« Casse-toi », « Palestine vivra », « PS salaud » : violemment pris à partie et arrosé de peinture, Raphaël Glucksmann, tête de la liste PS-Place publique, n’a pas pu rejoindre le cortège du 1er Mai à Saint-Étienne, mais assure que personne ne lui fera « baisser la tête » pointant du doigt des militants « de la France insoumise ».
M. Glucksmann et son entourage ont subi les invectives dès leur arrivée, avec des jets de peinture et de cannettes, ainsi que des cris comme « Glucksmann casse-toi » ou « Palestine vivra ». La tête de liste, dénonçant « une cinquantaine d’énergumènes », dont certains appartenant à LFI selon lui, a en conséquence renoncé à rejoindre la manifestation.
Le Premier ministre Gabriel Attal a aussitôt condamné ces violences. « La politique, ça peut être parfois un combat au sens noble du terme, mais ça doit toujours se faire dans le respect de l’intégrité des personnes », a-t-il déclaré en marge d’un déplacement à Beaugency (Loiret).
« Ces gens ne sont pas des démocrates »
Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, avec qui Raphaël Glucksmann entretient de nombreux désaccords, sur l’Ukraine, l’Europe de la défense ou la Chine, a également « désapprouvé totalement ». « Tous ceux qui veulent faire allégeance à la lutte des travailleurs pour leurs droits ont leur place le 1er mai. Il suffit de s’écarter d’eux s’ils nous déplaisent », a-t-il fait valoir sur X, déplorant que cette action fournisse « une diversion médiatique contre le 1er mai et un rôle de victime à Glucksmann qui en profite pour nous accuser ».
« Ces gens ne sont pas des démocrates. On le voit dans leurs violences », a déclaré l’essayiste de 44 ans peu après l’incident, ciblant notamment LFI. « Ce qui est sûr, c’est qu’il y avait des drapeaux de partis politiques », a-t-il affirmé, évoquant ceux de Révolution permanente (un mouvement trotskiste, ndlr), de la France Insoumise et des Jeunesses communistes.
La tête de liste avait des taches de peinture verte sur le front et rouge sur sa veste, a constaté un journaliste de l’AFP. « Personne ne nous fera baisser la tête », a martelé Raphaël Glucksmann plus tard lors d’un point-presse à Villeurbanne, juste avant un meeting. Ces violences sont selon lui « le résultat de campagne de calomnies orchestrées sur les réseaux sociaux par certains partis politiques et certains dirigeants politiques », a-t-il jugé, sans cependant citer quiconque.
M. Glucksmann fait l’objet d’attaques sur les réseaux sociaux depuis plusieurs mois, notamment de militants proches de LFI, mais il a aussi été ciblé par des jeunes communistes dans le Nord, sur une affiche où il était traité de « salaud ».
« Consterné »
Plusieurs candidats aux européennes se sont indignés de ces violences, comme l’insoumise Manon Aubry, le communiste Léon Deffontaines et le LR François-Xavier Bellamy.
Le patron du PS Olivier Faure, présent au point-presse, s’est dit « consterné » : « Quand je vois une partie de ceux qui devraient être à nos côtés pour combattre la droite et l’extrême droite se tromper de cible, je dis que la boussole s’est faussée, l’aigreur ne justifie rien. »
Dans un entretien à l’AFP, M. Glucksmann a attribué ces mouvements de colère à « une réaction de frustration car la dynamique est chez nous », en référence aux sondages favorables pour les européennes du 9 juin, où l’écart se réduit avec la candidate Renaissance Valérie Hayer.
Avec 14% des intentions des votes, sa liste se rapproche de celle de la majorité présidentielle, à 17%, selon une étude Cevipof-Ipsos-Institut Montaigne-Fondation Jean-Jaurès pour le Monde, publiée lundi. « À ceux qui sont en train de brutaliser le débat public français je donne rendez-vous le 9 juin. Et je pense qu’ils auront une immense déconvenue », a-t-il ajouté à l’AFP.
Évoquant les slogans sur le conflit à Gaza, il a assuré « ne pas avoir bégayé pour condamner le Hamas » tout en « luttant pour que le carnage à Gaza s’arrête ». « Mais cela ne nous conduit pas à des slogans qui sont la négation d’Israël », a-t-il conclu.
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