Venue de la petite île de Huahine, dans l’archipel des Îles-sous-le-Vent, en Polynésie française, Vahine Fierro tutoie désormais les meilleures surfeuses du monde et disputera les JO 2024 sur la vague de Teahupoo, qu’elle surfe presque tous les jours pour se préparer.
« Il n’y a que quatre ou cinq filles à l’aise à Teahupoo quand c’est gros, et Vahine Fierro en fait partie », estime l’un des surfeurs tahitiens les plus réputés, Raimana Van Bastolaer.
« Elle a ce côté guerrier »
En 2023, à 23 ans, la jeune femme éclabousse de son talent l’épreuve annuelle du circuit pro sur la vague tahitienne. Dans des conditions engagés, elle y vient à bout de l’Hawaïenne Carissa Moore, cinq fois championne du monde, avant de s’octroyer la 3e place de l’événement.
Pour Jérémy Florès, entraîneur de l’équipe de France de surf, « beaucoup ont peur de se lancer alors qu’elle y va la tête en bas, il faut en avoir une sacrée paire pour faire ça : elle a ce côté guerrier ».
Quarantine day dreaming with Vahine Fierro 💭
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Et son lien avec la vague tahitienne n’est pas seulement sportif mais remonte à ses racines. « Elle connaît les vieilles histoires de Teahupoo, il y a un côté “énergie” spirituel », assure Florès.
Vahine Fierro naît quelques jours avant l’an 2000, à Raiatea, et grandit sur l’île voisine, Huahine. Quelques semaines après sa naissance, elle observe déjà son père sur les vagues, depuis le petit bateau familial. Andrew Fierro est un surfeur américain aguerri. Il a d’ailleurs rencontré son épouse, Fanny, une institutrice de Huahine, lors d’un “surf trip” en Polynésie.
La petite Vahine apprend très tôt à nager et veut prendre ses premières vagues dès l’âge de cinq ans, sur un bodyboard. « Elle a carrément kiffé dès le début, elle avait son petit gilet, elle mettait sa main sur ma tête », se souvient son père, qui fabrique des dizaines de planches de surf pour ses filles : Vahine, puis ses petites soeurs Heimiti et Kohai.
Toute la famille surfe chaque jour après l’école
Toute la famille surfe chaque jour après l’école. Et, dès l’âge de huit ans, sans ses parents qui n’ont pas les moyens de l’accompagner, Vahine part disputer une compétition en Nouvelle-Zélande. Puis décide à 15 ans de vivre en internat sur l’île de Tahiti, car le lycée de Papara propose une section surf.
Elle découvre ensuite Teahupoo, qu’elle apprendra notamment à surfer dans des grosses conditions grâce au surf tracté par un jet-ski (tow-in).
« La foi joue dans sa personnalité »
À 18 ans, Vahine Fierro devient championne du monde junior. Mais son grand drame, c’est d’avoir échoué à plusieurs reprises aux portes du WCT, le tour mondial qui rassemble les 17 meilleures surfeuses de la planète.
« L’an dernier, elle l’a manqué de quatre places, les deux années précédentes elle était à une place de passer », regrette son père. Une seule série mal négociée en compétition sonne le glas d’une année d’espoirs. « Le surf, c’est un“roller coaster”, il y a toujours des hauts et des bas », dit Andrew.
La surfeuse s’accroche alors à ses proches, mais aussi à son éducation chrétienne, selon sa mère : « la foi joue dans sa personnalité et on a basé notre éducation sur un principe : terminer les choses commencées ».
At just 23 Vahine Fierro will be representing France in the #Olympics at Teahupo’o in 2024 @Roxy Find out more here https://t.co/sEi5jw8msJ pic.twitter.com/6TQBIq71ii
— SurfGirl Mag (@SurfGirlMag) June 8, 2023
Ses proches lui reconnaissent une seule faiblesse, son manque de confiance en elle. « Ce qu’elle pourrait corriger, c’est d’être plus agressive dans l’eau, d’être moins gentille avec les autres », analyse sa soeur Heimiti, qui juge toutefois qu’elle a progressé sur ce plan.
Et, dans les périodes de doute, la jeune femme se rassure avec une organisation sans faille. « Vahine est très prévoyante, posée, limite maniaque, très préparée », observe le coach olympique Hira Teriinatoofa, également tahitien. « Elle est très structurée, très organisée et “healthy”: c’est une machine au niveau nutrition », ajoute Jérémy Florès, qui est aussi l’un de ses meilleurs amis.
Les femmes polynésiennes veulent en finir avec le mythe de la vahiné, cliché diffusé par les premiers colons. Mais si Vahine Fierro conquiert une médaille d’or sur la mythique vague tahitienne, elle fera de son prénom une légende, bien au-delà de Huahine.
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