La perte des élections incite les démocrates à chercher des coupables

Le député Ro Khanna (Parti démocrate, Californie) estime que les démocrates ont tort de qualifier les électeurs américains de « sexistes et racistes »

Par Emel Akan
12 novembre 2024 23:56 Mis à jour: 14 novembre 2024 03:12

WASHINGTON – Le résultat de l’élection présidentielle de 2024 a laissé de nombreux démocrates déçus. Alors que certains électeurs continuent de digérer le résultat, au sein du Parti démocrate, on cherche des coupables.

La représentante Nancy Pelosi (Parti démocrate, Californie), ancienne présidente de la Chambre des représentants, a rompu le silence sur les résultats de l’élection dans une interview au New York Times publiée le 8 novembre.

« Si le président s’était retiré plus tôt, il y aurait peut-être eu d’autres candidats dans la course », a déclaré Mme Pelosi, ajoutant que la décision tardive du président Joe Biden de se retirer de la course avait empêché les démocrates d’organiser des primaires ouvertes. « Nous vivons avec ce qui s’est passé. Et parce que le président a soutenu Kamala Harris immédiatement, cela a vraiment rendu presque impossible l’organisation d’une primaire à ce moment-là. Si cela avait été fait beaucoup plus tôt, les choses auraient été différentes. »

S’exprimant depuis le Rose Garden de la Maison-Blanche le 7 novembre, Joe Biden a promis une transition pacifique du pouvoir à l’administration entrante du président élu Donald Trump et a exhorté les Américains à « accepter le choix ».

Plus tard dans la journée, des journalistes ont demandé à plusieurs reprises à la secrétaire de presse de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre, si Joe Biden se sentait responsable du résultat. Karine Jean-Pierre s’est opposée aux critiques formulées à l’encontre de M. Biden. Elle a avancé que la pandémie du Covid-19 a créé des « vents contraires mondiaux » qui ont eu un « coût politique » sur de nombreux présidents en exercice dans le monde en 2024.

Lorsque le président a décidé de sortir de la course à la présidence, selon Karine Jean-Pierre, « il a immédiatement soutenu [la vice-présidente Kamala Harris], et le parti s’est unifié derrière elle ». « Et c’est parce qu’elle était la bonne personne pour le poste », a-t-elle ajouté.

Theryn Bond, stratège démocrate, a affirmé que les démocrates souffraient d’une mauvaise coordination, de messages « obsolètes » et d’un manque de clarté concernant leurs politiques et leur programme.

Le président Joe Biden s’adresse à la nation après le résultat de l’élection présidentielle, félicitant le président élu Donald Trump à la roseraie de la Maison-Blanche à Washington, le 7 novembre 2024. (Madalina Vasiliu/Epoch Times)

« Je ne pense pas que le président Joe Biden puisse être blâmé pour la défaite », a déclaré Theryn Bond à Epoch Times. Selon elle, le fait que Joe Biden se soit retiré plus tôt aurait été utile, mais seulement si l’infrastructure de la campagne avait déjà été mise en place, avec un message et un candidat capables de séduire le public américain.

Beaucoup ont été déçus par le résultat de l’élection dans la capitale nationale, où la vice-présidente Kamala Harris a obtenu plus de 92 % des voix. Après sa défaite, les gens ont afflué vers la résidence de la vice-présidente, située dans l’enceinte de l’Observatoire naval, laissant des fleurs et des messages écrits de soutien à l’extérieur de son domicile.

« Merci pour votre joie », pouvait-on lire sur une note.

« Notre héroïne », lisait-on sur une autre note.

Ils sont trop libéraux

Aux premières heures du 6 novembre, Donald Trump a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle de 2024.

Kamala Harris a prononcé un émouvant discours de concession à l’université Howard plus tard dans la journée. « Si je concède cette élection, je ne concède pas le combat qui a alimenté cette campagne », a-t-elle assuré à ses partisans, les exhortant à se battre pour la liberté et la démocratie.

Rockii Wright, étudiante à l’université Howard, qui a assisté au discours de Mme Harris sur le campus, s’est déclarée déçue par les résultats de l’élection. Elle a révélé à Epoch Times que certaines personnes de son école exprimaient un sentiment de perte, comme si quelqu’un était décédé. « C’est dire à quel point cela comptait pour eux, parce que c’était essentiellement leur seule option, leur seul véritable espoir. » Les gens y ont vu une chance de changement réel, a expliqué Rockii Wright. Elle a décrit qu’ « après avoir été si près du but et avoir perdu [cette chance] », elle n’avait pu qu’avoir un sentiment de vaine frustration.

Bill Godsey, qui travaille sur le campus pour l’école de médecine, a exprimé sa colère face au résultat des élections.

Des supportrices de la candidate démocrate à l’élection présidentielle, la vice-présidente Kamala Harris, écoutent son discours de concession à l’université Howard de Washington, le 6 novembre 2024. (Madalina Vasiliu/Epoch Times)

« L’Amérique nous a dit qui nous sommes », a-t-il expliqué à Epoch Times après avoir regardé les remarques de Kamala Harris. « Nous ne sommes pas un État uni, nous sommes un État en colère et nous sommes un État séparé, et c’est ce que nous sommes aujourd’hui. Il faut y faire face pour améliorer les choses. »

Un électeur originaire d’Éthiopie, devenu citoyen américain il y a seulement quelques années et qui a requis l’anonymat, a fait part de ses impressions à Epoch Times alors qu’il sirotait un café dans un Starbucks près de l’université. Il a affirmé avoir voté pour Biden en 2020, mais cette fois-ci, il a choisi de ne voter pour aucun candidat. « Je n’ai pas de problème avec Kamala Harris personnellement, mais en ce qui concerne le Parti démocrate, je ne voulais pas voter pour eux », a-t-il précisé. « Ils sont trop libéraux. Et j’ai l’impression qu’ils vont trop loin. »

Le jeu des reproches

Donald Trump s’est assuré une victoire décisive lors des élections de novembre, devenant le premier républicain en deux décennies à remporter le vote populaire. Les républicains ont pris le contrôle du Sénat et sont en passe de prendre également le contrôle de la Chambre des représentants.

La défaite des démocrates a révélé de profondes divisions au sein de la gauche, des progressistes notables, dont le sénateur Bernie Sanders (Indépendant, Vermont), critiquant la direction prise par le parti. « Il n’est pas surprenant qu’un Parti démocrate qui a abandonné la classe ouvrière s’aperçoive que la classe ouvrière l’a abandonné », peut-on lire dans son communiqué publié le lendemain de l’élection. « D’abord, c’était la classe ouvrière blanche, et maintenant ce sont aussi les travailleurs latinos et noirs. »

Selon le représentant Ro Khanna (Parti démocrate, Californie) les démocrates avaient tort de qualifier les électeurs américains de « sexistes et racistes. » « Commencez par vous regarder. Il s’agit de personnes vivant dans des régions qui ont voté deux fois pour Barack Hussein Obama », a-t-il fait remarquer lors d’une interview accordée le 7 novembre à l’émission “Breaking Points”. « Au lieu de rejeter la faute sur ces électeurs et de les stéréotyper, pourquoi ne pas faire un peu d’introspection ? »

Le stratège républicain Brian Seitchik a abondé dans le même sens, estimant que les démocrates en sont encore à la « phase de désignation des coupables » au lieu de procéder à une introspection. « Une fois qu’ils seront sortis de cette phase, je suppose qu’ils regarderont attentivement et verront comment ils ont échoué », a-t-il exprimé à Epoch Times.

Selon Richie Torres (Parti démocrate, New York), les démocrates « devraient adopter des positions en accord avec la majorité des Américains » au lieu de mener des politiques d’extrême gauche telles que le « définancement de la police ». « Je crains que l’extrême gauche ne fasse pression sur le parti pour qu’il prenne des positions politiques profondément impopulaires parmi la plupart des Américains », a souligné Richie Torres sur CNN le 7 novembre. « L’extrême gauche dispose d’un microphone surdimensionné et a donc un impact surdimensionné sur la façon dont est perçu le parti démocrate. »

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