Surnommé « le boucher de Téhéran », le dirigeant iranien est mort dans un accident d’hélicoptère dimanche. Charles Michel, président du Conseil européen, et Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, ont présenté des condoléances qui ont fait réagir les défenseurs des droits humains.
Shadi Sadr, cofondatrice de l’ONG Justice for Iran, qui fait campagne pour que les responsables des violations des droits des Iraniens rendent des comptes, a critiqué certains messages de condoléances de personnalités telles que le président du Conseil européen, Charles Michel, après la mort de M. Raïssi et de son ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian.
« De telles initiatives sont perçues comme une trahison par les innombrables victimes des violations des droits de l’homme, ce qui accentue la déception de la population iranienne à l’égard de la communauté internationale », a-t-elle déclaré à l’AFP.
Une position que partage l’eurodéputé François-Xavier Bellamy. « On ne présente pas des condoléances attristées lorsque meurt un bourreau », a commenté François-Xavier Bellamy sur le plateau de Public Sénat. Il aurait été suffisant de « marquer les formalités diplomatiques d’usage ».
Le député candidat aux élections européennes évoque « la gravité » de ce qu’Ebrahim Raïssi « laisse derrière lui ». Le dirigeant « s’était fait un nom dans le régime iranien en dirigeant les Comités de la mort qui ont assassiné en prison, en Iran, des combattants iraniens, sans procès ni sommation ».
Des ONG, parmi lesquelles Amnesty International, accusent depuis longtemps M. Raïssi d’être membre d’un « comité de la mort » composé de quatre personnes, qui a approuvé l’exécution de milliers de prisonniers politiques en 1988, pour la plupart des membres présumés du mouvement d’opposition des Moudjahidine du peuple iranien (MEK), interdit en Iran.
Un successeur pressenti à l’ayatollah
M. Raïssi, considéré avant sa mort comme un successeur possible du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a nié catégoriquement toute implication personnelle, tout en saluant la décision de procéder aux exécutions.
En septembre 2020, un groupe de sept rapporteurs spéciaux des Nations unies a écrit au gouvernement iranien pour lui demander de rendre des comptes sur les exécutions, déclarant que « la situation pourrait s’apparenter à des crimes contre l’humanité ».
M. Raïssi a été promu procureur général de Téhéran en 1989, puis, en 2004, chef adjoint du pouvoir judiciaire, poste qu’il a occupé pendant dix ans, englobant la période des grandes manifestations de 2009. Il est devenu chef du pouvoir judiciaire en 2019 et président en 2021, tandis qu’en 2022, son gouvernement a mis en œuvre une répression sévère des manifestations menées par des femmes, qui a fait des centaines de morts, selon des ONG.
Début 2024, une mission d’enquête indépendante des Nations unies a indiqué que le gouvernement iranien avait commis des crimes contre l’humanité en raison de la « répression violente » des manifestations et de la discrimination à l’égard des femmes.
Un système qui emprisonne, torture et tue
« La sympathie à son égard est une insulte à ses victimes et à la nation iranienne, dont le seul regret est qu’il n’ait pas vécu assez longtemps pour assister à la chute de la République islamique et être jugé pour ses crimes », a déclaré Reza Pahlavi, fils du chah déchu d’Iran et figure de proue de l’opposition.
« M. Raïssi était un pilier d’un système qui emprisonne, torture et tue les personnes qui osent critiquer les politiques de l’État », a déclaré Hadi Ghaemi, directeur exécutif du Centre pour les droits de l’homme en Iran, basé à New York. « Sa mort lui a permis d’échapper à l’obligation de rendre compte de ses nombreux crimes et des atrocités commises par l’État sous son règne », a-t-il ajouté.
Ce militant a mis en garde contre le risque d’une escalade de la répression à l’encontre de la société civile iranienne, alors que les dirigeants iraniens, sous la houlette de M. Khamenei, cherchent à garder le contrôle du pouvoir après la perte soudaine de M. Raïssi.
« Ce qui est crucial maintenant, c’est que la communauté internationale ne permette pas à la République islamique d’exploiter ce moment pour réprimer et brutaliser davantage le peuple iranien », a déclaré M. Ghaemi.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.