La motoneige, ce petit véhicule nordique conçu pour se déplacer sur la neige, fait partie intégrante de la culture québécoise. Tous les Québécois connaissent bien l’invention de Joseph-Armand Bombardier, inventeur et entrepreneur de renommée internationale. Ce n’est qu’après sa mort que l’entreprise Bombardier est devenue la multinationale de renom que l’on connaît aujourd’hui.
Tout d’abord, qu’est-ce qu’une motoneige, aussi appelée ski-doo? C’est la question que j’ai posée à Hélène Daneau, directrice du musée J. Armand Bombardier.
L’autoneige
Avant la motoneige, M. Bombardier a commencé par inventer l’autoneige. Il s’agit de deux véhicules conçus pour se déplacer sur la neige, le premier pouvant être comparé à une moto et le deuxième à une voiture.
Mme Daneau rappelle le contexte dans lequel a grandi Joseph-Armand Bombardier il y a un peu plus d’un siècle. À l’époque, les campagnes étaient très isolées en période hivernale, puisque les routes n’étaient pas déneigées comme aujourd’hui. Les déplacements se faisaient dans des carrioles tirées par des chevaux.
«Par grands froids, c’était très difficile de se déplacer sur des routes non déblayées. Donc, les gens étaient un peu captifs de leur campagne et, pour briser l’isolement, Joseph-Armand Bombardier souhaitait inventer une machine qui serait capable de flotter en quelque sorte sur la neige», résume la directrice du musée.
Après plus de 10 années de recherches, d’essais, d’erreurs, de machines trop lourdes qui s’enfoncent dans la neige, l’inventeur a commercialisé une première autoneige, avec pour base une sorte de roue sans fin qui permettait à la machine de flotter sur la neige. «Elle a connu tout de suite un grand succès pour le transport de personnes, des médecins par exemple qui devaient se rendre auprès de malades, le transport de marchandises, comme véhicules d’urgence et de transport d’enfants vers les écoles», souligne Hélène Daneau.
L’entreprise prospère de M. Bombardier a connu des moments difficiles après la guerre, puisque le gouvernement provincial a décidé de subventionner le déneigement des routes du Québec à partir de 1948. L’entrepreneur ne s’est pas laissé démoraliser par la chute importante des ventes de ses autoneiges. Il en profite pour inventer des nouveaux véhicules destinés à un usage industriel, comme un véhicule destiné aux endroits très marécageux qui est son premier succès international.
La naissance de la motoneige
L’inventeur a toutefois continué à travailler en parallèle sur une très petite machine qui pouvait transporter une ou deux personnes, en allant très rapidement sur la neige. Cette invention qu’il a toujours souhaité réaliser a finalement pris forme en 1958 sous le nom de ski-doo. Avec ses skis à l’avant et sa chenille sans fin à l’arrière, et un poids léger, la motoneige était née!
Le véhicule connaît un succès instantané, puisqu’il s’adresse au niveau personnel du loisir et du sport. M. Bombardier est décédé quelques années plus tard, il ne verra pas l’essor fulgurant de son invention. Son gendre, Laurent Beaudoin, prend la relève de l’entreprise pour en faire la multinationale qu’on connaît aujourd’hui.
Les avantages de la motoneige
Selon la directrice du musée J. Armand Bombardier, le principal avantage de la motoneige est «de pouvoir avancer rapidement sur la neige, sans s’y enfoncer». Également, dans un pays où il y a beaucoup de neige, «on peut monter dans le Grand Nord. On n’a pas à être sur une route balisée pour les déplacements. L’année dernière, il y a eu une grosse tempête de neige dans la région de Sherbrooke, les gens, et même les véhicules d’urgence, se déplaçaient tous en ski-doo pour pouvoir flotter sur la neige».
L’autre atout de la motoneige, c’est la vitesse. Aujourd’hui, les nouveaux véhicules sont extrêmement performants. Alors que le tout premier ski-doo pouvait se déplacer à une vitesse de 40 km/h, les derniers modèles peuvent avancer à une vitesse supérieure à 200 km/h dans les compétitions telles que le Grand Prix Ski-doo de Valcourt.
Les voyages en motoneige sont devenus une activité touristique et de plein air. «Ici, au Québec, on a 33 000 km de sentiers où les gens peuvent se déplacer, arrêter dans un gîte, prendre un bon repas», commente Hélène Daneau. Il existe de nombreuses associations de motoneigistes qui encadrent les groupes, organisent des sorties le temps d’une fin de semaine par exemple. «Donc, c’est une activité sportive, bien sûr, mais aussi à caractère social.»
Une étude datant de 2012 certifiait que l’industrie de la motoneige au Québec générait plus de 2 milliards de retombées économiques par année. Évidemment, tous les autres pays nordiques ont adopté l’invention québécoise. Aujourd’hui, 30 % de la production mondiale de motoneiges est réalisée ici, au Québec, soit environ 60 000 unités.
Pour tout savoir sur la motoneige
C’est à Valcourt que les curieux doivent se rendre pour tout connaître de la motoneige. Non seulement c’est dans cette petite ville de l’Estrie, située entre Granby et Sherbrooke, que Joseph-Armand Bombardier est né, mais c’est là qu’il a réalisé toutes ses inventions. Le garage où il a dessiné ses premiers croquis et commencé ses recherches fait maintenant partie d’un musée qui porte son nom. Il y a également deux autres salles d’exposition : «une première qui nous permet de découvrir qui était cet inventeur, ce bâtisseur, les différents premiers prototypes des véhicules qu’il a conçus; et l’autre, c’est vraiment l’industrialisation de la motoneige jusqu’à aujourd’hui», décrit la directrice du musée.
Une des activités très populaires, particulièrement auprès du public international, est une visite mixte du musée et de l’industrie BRP (Bombardier Produits Récréatifs), située à quelques minutes de marche du musée. En visitant les usines Bombardier, «les gens de 14 ans et plus peuvent voir la fabrication d’une motoneige : la chaîne de montage. Les gens comprennent beaucoup mieux : la boucle de ses tout premiers débuts. On parle de neige, de l’inventivité de combattre son environnement, de comment se déplacer sur la neige», assure Mme Daneau.
La grande fête de la motoneige : les 20, 21 et 22 février
Le Grand Prix Ski-doo de Valcourt est un événement à ne pas manquer si vous voulez voir comment les machines évoluent aujourd’hui. Différentes courses vont se tenir pendant toute la fin de semaine. «Le parallèle, c’est les spectacles de moto. C’est un peu le même principe, mais c’est vraiment sur la neige : des inclinaisons à partir de rampes de lancement, ceux qui vont à la plus grande vitesse en fonction de l’expérience de l’athlète, des durées de vol plané en hauteur, des inclinaisons particulières : il y en a vraiment pour tous les goûts», précise Hélène Daneau.
Le musée J. Armand Bombardier est associé au Grand Prix par le biais du festival Valcourt fête l’hiver. Ce sont des journées portes ouvertes au musée, et une panoplie d’activités extérieures auront lieu sur le site du musée et dans la ville. Les visiteurs pourront, entre autres, faire un tour dans une autoneige antique, un modèle de 1957 permettant à 12 personnes de s’asseoir à l’intérieur.
Pour en savoir davantage :
Le Grand Prix Ski-doo de Valcourt
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