Le mystérieux crash d’hélicoptère qui a secoué l’Iran et suscité des spéculations à l’échelle mondiale

Par Vue Pinnacle
31 mai 2024 16:22 Mis à jour: 13 juin 2024 00:52

Le 20 mai, le président iranien Ebrahim Raïssi et son ministre des Affaires étrangères Hossein Amir Abdollahian sont morts dans un accident d’hélicoptère, ainsi que plusieurs autres responsables iraniens. Les médias d’État iraniens ont déclaré qu’il n’y avait aucun signe d’attaque sur l’hélicoptère. Néanmoins, plusieurs théories du complot ont émergé autour de cet incident, spéculant que le crash n’était pas un accident. Parmi les suspects figurent le Mossad israélien, les États-Unis et des factions rivales au sein de l’Iran.

Le 22 mai, les participants de l’émission « Pinnacle View » de la chaîne NTD en langue chinoise se sont penchés sur ce sujet et ont débattu des différentes théories entourant ce crash.

Alimenter les théories du complot

Li Jun, producteur indépendant de télévision chinoise, a rappelé que Raïssi et son ministre des Affaires étrangères se rendaient dans la province iranienne de l’Azerbaïdjan oriental le 19 mai. Sur le chemin du retour, l’hélicoptère à bord duquel ils se trouvaient a perdu le contact avec deux autres appareils alors qu’il traversait une région montagneuse dans un épais brouillard, ce qui a provoqué un « incident d’atterrissage brutal ». L’Iran a dépêché 73 équipes de secours qui ont bravé le brouillard et la pluie, avec une visibilité de moins de trois mètres, pour fouiller le terrain accidenté. À l’aube du 20 mai, elles ont localisé l’épave. L’hélicoptère s’était écrasé sur une montagne et avait été complètement détruit par le feu, tuant tous les passagers.

Les autorités iraniennes n’ont pas encore donné les raisons de l’accident ni suggéré que l’hélicoptère avait été saboté. Cependant, plusieurs théories ont circulé sur Internet. Certains soulignent qu’il y avait trois hélicoptères au total, et que ceux qui ont précédé et suivi l’hélicoptère de Raïssi ont atterri sans encombre. Ils affirment que les conditions météorologiques n’ont pas pu être la cause de l’accident si les autres appareils n’ont pas eu de problèmes.

M. Li a indiqué que la théorie de l’assassinat par le Mossad est très répandue sur Internet, en tenant compte du fait que le Mossad est connu pour ses opérations sophistiquées. Les assassinats « modernes » ressemblent souvent à des accidents, notamment des accidents d’avion, des accidents de la route et des crises cardiaques soudaines.

« Il est intéressant de noter que le 18 mai, les États-Unis et l’Iran ont mené des négociations prometteuses à Oman, les deux parties souhaitant les poursuivre », a-t-il noté. « Si les négociations entre les États-Unis et l’Iran aboutissent à un résultat positif, Israël sera le plus concerné. Le lendemain, l’hélicoptère du président iranien s’est écrasé, ce que beaucoup considèrent comme une trop grande coïncidence, laissant supposer que le Mossad en était à l’origine. Toutefois, les responsables israéliens ont rapidement démenti toute implication de qui que ce soit. »

Les médias d’État iraniens ont indiqué que l’hélicoptère à bord duquel se trouvait Raïssi était un hélicoptère américain Bell 212, probablement acheté avant la révolution islamique de 1979. En raison des sanctions occidentales, l’Iran a du mal à obtenir de nouvelles pièces pour sa flotte vieillissante, ce qui a donné lieu à des spéculations selon lesquelles l’âge de l’hélicoptère était la cause probable de l’accident.

M. Li a également souligné que Raïssi était connu pour sa position intransigeante au niveau national et qu’il aurait été responsable de la mort de près d’un millier de dissidents en Iran. À la suite de sa mort, certains Iraniens l’ont fêté avec des feux d’artifice et des expatriés iraniens ont fait la fête devant l’ambassade d’Iran à Londres.

Dynamique du pouvoir au Moyen-Orient

Guo Jun, rédactrice en chef de l’édition hongkongaise d’Epoch Times, a souligné que le président iranien n’était pas la personnalité la plus puissante du pays. C’est le Guide suprême, choisi par l’Assemblée des experts, composée de 88 religieux islamiques de haut rang, qui détient l’autorité suprême. Actuellement, Ali Khamenei occupe ce poste, ce qui fait de lui le véritable décideur et la personne la plus puissante en Iran, et non le président.

Le système de la République islamique est protégé par le corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), qui opère indépendamment du gouvernement et est fidèle au Guide suprême. Mme Guo a expliqué que ces dernières années, en particulier lors des conflits avec les États-Unis et Israël, le CGRI a joué un rôle crucial dans le lancement d’attaques et la gestion des crises. Par exemple, après que les États-Unis ont tué le commandant de la Force Qods du CGRI, Qassem Soleimani, lors d’une attaque de drone en 2020, l’Iran aurait informé les États-Unis des frappes de représailles prévues afin d’éviter une escalade.

Mme Guo a laissé entendre que l’influence de l’Iran à l’étranger, notamment par le biais du soutien apporté à ses groupes affiliés, tels que le Hezbollah, le Hamas et les houthis, ne sera probablement pas affectée par la mort de Raïssi. La politique étrangère de l’Iran pourrait connaître quelques subtils changements, notamment envers Israël. Cependant, les alliances fondamentales avec la Chine et la Russie, qui forment aujourd’hui un axe avec l’Iran, resteront probablement inchangées.

Mme Guo a également souligné l’existence des trois principales puissances du Moyen-Orient : Israël, l’Iran et l’Arabie saoudite. L’influence de l’Iran est ancrée dans le monde islamique chiite, tandis que celle de l’Arabie saoudite s’exerce principalement dans le monde islamique sunnite. L’équilibre régional des forces oscille souvent entre ces deux branches, influençant ainsi le paysage plus large du Moyen-Orient.

Choc des civilisations

Shi Shan, chroniqueur et rédacteur en chef de l’édition chinoise d’Epoch Times, a remarqué que la coopération entre les régimes autocratiques n’est pas facile en raison de leurs idéologies nationalistes et souvent exclusives. Toutefois, face à un ennemi commun, ils peuvent s’unir pour un certain temps.

« Je me souviens que dans les années 1990, Samuel Huntington, professeur à Harvard, a publié un livre célèbre intitulé Le choc des civilisations qui prédisait des alliances comme celles entre la Chine, la Russie et l’Iran contre le monde occidental », a-t-il dit.

Mme Guo a également noté que la théorie de Huntington, qui a fait l’objet de nombreuses critiques dans les années 1990, a été validée au fil du temps, en particulier dans le contexte des alliances formées par la Chine, la Russie et l’Iran. Selon Huntington, les conflits futurs opposeront, à la place de simples États-nations, des civilisations ayant des systèmes de valeurs et des structures politiques différentes, notamment des régimes autoritaires formant des blocs pour contrer les valeurs démocratiques libérales qui dominent dans la civilisation occidentale.

Avertissement aux dictateurs

Hu Liren, un ancien entrepreneur chinois exilé aux États-Unis, a constaté que, malgré les sanctions internationales, la survie de l’Iran était en partie attribuée au soutien de la Chine. La Chine est le premier acheteur de pétrole de l’Iran et lui fournit divers biens et technologies, y compris ceux qui sont sanctionnés par les pays occidentaux.

Il a indiqué que l’Iran, qui fait partie de « l’axe du mal » avec la Chine, la Russie et la Corée du Nord, maintient des alliances stratégiques malgré les défis internes et externes. Toutefois, la mort mystérieuse de Raïssi, qu’elle soit attribuable ou non à un sabotage provenant de l’extérieur ou de l’intérieur du pays, constitue un fort avertissement pour les autres dictateurs. Il a révélé que malgré l’athéisme officiel du Parti communiste chinois, les dirigeants chinois se livrent souvent à des pratiques superstitieuses, craignant que la chute des régimes autoritaires ne soit une tendance inévitable.

« La mort de Raïssi pourrait avoir un impact psychologique important sur des dirigeants comme Xi Jinping et Vladimir Poutine, en renforçant l’idée de la précarité de leurs positions », a-t-il souligné.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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