L’achat de devises taxé à hauteur de 30%, les tarifs de l’eau, du gaz et de l’électricité gelés durant six mois, l’exportation de produits agricoles davantage imposée: le nouveau gouvernement argentin de centre gauche multiplie les mesures économiques pour tenter d’endiguer la crise.
Une semaine après avoir pris ses fonctions, le ministre de l’Economie, Martin Guzman, a annoncé mardi lors d’une conférence de presse les mesures d’urgence économique qui étaient envoyées au Parlement.
Parmi elles, figurent la taxation à hauteur de 30% de l’achat de devises étrangères ainsi que le gel des tarifs des services publics pendant six mois.
Ces mesures entreront en vigueur dès qu’elles seront adoptées par le Parlement, a précisé Martin Guzman, qui était jusqu’à très récemment un des collaborateurs à l’université de Columbia de New York du prix Nobel d’Economie Joseph Stiglitz.
Argentina’s crisis will be the next big test for the current (no-)system for sovereign debt crises resolution, which has been resulting in highly deficient outcomes. Will this time be different?
My presentation at the UNCTAD debt conference in Geneva.?https://t.co/4A0bh9W0F7 pic.twitter.com/JMRsY0EpL0
— Martín Guzmán (@Martin_M_Guzman) 19 novembre 2019
Apaiser l’économie argentine
« Nous cherchons à apaiser l’économie argentine », a déclaré le ministre, au moment où le panorama économique de la troisième puissance d’Amérique latine est assez sombre.
Outre une contraction du PIB de 3,1% prévue en 2019 par le FMI, l’année devrait se terminer avec une inflation de 55% environ, un taux de pauvreté autour de 40% et le chômage à 10,4%.
Parallèlement à la taxation de l’achat de devises, Martin Guzman a confirmé que le contrôle des changes mis en place par le gouvernement précédent du libéral Mauricio Macri restait en vigueur.
Concrètement, depuis la fin octobre, les Argentins ne peuvent acheter que 200 dollars par mois à des fins d’épargne.
« Nous avons besoin de décourager l’épargne en dollars, (monnaie) que nous ne produisons pas », a expliqué le ministre, qui entend, en revanche, supprimer les impôts sur l’épargne en pesos argentins. « Cet ensemble de mesures vise à maintenir certains équilibres et modifier les priorités pour protéger les secteurs les plus vulnérables », a-t-il fait valoir.
Une prime exceptionnelle pour les retraités
En ce sens, il a annoncé une prime exceptionnelle de 10.000 pesos (quelque 150 euros) pour les retraités touchant les pensions les plus basses.
« Il s’agit d’interrompre la chute de l’économie argentine tandis que nous protégeons ceux qui ne peuvent plus fournir davantage d’efforts », a poursuivi Martin Guzman.
« Il y a eu une détérioration phénoménale du système de sécurité sociale ces quatre dernières années, ce qui a entraîné une détérioration de la situation des retraités », a-t-il estimé, en annonçant avoir lancé une réflexion sur le système d’ajustement annuel des retraites.
Enfin, le ministre a également déclaré qu’un impôt sur les actifs financiers détenus à l’étranger par les Argentins serait mis en place. « Dans ce contexte de crise tellement profonde, nous avons besoin de la contribution de tous les secteurs », s’est-il justifié.
Arrivé au pouvoir le 10 décembre, le péroniste Alberto Fernandez a promis de « remettre l’Argentine sur pied » après plus d’un an de récession.
La devise s’est dépréciée de 70% depuis janvier 2018
En fin de semaine dernière, il avait déjà augmenté les taxes à l’exportation de soja et de céréales, une mesure « urgente » pour faire face à la « grave situation » des finances publiques du pays. Concrètement, les droits de douane sur les ventes de céréales à l’étranger auront un taux fixe de 9%. Pour le soja, principal produit d’exportation, il restera imposé à 18%, portant la taxe totale sur les oléagineux à 27%.
Jusqu’à vendredi et depuis septembre 2018, les céréales étaient taxées à hauteur de 4 pesos par dollar exporté, ce qui représentait initialement une taxe de 12%, mais ce montant était rendu caduc par la forte dépréciation de la monnaie. La devise s’est dépréciée de 70% depuis janvier 2018.
Le secteur agricole est le seul à afficher une forte croissance (46% au deuxième trimestre), selon l’Institut national de la statistique.
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