Le taux total des droits de douane américains sur les produits chinois s’élève à 145 % au 11 avril. Le président Donald Trump est de retour à la Maison-Blanche depuis moins de trois mois. Alors pourquoi les droits de douane imposés à la Chine ont-ils atteint un niveau sans précédent ?
Tout d’abord, Pékin a refusé d’endiguer le flux de fentanyl vers les États-Unis. Depuis des années, les précurseurs utilisés pour fabriquer cette drogue mortelle proviennent de Chine. Le régime chinois aurait pu intervenir pour stopper les exportations, mais il a choisi de ne pas le faire. Pourquoi ?
Le Parti communiste chinois (PCC) utilise le fentanyl comme monnaie d’échange pour faire pression sur Washington. Mais l’administration Trump a décidé que c’en était assez, et a donc augmenté de manière significative le taux des droits de douane sur les marchandises chinoises. Le tarif de 145 % comprend les 20 % précédents liés au trafic de fentanyl aux États-Unis.
Deuxièmement, Pékin a jusqu’à présent refusé de négocier avec Washington sur les tarifs douaniers réciproques. Le 2 avril, M. Trump a invoqué la loi sur les pouvoirs économiques d’urgence internationaux (IEEPA : International Emergency Economic Powers Act) – une loi de 1977 autorisant le président américain à imposer des restrictions commerciales à des pays étrangers – et a introduit des mesures tarifaires réciproques contre des dizaines de pays, fixant le taux réciproque de la Chine à 34 %, qui n’était pas le plus élevé.
Ces tarifs n’étaient pas censés être une solution ultime ; ils ont plutôt servi d’outil pour encourager les partenaires commerciaux à s’asseoir à la table des négociations afin d’éliminer les droits de douane et les barrières non tarifaires à l’encontre des États-Unis.
En fait, la plupart des pays visés par la politique tarifaire réciproque sont prêts à négocier avec Washington. Dans un message publié le 9 avril sur sa plateforme Truth Social, M. Trump a déclaré que « plus de 75 pays » avaient contacté des responsables américains pour discuter des droits de douane. Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a déclaré à Fox Business que M. Trump allait « être directement impliqué dans ces négociations ».
M. Trump a rencontré le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, le premier dirigeant étranger à s’engager directement avec M. Trump sur la question du commerce. M. Netanyahou a accepté d’éliminer le déficit commercial d’Israël par rapport aux États-Unis, de démanteler les barrières commerciales et de supprimer les droits de douane sur les produits américains.
Troisièmement, la principale raison pourrait être la défiance de Pékin. En réponse aux droits de douane américains, le ministère chinois du Commerce a publié un communiqué affirmant qu’il « se battrait jusqu’au bout ».
Le PCC a riposté en imposant des droits de douane de 125 % sur les produits américains le 11 avril. En outre, il a interdit à 12 entreprises américaines de mener des activités d’import-export avec la Chine et a imposé de nouveaux contrôles à l’exportation sur 7 éléments de terres rares.
M. Bessent avait déjà mis en garde les partenaires commerciaux des États-Unis : « Je conseille à tous les pays de ne pas prendre de mesures de rétorsion. Restez en retrait, prenez le temps de voir comment les choses évoluent, car si vous ripostez, il y aura une escalade. Si vous ne prenez pas de mesures de rétorsion, c’est le point culminant. »
Ces développements illustrent comment le PCC a rejeté à plusieurs reprises les préoccupations fondamentales de Washington, rejeté les invitations à négocier et est resté attaché à une posture combative de « guerrier loup », au risque de déclencher une véritable guerre commerciale avec l’administration Trump.
La pensée stratégique de Pékin, à mon avis, semble être la suivante.
Premièrement, Pékin considère les États-Unis, en particulier l’administration Trump, comme le principal obstacle à la réalisation de ses ambitions mondiales, et pense que cette administration comprend la véritable nature du PCC. Par conséquent, Pékin est déterminé à perturber, affaiblir et saper la présidence Trump. Le régime chinois espère qu’après quatre ans, lorsque le mandat de Trump prendra fin, une nouvelle administration américaine pourrait adopter une approche plus conciliante, ce qui permettrait au PCC d’ajuster sa stratégie en conséquence.
Deuxièmement, le régime chinois mise également sur les défis intérieurs des États-Unis. L’économie américaine est confrontée à des pressions inflationnistes et sa dette nationale brute a dépassé les 36.000 milliards de dollars – les paiements d’intérêts annuels dépassent désormais les dépenses de défense. Les efforts de Trump en faveur de la réindustrialisation ont donné des résultats mitigés, et le déficit des biens a atteint le chiffre record de 1,21 billion de dollars en 2024.
Entre-temps, les politiques radicales de Donald Trump ont fait l’objet de critiques et de remises en question – des conditions qui, selon Pékin, pourraient sérieusement limiter son efficacité.
Troisièmement, la politique générale de Trump sur les tarifs douaniers réciproques est conçue pour réinitialiser l’ordre économique mondial, démanteler des normes commerciales bien établies et faire pression même sur des alliés proches, ce qui pourrait aliéner de nombreux pays. Le PCC y voit une occasion de s’attirer des soutiens. Il semble croire que l’adoption d’une position dure à l’égard des États-Unis peut rallier d’autres pays dans un « front uni » international plus large contre Washington, réduire l’influence américaine et isoler davantage les États-Unis. Mais ce pari géopolitique n’est pas réaliste – au mieux, il s’agit d’un vœu pieux.
Pékin a mal évalué la puissance économique de la Chine et sous-estimé celle des États-Unis. L’écart de PIB entre les deux pays s’est réduit, passant de 11.100 milliards de dollars en 2007 à 5900 milliards de dollars en 2021. Mais depuis 2022, l’écart est reparti à la hausse, atteignant 10.300 milliards de dollars en 2024. Le PIB de la Chine, qui a culminé à 75,3 % du PIB des États-Unis en 2021, est tombé à 64,86 % en 2024, alimentant le débat sur le « pic » économique de la Chine depuis 2023.
Bien que les données officielles chinoises montrent que la part des États-Unis dans le commerce extérieur de la Chine a chuté de 14,2 % en 2017 à 11,2 % en 2023, tandis que la part des exportations de la Chine sur les marchés mondiaux a augmenté de 12,8 % à 14,2 %, suggérant une résilience économique, cette tendance n’est pas viable. L’excédent commercial de la Chine est monté en flèche, atteignant 992,2 milliards de dollars en 2024, alimentant les inquiétudes internationales concernant le problème de surcapacité du pays.
Parallèlement, les États-Unis, premier marché de consommation au monde, ont importé pour environ 3,29 billions de dollars de marchandises en 2024, soit environ 15 % des importations mondiales, malgré un déficit commercial record de 1,21 billion de dollars, ce qui en fait une économie dont aucune nation ne peut se permettre de se dissocier.
Dans ce contexte, la volonté du PCC de créer une coalition internationale anti-américaine semble absurde. Lorsqu’on lui a demandé, lors de sa rencontre avec M. Netanyahou, si les droits de douane américains risquaient de pousser les partenaires commerciaux à se rapprocher de la Chine, M. Trump a répondu par la négative : « Je ne suis pas inquiet. Ils veulent être entre les mains des États-Unis. Ils ne veulent pas être entre les mains des Chinois. »
Bien que les États-Unis aient leurs propres problèmes à résoudre, leurs fondements économiques restent solides. Les réformes économiques de Trump peuvent être difficiles à court terme, mais elles visent à promouvoir la croissance à long terme. En revanche, l’économie chinoise s’est considérablement dégradée depuis 2022, et avec les politiques imprévisibles de Pékin, elle risque de se détériorer encore davantage. Une guerre commerciale avec les États-Unis ne fera qu’exacerber la situation.
Le régime chinois s’est concentré sur les vulnérabilités de l’Amérique tout en négligeant ses propres faiblesses critiques. En choisissant d’intensifier le conflit commercial, le PCC n’agit pas stratégiquement, il court au désastre.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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