Aux États‑Unis, un défendeur du 6 janvier a demandé au juge Rudolph Contreras de lever les scellés d’une vidéo qui montrerait un agent infiltré du Metropolitan Police Department (MPD) en train de crier « Drain the swamp ! » [« Assécher les marécages ! » métaphore de la corruption] et « Our house ! » [« Notre maison ! » en référence à la Chambre des représentants]. La vidéo le montrerait également en train d’encourager les manifestants à escalader les barricades et à entrer dans le Capitole.
Le 21 février, William Pope, de Topeka (Kansas), a déposé une requête visant (entre autres) à dévoiler les vidéos tournées par deux autres agents infiltrés du MPD qui ont suivi Ashli Babbitt le long de l’allée nord‑ouest du Capitole.
[Il y a eu quatre victimes en tout le 6 janvier. Ashli Babbitt, 35 ans, a servi dans l’armée de l’air pendant 14 ans. Elle a été tuée par un policier d’une balle dans le dos dans l’enceinte du Capitole, ndlr.]
Selon une autre requête de William Pope déposée en novembre 2022, à plusieurs reprises, un de ces agents déclarait pendant la manifestation que quelqu’un serait abattu.
« Bien que mes descriptions des agents infiltrés du MPD soient exactes, les médias et le grand public ne devraient pas avoir à se fier uniquement à mes seules descriptions », a écrit William Pope.
« Il est dans l’intérêt de la justice que cette pièce à l’appui de ma requête soit vue de tous. »
William Pope a également demandé à la Cour de retirer le scellé d’un plus grand extrait de la vidéo du MPD tournée par des agents infiltrés.
Cette vidéo filmée sous couverture fait partie des 41.000 heures de séquences détenues sous scellés par le département de la Justice.
William Pope et d’autres accusés du 6 janvier qui se représentent eux‑mêmes au tribunal demandent un accès plus complet aux preuves sous le contrôle des procureurs fédéraux.
« Assécher le marécage ! »
Dans sa requête de novembre, William Pope déclare que « l’agent n°1 » escalade une barricade de police sur le côté nord‑ouest de l’extérieur du Capitole. L’agent se joint à la foule en scandant « Drain the Swamp ! » et « Whose house ? Our house ! »
L’agent n°1 – vêtu de lunettes de protection, d’une veste sombre et d’un cache‑cou rayé – pousse les manifestants devant lui et les incite à avancer vers l’entrée du Capitole, écrit William Pope.
Si ces descriptions sont confirmées par la vidéo réalisée sous couverture, il s’agirait, à ce jour, de la preuve la plus directe que des provocateurs du gouvernement ont incité la foule à commettre les infractions du 6 janvier.
Cela soulève également de sérieuses questions sur les interactions que les agents n°2 et n°3 ont pu avoir avec Ashli Babbitt.
« Le fait que, lorsqu’elle a atteint le sommet des marches, Mme Babbitt semblait chargée d’émotions pourrait indiquer que des agents gouvernementaux infiltrés ont influencé son comportement par leurs chants répétés et leurs exhortations à monter les marches vers le Capitole », poursuit William Pope.
Babbitt est entrée au Capitole par l’escalier nord‑ouest et peu de temps après, elle s’est rendue dans un couloir à l’extérieur du Congrès.
Vers 14h45, elle a été abattue par le lieutenant Michael Byrd, de la police du Capitole. Sa mort a été prononcée environ 30 minutes plus tard dans un hôpital de Washington.
« Puisque l’intérêt et l’inquiétude du public concernant ces pièces à conviction sont naturellement élevés, et puisque le gouvernement a déjà caché ces faits importants au peuple américain pendant plus de deux ans, je demande à cette honorable cour d’accorder cette requête dès que possible », écrit William Pope.
La demande de William Pope survient un jour après une initiative importante de la part du président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy (Parti républicain‑Californie). Ce dernier a donné une copie de l’ensemble des 41.000 heures de vidéos de sécurité, de séquences filmées par des caméras corporelles et autres en exclusivité à Tucker Carlson de Fox News.
Ce geste a suscité des réactions mitigées, certains accusés des événements du 6 janvier ainsi que des enquêteurs indépendants ayant critiqué cette décision.
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