tels que Coca-Cola, L’Oréal, Modelez ou Nestlé, se sont engagés à jouer «le jeu».
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