Le directeur général de la police nationale a fait le déplacement samedi à Marseille afin de s’entretenir avec les policiers qui ont entamé un mouvement de protestations. Quatre agents de la BAC de Marseille sont impliqués dans une affaire de violences policières, l’un d’entre eux ayant été écroué.
« Le savoir en prison m’empêche de dormir », dit Frédéric Veaux, dans un entretien mis en ligne sur le site du journal Le Parisien. « De façon générale, je considère qu’avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison, même s’il a pu commettre des fautes ou des erreurs graves dans le cadre de son travail », ajoute Frédéric Veaux.
Frédéric Veaux, patron de la police : « Avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison »
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« Mais la justice ne cède jamais à la pression médiatique ou de la rue, elle traite les dossiers. L’émotion et la colère passées, il faut se donner les moyens techniques et judiciaires pour que ce fonctionnaire de police retrouve la liberté », ajoute le DGPN.
« Je partage les propos du DGPN », a tweeté le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ancien préfet de police de Bouches-de-Rhône.
« L’indépendance de la justice, son autorité républicaine sur tous – y compris les policiers – sont remises en cause par un quarteron de chefs de la Police dans une opération coordonnée qui marque un précédent grave. Le silence du gouvernement marque t-il sa complicité ? », s’interroge le député écologiste Benjamin Lucas.
Les fortes divergences au sein de la classe politique, en réaction aux émeutes qui ont secoué le pays et à la qualification de violences policières, ont suscité la réaction de David Le Bars, syndicat des commissaires de police. « De manière générale (…) on devrait avoir un soutien global de la classe politique vis-à-vis des forces de l’ordre, ce qui n’empêche après de sanctionner ceux qui ont commis des fautes. », s’est-il exprimé lundi matin sur le plateau de BFM.
Rappel des faits
Dans cette affaire, trois autres fonctionnaires des BAC Sud et centre de Marseille ont été mis en examen dans la nuit de jeudi à vendredi pour violences en réunion par personne dépositaire de l’autorité publique avec usage ou menace d’une arme ayant entraîné une ITT (incapacité totale de travail) supérieure à 8 jours, et placés sous contrôle judiciaire.
La victime, Hedi, un jeune homme de 21 ans blessé et hospitalisé dans la nuit du 1er au 2 juillet, a expliqué avoir été passé à tabac par un groupe de quatre à cinq personnes qu’il avait identifiées comme des policiers de la brigade anticriminalité, après avoir reçu un tir de LBD dans la tempe.
Le centre de Marseille et ses rues commerçantes ont été le théâtre d’émeutes urbaines après la mort de Nahel, un adolescent tué à Nanterre par un policier alors qu’il tentait d’échapper à un contrôle routier.
Un mouvement de solidarité
Le patron de la police s’est déplacé samedi à Marseille pour rencontrer les effectifs très remontés contre ce placement en détention provisoire de leur collègue. Un déplacement qui se veut « sans filtre, pour leur parler et les écouter », s’est exprimé Frédéric Veaux dans Le Parisien.
Il rappelle le contexte inédit, avec des émeutiers d’une rare violence, dans lequel les forces de l’ordre avaient à intervenir. Selon lui, pour la première fois, ce sont les émeutiers qui allaient à la confrontation avec les forces de l’ordre. Lors de la deuxième nuit de violence, une armurerie de Marseille avait été dévalisée, avait rapporté France Bleu : « La tension est monté d’un cran à Marseille. (…) Le gérant de l’armurerie évoque à France Bleu Provence ‘‘30 gamins déterminés’’ et assure que ‘‘le stock n’est plus sécurisé ’’. »
Ce contexte exceptionnel accroît la tension avec laquelle les policiers doivent assurer leur service de rétablir l’ordre, explique M. Veaux.
Selon une source syndicale, plusieurs centaines de policiers marseillais se sont mis en arrêt maladie. D’autres ont répondu à l’appel du syndicat Unité SGP Police et se sont mis en « code 562 », un jargon policier qui signifie qu’ils n’assument plus que les missions d’urgence et essentielles.
« Je n’ai pas de chiffres précis sur les arrêts maladie, ils nous parviennent ultérieurement. Mais, effectivement, la situation est toujours compliquée sur Marseille. Ces arrêts maladie ne s’étendent pas au reste du territoire, même s’il existe des mouvements de solidarité », souligne Frédéric Veaux.
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