Ce 23 février, l’Assemblée nationale a voté l’adoption définitive de l’allongement du délai légal de l’IVG en France. Celui-ci passe de 12 à 14 semaines. Mais cette mesure est loin de réjouir le Collège national des gynécologues obstétriciens français. Il s’inquiète notamment des conséquences sur les femmes qui pratiquent des IVG, les séquelles physiques et psychologiques étant dramatiques.
La loi sur l’allongement du délai d’accès à l’IVG, qui vient de passer de 12 à 14 semaines, a été adopté à l’Assemblée nationale ce 23 février. Si cette loi a été applaudie par certains, entre autres la co-présidente du Planning familial Sarah Durocher qui a parlé de « belle réussite » sur France info ce mercredi, le Collège national des gynécologues obstétriciens français tire quant à lui la sonnette d’alarme. Il avait d’ailleurs émis un rapport défavorable en octobre 2020, ainsi que le rapporte Valeurs actuelles.
« Soit on provoque un mini accouchement, soit on sort le fœtus morceau par morceau »
Israël Nisand, le président du Collège national des gynécologues et obstétriciens de France est un fervent défenseur du droit à l’IVG. Il s’est confié dans les colonnes de l’hebdomadaire. Lui et nombreux de ses confrères considèrent que les parlementaires sont déconnectés de la réalité du terrain. À plusieurs reprises, il les a pourtant invités à venir voir de leurs propres yeux une IVG à 14 semaines cependant, « tous ont refusé », et pour cause. « Le poids du fœtus double entre 12 et 14 semaines, le diamètre de sa tête double également et sa tête est ossifiée. Soit on provoque un mini accouchement, soit on sort le fœtus morceau par morceau », a détaillé le Professeur de gynécologie-obstétrique à l’université de Strasbourg.
D’ailleurs, Israël Nisand souligne qu’il y a déjà peu de gynécologues voulant faire des IVG de 12 semaines, donc trouver un praticien pour pratiquer des IVG de 12 à 14 semaines sera de plus en plus de difficile pour les femmes. Quant aux sages-femmes, qui pourront désormais pratiquer des IVG chirurgicales jusqu’à 10 semaines de grossesse, elles sont déjà débordées et en sous-effectifs. De ce fait notamment, le temps d’attente pour avoir une IVG est très longue. Pour Israël Nisand, si le délai de l’IVG est allongé mais qu’aucun moyen financier n’est mis en place pour aider les hôpitaux, alors cette loi Gaillot n’est que « de la poudre aux yeux ».
« Plus une IVG est tardive, plus elle est dangereuse pour les femmes »
De surcroît, cette loi ne prend pas en compte les conséquences physiques et psychologiques sur les femmes. « Plus une IVG est tardive, plus elle est dangereuse pour les femmes », alerte encore le spécialiste en procréation médicalement assistée. En effet, en subissant une IVG à 14 semaines, les femmes voient les risques de fausse couche et d’accouchements prématurés augmenter, lors de grossesses ultérieures. « Il y a des séquelles psychologiques, le négationnisme sur cette question n’arrange rien. Des femmes ne se sentent pas bien après une IVG, on le voit », explique encore le président des gynécologues de France.
Et étant donné qu’à 14 semaines, un fœtus est trop gros pour une aspiration, l’IVG devra alors probablement se pratiquer en salle de naissance et ces patientes vont donc se retrouver à côté de femmes qui donnent la vie, ce qui peut être problématique également.
« L’accès à l’IVG n’est pas un problème en France »
Enfin, si pour défendre sa proposition de loi, Albane Gaillot a mis en avant le fait que de nombreuses femmes devaient se rendre à l’étranger pour pratiquer une IVG, une gynécologue interrogée par Valeurs actuelles stipule que le nombre d’IVG en France est « deux fois supérieur à celui de l’Allemagne et d’autres pays européens », donc selon elle, « l’accès à l’IVG n’est pas un problème en France ».
En outre, si le Planning familial regrette que la « clause de conscience spécifique » à l’avortement n’ait pas été supprimée – celle-ci permettant à certains professionnels de santé de pouvoir s’opposer à une décision ou de ne pas accomplir un acte comportant des enjeux éthiques importants – pour Israël Nisand, cela est « une très bonne nouvelle ». Certains praticiens ont en effet du mal à faire valoir cette clause et subissant une forte pression, ils se voient contraints de pratiquer des IVG malgré tout, auquel cas, ils s’exposent à en subir des conséquences qui peuvent aller jusqu’au licenciement.
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