Actuellement, les relations entre la Chine et le Japon sont au niveau le plus critique depuis 50 ans. Fumio Kishida, le Premier ministre japonais, a récemment accusé la Chine de porter atteinte de manière agressive à la souveraineté du Japon et d’aggraver les tensions dans la région. Aujourd’hui, alors que les deux voisins se disputent leur influence en Asie de l’Est et au‑delà, certains commentateurs craignent qu’une guerre entre la Chine et le Japon devienne une réalité.
Cela fait maintenant 50 ans que la Chine et le Japon ont normalisé leurs relations diplomatiques. Il est donc plutôt malheureux que la haine anti‑japonaise connaisse une recrudescence en Chine. Selon un sondage réalisé par un groupe de réflexion japonais et un éditeur chinois, quelque 66% des citoyens chinois ont une mauvaise opinion des Japonais, et 90% des Japonais ont une perception négative de la Chine.
Depuis des années, Tokyo et Pékin s’affrontent au sujet des îles Senkaku, contrôlées par le Japon et revendiquées par la Chine (connues sous le nom d’îles Diaoyu en Chine). Même si le Japon contrôle ces îles inhabitées depuis 1895, le Parti communiste chinois (PCC) conteste activement la mainmise du Japon. Pourquoi ? En raison des réserves de gaz potentiellement lucratives qui entourent les îles. Au cours de la dernière semaine de novembre, plusieurs navires de la garde côtière chinoise, dont un équipé d’un canon de 76 mm, ont été repérés à proximité des îles inhabitées.
Dans le même temps, la Chine effectue des exercices militaires dans des eaux qui chevauchent la zone économique exclusive (ZEE) du Japon, une zone dans laquelle le Japon, État souverain, a juridiction sur ses ressources.
Tensions croissantes
Il est plutôt inquiétant de constater qu’en Chine, l’ambiance s’est dégradée au point que les moindres signes de la culture japonaise sont attaqués. En août, une jeune femme a été, selon des rapports crédibles, arrêtée, détenue pendant des heures et accusée d’avoir semé le trouble. Son crime ? Avoir revêtu un kimono japonais et pris des photos dans les rues de Suzhou, une ville située à l’ouest de Shanghai.
Trois jours après l’intervention des policiers contre la jeune femme, Akiba Takeo, chef du Secrétariat à la sécurité nationale du Japon, s’est rendu en Chine pour rencontrer Yang Jiechi, conseiller principal du PCC chargé des affaires étrangères. Les deux hommes ont discuté de l’intimidation exercée par le PCC sur Taïwan et des exercices militaires chinois effectués dans la ZEE du Japon. Les discussions, au dire de tous, ont été tendues. Comme l’a rapporté Voice of America, Yang Jiechi a déclaré à Akiba Takeo que « la question de Taïwan portait sur le fondement politique des relations entre la Chine et le Japon et sur la confiance et la bonne foi qui existent entre les deux pays ». En d’autres termes, le Japon doit se conformer au principe « d’une seule Chine ». Pour être tout à fait clair, Yang Jiechi a ajouté : « Le Japon devrait … former une perception correcte de la Chine, poursuivre une politique positive, pragmatique et rationnelle à l’égard de la Chine, et soutenir la voie appropriée pour un avenir pacifique ».
Takeo Akiba, secretary general of Japan’s National Security Secretariat, criticized Beijing’s extensive military exercises around Taiwan in a recent meeting with Yang Jiechi, one of China’s top diplomats. (via @The_Japan_News)https://t.co/cW0NhvlT6S pic.twitter.com/slaULC7O62
— Sasakawa USA (@SasakawaUSA) August 19, 2022
Contrairement à de nombreux autres pays, le Japon ne reconnaît pas « le droit de propriété » du PCC sur Taïwan. Shinzo Abe, le Premier ministre japonais au plus long mandat, assassiné en juillet, a joué un rôle essentiel dans le renforcement des liens entre Taipei et Tokyo. Comme le Conseil des relations étrangères (CFR) l’avait déjà noté, avant que Shinzo Abe ne devienne Premier ministre, « les responsables japonais étaient profondément mal à l’aise à l’idée de parler d’un éventuel recours à la force par la Chine contre Taïwan, des implications d’une telle démarche pour la sécurité du Japon et de la manière dont le Japon devrait réagir à un tel scénario ». Cependant, Shinzo Abe a reconnu la menace émanant de Pékin. Il a entrepris de réorienter la politique japonaise à l’égard de l’île. En outre, il a commencé à « mettre publiquement l’accent sur ‘les valeurs partagées entre le Japon et Taïwan’, qualifiant le gouvernement taïwanais de ‘partenaire important’ et ‘d’ami précieux’ ».
Shinzo Abe est parti, mais son œuvre perdure. La population taïwanaise a une véritable affection pour les Japonais. Selon un sondage réalisé par une agence de recherche mandatée par ce qui joue le rôle d’ambassade taiwanaise à Tokyo, 60% des Taïwanais considèrent désormais le Japon comme leur pays étranger préféré, et 70% des personnes interrogées, un chiffre record, voient d’un bon œil les relations entre Taïwan et le Japon. Plus des trois quarts des Taïwanais disent avoir des affinités avec le Japon.
Le lien étroit entre Taïwan et le Japon pourrait expliquer les sentiments anti‑japonais. Un autre lien étroit, celui entre Tokyo et Washington, suscite également la colère de Pékin. Aux yeux du PCC, un ami des États‑Unis est, par défaut, un ennemi de la Chine communiste. Ce fait n’échappe pas au Japon ni aux États‑Unis.
Le Japon est membre du Quadrilateral Security Dialogue [QSD ou Quad], une initiative stratégique lancée par Shinzo Abe en 2007. Les autres membres sont l’Australie, l’Inde et les États‑Unis. En 2007, le Quad a été paralysé lorsque Kevin Rudd, alors premier ministre australien, s’est inquiété des tensions croissantes entre les États‑Unis et la Chine. Le QSD a été paralysé jusqu’en 2017, lorsque Shinzo Abe, le premier ministre australien de l’époque, Malcolm Turnbull, le premier ministre indien, Narendra Modi, et le président américain de l’époque, Donald Trump, ont décidé de relancer l’alliance. Au cours des cinq années qui ont suivi la reconstitution du groupe, une grande partie des échanges ont porté sur la Chine. Plus précisément, les activités de la Chine dans la région indopacifique.
Il semble que le Japon soit fermement décidé à contrer la menace que représente le régime chinois. Mais les Japonais ne peuvent pas le faire seuls. Le QSD doit rester fort, surtout maintenant que l’axe émergent Chine‑Russie‑Iran tente désespérément de créer un nouvel ordre mondial. À mesure que cet axe gagne en puissance, nous pouvons anticiper de nombreux « crimes et désastres ».
À court terme, une guerre entre les nations d’Asie de l’Est est peu probable. Toutefois, si les relations continuent de se dégrader, la perspective d’une guerre future ne peut être écartée.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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