Le chausseur Minelli a évité la liquidation judiciaire en étant cédé à un nouveau groupe, mais celui-ci ne reprendra qu’environ un tiers des salariés et la moitié des boutiques, selon une décision du tribunal de commerce de Marseille consultée mardi par l’AFP.
La nouvelle entité, baptisée « Maison Minelli », est composée de trois repreneurs : la marque de luxe « Mes Demoiselles Paris » et les investisseurs « DS Invest » et « Union Brothers ». L’enseigne spécialisée dans la chaussure, qui avait été reprise début 2022 par les dirigeants de la marque marseillaise San Marina, elle même désormais liquidée, avait été placée en redressement judiciaire en septembre.
213 sur 600 salariés repris
Sur les quelque 600 salariés qu’employait Minelli fin 2023, seulement 213 seront repris, en CDI, et seules 47 boutiques (39 magasins et 8 corners dans des centres commerciaux) sur les 120 seront conservées.
« C’est une saignée au niveau social qui est dure à vivre mais celle-ci était quasi-obligatoire quand on voit le périmètre de l’enseigne et la crise traversée par le secteur », a expliqué à l’AFP Christian Macquaire, délégué syndical CFE-CGC et vice-président de l’union syndicale nationale chaussures du syndicat. « Minelli s’en sort plutôt bien et on va pouvoir repartir sur de bonnes bases », a-t-il assuré, précisant que « le prêt à porter est très touché, avec beaucoup d’acteurs, et on est en retard sur le digital ».
« Des gens sont dans des situations psychologiques très compliquées. Pour certains, retrouver du boulot après 50 ans, ça va être très difficile », s’est de son côté alarmé auprès de l’AFP Philippe Jacques, représentant syndical FO rencontré à l’une des trois boutiques marseillaises qui vont toutes définitivement fermer.
« Définitivement »
Interpellé par une cliente, éberluée devant ce magasin à la grille demi-ouverte et aux rayons clairsemés de chaussures lui demandant si la boutique était fermée, il répond poliment mais les yeux embué s: « oui madame, définitivement ». « Minelli, c’était une image de marque. Fut un temps, madame emmenait sa jeune fille pour lui offrir sa première paire de chaussures. Les clients étaient attachés à cette marque et le personnel aussi, toujours impliqué. Le fait que tout s’arrête, c’est dur à avaler », a-t-il poursuivi.
C’est d’ailleurs l’un des axes de développement présentés par les repreneurs devant le tribunal judiciaire lors de la présentation de leur offre en décembre. Ils ont assuré vouloir travailler sur « le développement de la communication notamment digitale », la « refonte des modalités de distribution », « le renforcement des accessoires et produits phare de Minelli » et « la rénovation du parc de magasins conservés ». « Cette reprise doit permettre à Minelli de conserver sa place dans l’univers du savoir-faire et de la mode haut de gamme », s’est félicité le chausseur dans un communiqué. En outre, une autre offre portée par Modessa France a été retenue par le tribunal, cédant le magasin Minelli du centre-ville de Montpellier, avec trois salariés, qui sera exploité sous l’enseigne « Parfois ».
Créée en 1973, Minelli, marque de chaussures destinées principalement aux femmes et d’articles de maroquinerie, échappe ainsi au sort d’autres marques de prêt-à-porter, secteur secoué depuis plusieurs mois par une violente crise. Celle-ci est marquée par les nouvelles habitudes de consommation, l’inflation, la hausse des coûts de l’énergie et des matières premières, des loyers commerciaux ou encore la concurrence de la seconde main et de la fast fashion.
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