Le racisme antiraciste bat son plein aux États-Unis. Il y a quelques jours, un groupe d’étudiants, se définissant eux-mêmes comme « non-noirs », de l’Université de Californie à Los Angeles, UCLA, a demandé à son professeur de comptabilité, Gordon Klein, d’adapter sa notation pour les étudiants Noirs et de reculer pour ceux-ci les dates de rendu de certains devoirs.
Ce professeur a légitimement répondu qu’il n’avait pas à « identifier » les élèves en fonction de leur race en renvoyant ses étudiants aux propos de Martin Luther King selon lesquels les gens ne devraient pas être jugés selon leur couleur de peau. Cette réponse a été jugée raciste par les étudiants et désobligeante à l’égard des étudiants noirs qui « ont du mal à se concentrer sur leurs études quand il y a des troubles sociopolitiques massifs qui les concernent, et l’avenir de leur sort dans ce pays ». Après qu’une pétition eut recueilli 20 000 signatures contre lui, le professeur a été suspendu par son université en attendant un jugement définitif ! Un autre enseignant à UCLA, raconte Le Figaro, W. Ajax Peris, fait également l’objet d’une « enquête » après avoir fait référence dans son cours à une lettre de Martin Luther King lue à haute voix qui contenait le mot « nègre ».
L’égalité conférée au forceps n’est qu’une égalité factice
La lutte antiraciste est aujourd’hui le moyen de détruire les sociétés de liberté qui ont permis précisément d’éradiquer en grande partie le racisme. Après que le judéo- christianisme eut, non toujours sans tergiversations, favorisé la reconnaissance de la dignité de chaque personne, les sociétés démocratiques, avec tous les défauts qu’on leur connaît et parfois non sans peine, ont pleinement adhéré au principe de l’égalité de tous devant la loi, ce qui a permis que progressivement la race ne soit plus un critère de sélection dans toutes les étapes de la vie sociale. Mais par bêtise ou par mauvaise conscience, par idéologie le plus souvent, les majorités blanches qui avaient courageusement rétabli la justice d’un égal respect de tous indépendamment de la race de chacun ont imaginé qu’il fallait faire plus en instituant ce qui a été appelé la discrimination positive qui n’est en fait qu’une autre forme de discrimination.
Cette égalité conférée au forceps n’est jamais pourtant qu’une égalité factice, artificielle et dès lors méprisée. Ceux qui bénéficient de quotas, de fausses notes dans une compétition biaisée en leur faveur, pour entrer à l’université par exemple ou pour en sortir, ne seront pas pour autant au niveau dans la vraie vie et resteront ballottés entre frustrations et incompréhensions.
Nous sommes tous différents et ce n’est pas une offense de constater la diversité des genres, des origines, des aptitudes… L’essentiel est que chacun soit également accepté comme il est tant qu’il respecte lui-même la loi commune et ne nuit pas aux autres. Quand l’égalité des chances se veut un instrument d’égalisation de tout pour tous, elle détruit l’égalité en droit et la responsabilité individuelle qui est le ferment des sociétés humaines et le constituant de notre humanité. Elle méconnaît la diversité humaine et l’égalité en droit. Elle favorise l’irresponsabilité, la haine et des revendications infondées.
Ainsi, l’égalité en droit sort les hommes de la barbarie, mais l’égalité des chances les y replonge lorsqu’elle est étendue au-delà du cercle étroit de ceux qui peuvent légitimement y prétendre au regard de leur incapacité à se prendre en charge, elle les y noie lorsqu’elle s’insinue partout, s’impose en tout et vite corrompt tout. Elle altère la relation entre les hommes et les femmes lorsqu’elle veut donner le même droit « à » congé lors de la naissance d’un enfant à celui qui a conçu dans l’enchantement et à celle qui a enfanté dans la douleur. Elle dénature le concours lorsqu’elle voudrait que tous le réussissent. Faudrait-il, par souci d’égalité, refuser l’accès en droit ou en médecine à certaines femmes et les obliger à devenir ingénieurs, et mettre plus de femmes en prison alors qu’aujourd’hui les hommes y représentent plus de 96% de la population ?
L’anti-racisme fabrique la fausse égalité
Ce n’est pas du racisme de dire que certaines catégories de personnes sont statistiquement plus sujettes à des attitudes délictuelles. Les données du ministère de la Justice révèlent que 14.964 ressortissants étrangers sont détenus dans les prisons françaises, sur un total de 69077 détenus au 1er février 2017, ce qui porte la part des étrangers à 22% de l’ensemble alors que les étrangers représentaient en 2018, selon l’Insee, 4,8 millions de personnes, soit 7,1 % de la population totale. Aux Etats-Unis, en 2017, d’après les données du Pew Research Center, il y avait 1549 prisonniers noirs pour 100000 adultes noirs – près de six fois le taux d’emprisonnement pour les blancs, 272 pour 100000. Les faits sont les faits.
La fausse égalité que, adossé à l’égalité des chances, fabrique l’anti-racisme n’est sans doute d’ailleurs que l’instrument de ceux qui travaillent à la destruction des valeurs de liberté et de responsabilité qui ont façonné l’Occident. Ses promoteurs enseignent que nous avons tous droit à tout et l’Etat-providence contribue, malignement, à leur faire croire que c’est vrai. Pour cacher la vérité humaine, ils veulent détruire l’histoire en faisant tomber les statues de ceux qui, comme Christophe Colomb, l’ont jalonnée ou la réécrire comme la plateforme de streaming HBO Max qui a retiré le film Autant en emporte le vent de sa programmation pour le contextualiser. Staline faisait de même en trafiquant les photos pour éliminer les personnages tombés en disgrâce. Gare au totalitarisme qui guette les régimes ignorants des vertus sur lesquelles ils sont fondés. L’opinion trompée s’y méprend parfois aux sons de l’égalité démagogique à laquelle succombe si facilement la démocratie. « La démocratie, écrivait Simon Leys, est le seul système politique acceptable, mais précisément elle n’a d’application qu’en politique. Hors de son domaine propre, elle est synonyme de mort : car la vérité n’est pas démocratique, ni l’intelligence, ni la beauté, ni l’amour – ni la grâce de Dieu ».
Article de Jean-Philippe Delsol avec l’aimable autorisation de l’IREF
Docteur en droit et licencié ès lettres, Jean-Philippe Delsol est avocat au Barreau de Lyon spécialisé en droit des sociétés et fiscalité internationale. Fondateur du cabinet Delsol Avocats, il est Président de l’IREF.
Auteur de plusieurs livres, dont « A quoi servent les riches », il est un interlocuteur privilégié des médias sur les sujets touchant à la fiscalité, au patrimoine et à l’entreprise. Autres ouvrages publiés : Au risque de la Liberté (FX de Guibert, 2007), Pourquoi je vais quitter la France (Tatamis, 2013), Anti-Piketty (libréchange, 2015), L’Injustice fiscale (Desclée de Brouwer, 2016).
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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