Et pour la première fois, elle a reconnu sans détour quel scénario avait ses faveurs pour y parvenir, qu’ils trouvent la mort dans les combats au sol ou sous les bombes de la coalition internationale dirigée par les États-Unis.
« Si des jihadistes périssent dans ces combats, je dirais que c’est tant mieux », a lancé la ministre des Armées, Florence Parly, quelques heures avant la chute de Raqa, « capitale » autoproclamée de l’EI en Syrie d’où les attentats de Paris auraient été programmés en 2015.
Pour les Européens et plus particulièrement la France, une des cibles privilégiées de l’EI, ces combattants expérimentés et déterminés sont autant de « bombes à retardement » potentielles s’ils rentrent chez eux.
Environ 500 ressortissants français, hommes et femmes, se trouvaient encore en Syrie ou Irak ces dernières semaines, selon les autorités françaises.
À Raqa, reprise mardi par une alliance de forces arabo-kurdes (FDS) avec le soutien aérien de la coalition, des jihadistes étrangers « ont été tués, d’autres ont fui » vers les derniers réduits tenus par l’EI à la frontière irako-syrienne, relève une source sécuritaire française, sans précisions sur leur nationalité.
Cette préoccupation d’éviter un potentiel retour en France ne date pas d’hier, mais prend de plus en plus d’importance à mesure que le terrain contrôlé par l’EI se réduit à néant.
Selon l’hebdomadaire français Paris Match et le quotidien américain Wall Street Journal, des membres des forces spéciales françaises ont longuement traqué les jihadistes français à Mossoul (prise à l’EI en juillet par les forces irakiennes) à l’aide de drones et d’écoutes et ont même remis aux Irakiens une liste de cibles à éliminer.
« Nous avons un accord tacite avec les Français (..) Nous éviterons, autant que faire se peut, qu’un Français puisse sortir vivant de Mossoul », confiait en juin le général Abdel Ghani al-Assadi, commandant des forces du contreterrorisme (CTS) irakienne à Paris Match.
Si l’ex-président François Hollande confiait en 2016 aux auteurs d’un livre d’entretiens avoir décidé « au moins quatre » assassinats de responsables d’actes terroristes, la France réfute aujourd’hui haut et fort tout assassinat ciblé et renvoie à la réalité des opérations militaires.
« Quand vous faites la guerre, vous éliminez les gens que vous avez en face de vous. Mais c’est dans les combats que cela se passe, dans les frappes », souligne l’eurodéputé Arnaud Danjean, qui a supervisé la Revue stratégique des armées françaises présentée la semaine dernière.
Restent les nombreuses incertitudes autour du sort des survivants, combattants ou non.
En Irak, les jihadistes français, combattants et épouses, qui ne sont pas tués mais arrêtés, seront jugés pour terrorisme dans le pays, où ils encourent potentiellement la peine de mort.
Les autorités françaises s’efforcent en revanche d’obtenir le retour des enfants. Un seul cas est connu à ce jour, celui d’une Française arrêtée avec ses quatre enfants à Mossoul et transférée dans une prison de Bagdad.
La situation s’annonce infiniment plus compliquée dans les territoires syriens repris à l’EI, vaste zone de non droit où aucune règle claire ne s’applique.
Que va-t-il se passer pour les familles françaises encore présente sur place qui voudraient revenir tout comme pour les combattants étrangers qui se sont rendus à la coalition arabo-kurde (FDS) ?
« Notre priorité est aujourd’hui d’obtenir une victoire complète contre Daech », répond, laconique, le Quai d’Orsay.
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