ÉCONOMIE

Le livret d’épargne populaire dépasse la barre historique des dix millions de détenteurs

octobre 31, 2023 15:15, Last Updated: octobre 31, 2023 15:18
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Dix millions de détenteurs : c’est la barre symbolique et historique que le Livret d’épargne populaire (LEP) a franchi au mois d’août, selon la Banque de France, porté par un taux très alléchant de 6%.

« Difficile de trouver mieux avec les mêmes caractéristiques », a résumé lors d’une conférence de presse la directrice générale adjointe en charge des statistiques au sein de la Banque de France, Marie-Laure Barut-Etherington.

Lancé en 1982, le LEP, réservé aux ménages modestes, appartient à la galaxie des livrets d’épargne réglementés. Il est garanti par l’État et exonéré d’impôts et de prélèvements sociaux. Il est de plus totalement liquide, c’est-à-dire que chaque titulaire peut retirer tout ou partie de ses fonds à tout moment. Les femmes et les plus de 65 ans sont surreprésentés parmi les détenteurs de Livrets d’épargne populaire, observe la Banque de France, qui identifie à l’inverse des « marges de progression » chez les jeunes, les ouvriers et les professions intermédiaires.

La Banque de France a pour objectif d’atteindre 12,5 millions de détenteurs à l’été 2024, sur les 18,6 millions de personnes éligibles identifiées par la Direction générale des finances publiques. Si le nombre de titulaires est à un niveau record de 10,1 millions à fin août, l’encours total – 59 milliards d’euros au 30 septembre, selon les dernières données de la Caisse des dépôts – reste inférieur au niveau record de 2008 (plus de 62 milliards d’euros).

Outre les ouvertures, la collecte nette (différence entre les dépôts et les retraits) est très positive avec 11,1 milliards d’euros entre janvier et septembre, plus que sur toute l’année 2022, toujours selon la CDC.

Un taux à 6%

Octobre s’annonce très favorable pour le LEP puisque son plafond a été relevé de 7700 euros à 10.000 euros depuis le début du mois. L’ouverture de LEP parmi les nombreux épargnants éligibles en France est un cheval de bataille du ministre de l’Économie Bruno Le Maire et du gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau. Ils ont multiplié depuis plus d’un an et demi les prises de parole pour assurer sa promotion, notamment à l’occasion des annonces de taux de l’épargne réglementée tous les semestres.

En juillet, M. Le Maire a tranché pour un taux à 6%, plus avantageux que les 5,6% prévus par la formule de calcul, basée sur l’inflation. C’est deux fois celui du Livret A et du Livret de développement durable et solidaire (LDDS), maintenu à 3% depuis le 1er août pour 18 mois, lui-même plus intéressant que les fonds euros de l’assurance vie, en queue de peloton.

Un frein cependant à la démocratisation du LEP : ne sont éligibles que les personnes déclarant jusqu’à 21.393 euros de revenu fiscal pour une personne seule, ou 32.818 euros pour un couple (deux parts). Les conditions d’ouverture des LEP ont été simplifiées ces dernières années : « vous pouvez arriver les mains dans les poches dans une banque en disant ‘‘est-ce que je suis éligible au LEP ?’’ et elle doit pouvoir vous le dire », précise Mme Barut-Etherington.

« Pas de zèle pour ouvrir de LEP »

D’eux-mêmes, les établissements bancaires ne participent que timidement à l’essor du LEP. Si la Fédération bancaire française met en avant sur les réseaux sociaux une vidéo d’information, le produit n’est pas en tête de gondole des agences ou des sites internet des établissements bancaires.

À titre d’exemple, il n’est par exemple pas fait mention du LEP sur la page internet dédiée à l’épargne du Crédit Agricole ou de Société Générale. « Certaines banques ne font pas de zèle pour ouvrir de LEP », a souligné Mme Barut-Etherington. Il faut dire que les banques rémunèrent à part égale avec la Caisse des dépôts les 6% d’intérêt, une facture qui pourrait dépasser les 3 milliards d’euros cette année. Elle sont cependant rémunérées au titre de la distribution, à hauteur de 0,4% de la collecte.

L’encours du LEP reste par ailleurs faible en comparaison du LDDS (145 milliards d’euros), du Livret A (406,1 milliards), de l’assurance vie (1895 milliards, selon France Assureurs) et des centaines de milliards d’euros qui dorment sur les comptes courants, non rémunérés.

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