L’Assemblée nationale a largement rejeté lundi la première motion de censure déposée contre le nouveau Premier ministre Gabriel Attal.
Quelques minutes après l’annonce de la relaxe en justice du pilier du MoDem et de la majorité François Bayrou, c’est Gabriel Attal qui échappait sans surprise à une motion de censure à l’Assemblée. La motion déposée par Insoumis, socialistes, écologistes et communistes, n’a recueilli que 124 voix sur les 289 nécessaires, en l’absence de celles des LR, qui n’ont pas pris la parole lundi, et du RN.
Manuel Bompard, coordinateur de LFI, a défendu dans un hémicycle largement vidé de ses députés une motion pour « protéger le peuple des souffrances », de la hausse des prix de l’énergie, des franchises médicales ou encore de la « réduction des allocations chômages ».
Gabriel Attal était flanqué d’une dizaine de membres du gouvernement, dont la fragilisée ministre de l’Éducation et des Sports Amélie Oudéa-Castéra, dans la tourmente depuis ses propos sur ses enfants scolarisés dans le privé, à Stanislas dans le VIe arrondissement de Paris, polémique à laquelle M. Bompard a volontiers fait référence.
Un « mythe collectiviste »
Dénonçant une « motion de censure préventive », déposée avant même sa déclaration de politique générale, le Premier ministre, a également critiqué le « mythe collectiviste », de ses adversaires de gauche. « Votre monde, c’est un monde où il n’y a pas besoin d’Union européenne, où il faut tout taxer tout le temps et tout collectiviser », a-t-il martelé.
« Il ne vous aura pas fallu longtemps pour avoir un mauvais bilan », a tancé le chef du groupe socialiste Boris Vallaud, critiquant notamment la mise sur pause du plan Écophyto en réponse à la colère des agriculteurs.
Benjamin Lucas (groupe écologiste) a lui estimé que Gabriel Attal était « parfois », « le frère jumeau de (Jordan) Bardella », président du Rassemblement national, critiquant la bascule annoncée des chômeurs en fin de droit sur le RSA, ou l’adoption de la loi immigration. « Certains au pouvoir il n’y a pas si longtemps auraient rêvé d’avoir notre bilan », a dénoncé au contraire Caroline Abadie (Renaissance), dans une allusion aux socialistes. « Avec vous à Matignon, nos victoires idéologiques s’accélèrent », a lancé au Premier ministre le député RN Jean-Philippe Tanguy.
S’il a échappé à la censure, le gouvernement voit la droite hausser le ton après l’annonce de Gabriel Attal d’une réforme de l’aide médicale d’État (AME) pour les étrangers par la voie règlementaire, plutôt qu’en passant devant le Parlement.
Gabriel Attal doit d’ailleurs se rendre dans la foulée en Allemagne où il va rencontrer le chancelier Olaf Scholz. Un remaniement de son gouvernement devrait intervenir cette semaine, dont l’une des principales questions sera le maintien ou non d’Amélie Oudéa-Castéra, alors que l’exécutif prépare la nomination d’au maximum 15 ministres délégués et secrétaires d’État qui complèteront les 14 ministres déjà en exercice.
Gabriel Attal survit ainsi à un premier exercice qui était devenu une routine pour Élisabeth Borne et ses 31 motions de censure au compteur, dont une passée à neuf voix près d’être adoptée, après l’adoption au 49.3 de la réforme des retraites.
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