La Turquie a bloqué l’accès de ses citoyens à Instagram, invoquant le non-respect de la réglementation par la plateforme de médias sociaux. Cette décision a été prise lorsque l’application a supprimé des messages turcs de condoléances suite à la mort d’un dirigeant de l’organisation terroriste du Hamas.
L’interdiction d’Instagram a été instituée dans la mesure où la plateforme ne s’est pas conformée aux réglementations locales du pays, a déclaré le ministre des Transports et des Infrastructures, Abdulkadir Uraloglu, dans un communiqué. La Turquie avait averti Instagram, a déclaré le ministre, « mais puisque nous n’avons pas obtenu la réponse adéquate, nous avons imposé une interdiction d’accès. »
« Lorsque les parties qui ne respectent pas nos lois, nos sensibilités et les manquements mentionnés s’y conformeront, nous prendrons les mesures nécessaires et lèverons cette interdiction d’accès », a déclaré M. Uraloglu.
Le journal Yeni Safak, proche du gouvernement, ainsi que d’autres médias, ont déclaré que l’accès avait été bloqué en réponse à la suppression par Instagram de messages d’utilisateurs turcs exprimant leurs condoléances pour l’assassinat du chef politique du Hamas, Ismail Haniyeh.
« Les sanctions suite à la politique de black-out d’Instagram ont été rapides », a déclaré Yeni Safak dans son édition en ligne.
Haniyeh a été tué le 31 juillet alors qu’il se trouvait en Iran. Israël n’a pas revendiqué l’incident. Contrairement à ses alliés occidentaux, la Turquie ne considère pas le Hamas comme une organisation terroriste.
Plus tôt, Fahrettin Altun, porte-parole présidentiel et conseiller du président turc Recep Tayyip Erdogan, avait vivement critiqué la plateforme appartenant à Meta qui empêchait les utilisateurs turcs de publier des messages de condoléances à l’intention de M. Haniyeh.
Instagram compte plus de 50 millions d’utilisateurs en Turquie, un pays de 85 millions d’habitants. Les responsables de Meta n’ont pas répondu à une demande de commentaire d’Epoch Times avant l’heure de la publication.
L’interdiction d’Instagram a été imposée par l’autorité turque des Technologies de l’information et de la communication suite à une décision de justice visant à bloquer l’accès à l’application, a indiqué l’organisme de surveillance de l’internet NetBlocks dans un message publié le 2 août sur les réseaux sociaux.
Les recherches en ligne concernant les réseaux privés virtuels (VPN) « ont grimpé en flèche suite à l’interdiction d’Instagram en Turquie », alors que la nouvelle s’est répandue dans tout le pays, a souligné Benjamin Feve, analyste et chercheur au centre politique Triangle, basé au Liban, dans un message publié sur X, anciennement connu sous le nom de Twitter.
« Au fur et à mesure que les citoyens turcs ont pris conscience de la situation, des requêtes connexes ont augmenté de manière significative. Des questions comme ‘Qu’est-ce qu’un VPN ?’, ‘Comment ouvrir Instagram ?’ et ‘Pourquoi Instagram a-t-il été fermé ?’ ont toutes connu un pic notable dans le volume de recherche », a-t-il écrit.
Restreindre la liberté d’expression
Suite à l’interdiction d’Instagram, Omer Fatih Sayan, le vice-ministre turc des Transports et des infrastructures, a accusé les plateformes de médias sociaux de favoriser les pays occidentaux lorsqu’il s’agit de prendre « rapidement » des mesures sur des questions, selon un post sur X.
« Nous exigeons la même sensibilité et la même équité depuis le début », a-t-il écrit. « Nous voulons que le mécanisme de contenu fiable, propre et équitable que ces plateformes offrent dans les pays où elles se conforment à leurs règles soit également valable en Turquie. »
Il a affirmé que le « double standard » des plateformes de médias sociaux est une chose courante dans le monde entier.
Ekrem Imamoglu, membre du parti d’opposition du pays, a critiqué la décision du gouvernement d’interdire Instagram.
« En tant que maire d’Istanbul, je suis fermement convaincu que les interdictions de communication ne profitent à aucune société. Limiter l’accès aux plateformes de médias sociaux étouffe la liberté d’expression et entrave la circulation de l’information », a-t-il déclaré dans un billet X du 2 août.
« Je demande instamment aux autorités de reconsidérer cette décision et de lever l’interdiction. Travaillons ensemble pour une société plus ouverte et plus connectée. »
L’interdiction récente d’Instagram est la dernière d’une série de mesures de censure d’internet que le gouvernement turc a prises ces dernières années. La Turquie a obtenu une très mauvaise note de 30/100 dans le classement Freedom of the Net 2023 de Freedom House.
« La liberté sur Internet en Turquie n’a cessé de se dégrader au cours de la dernière décennie. Le président Recep Tayyip Erdoğan et le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir ont promulgué plusieurs lois qui renforcent la censure et criminalisent la liberté d’expression en ligne », indique Freedom House.
Ainsi, selon Freedom House, les autorités turques ont supprimé des contenus en ligne et prononcé des sanctions pénales à l’encontre de certains internautes avant les élections générales de mai 2023.
En 2022, la Turquie a introduit une loi sur la désinformation qui criminalise les discours en ligne tout en restreignant la vie privée, selon le groupe.
Avec Associated Press
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