L’Algérie se « déshonore » en ne libérant pas l’écrivain Boualem Sansal, affirme Emmanuel Macron

Par Epoch Times avec AFP
6 janvier 2025 15:47 Mis à jour: 6 janvier 2025 15:49

Le Président Emmanuel Macron a estimé lundi que l’Algérie se « déshonore » en ne libérant pas l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, arrêté à la mi-novembre à Alger.

« L’Algérie que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d’enfants et tant d’histoires entre dans une histoire qui la déshonore, à empêcher un homme gravement malade de se soigner. Ce n’est pas à la hauteur de ce qu’elle est », a-t-il asséné devant les ambassadeurs français réunis à l’Elysée.

« Et nous qui aimons le peuple algérien et son histoire, je demande instamment à son gouvernement de libérer Boualem Sansal », a-t-il ajouté. Ce « combattant de la liberté » est « détenu de manière totalement arbitraire par les responsables algériens », a-t-il martelé.

Des « doutes » sur la volonté d’Alger de respecter la feuille de route

Le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot avait émis dimanche des « doutes » sur la volonté d’Alger de respecter la feuille de route des relations bilatérales franco-algériennes, répétant aussi ses préoccupations concernant le cas de l’écrivain Boualem Sansal.

« Nous avons en 2022 (…) rédigé une feuille de route (…), nous tenons à ce (qu’elle) puisse être suivie », a déclaré le ministre des Affaires étrangères lors d’un entretien sur la radio privée RTL.

« Mais nous observons des postures, des décisions de la part des autorités algériennes qui nous permettent de douter de l’intention des Algériens de se tenir à cette feuille de route. Parce que pour tenir la feuille de route, il faut être deux », a-t-il ajouté.

M. Barrot s’est déclaré « comme le président de la République, très préoccupé par le fait que la demande de libération adressée par Boualem Sansal et ses avocats a été rejetée ». « Je suis préoccupé par son état de santé et (…) la France est très attachée à la liberté d’expression, la liberté d’opinion et considère que les raisons qui ont pu conduire les autorités algériennes à l’incarcérer ne sont pas valables », a relevé Jean-Noël Barrot.

Critique du pouvoir algérien, Boualem Sansal, 75 ans, né d’un père d’origine marocaine et d’une mère algérienne, est incarcéré depuis la mi-novembre pour atteinte à la sûreté de l’État et se trouve dans une unité de soins depuis la mi-décembre.

Le Président algérien Abdelmadjid Tebboune. (Photo LUDOVIC MARIN/AFP via Getty Images)

Le Président algérien a évoqué pour la première fois son arrestation le 29 décembre, le qualifiant d’« imposteur » envoyé par la France.

L’auteur de « 2084 : la fin du monde », naturalisé français en 2024, est poursuivi en vertu de l’article 87 bis du code pénal, qui sanctionne « comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l’État, l’intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions ».

« Nous souhaitons entretenir les meilleures relations avec l’Algérie (…) mais ce n’est pas le cas aujourd’hui », a regretté le ministre français.

Alger a retiré son ambassadeur à Paris fin juillet quand le président français Emmanuel Macron a apporté un soutien appuyé aux propositions marocaines concernant le Sahara occidental, avant de se rendre à Rabat fin octobre.

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