Le prix du café brûle, la note du consommateur pas si amère

Par Epoch Times avec AFP
25 juillet 2021 13:20 Mis à jour: 25 juillet 2021 13:33

Déjà en forte hausse, les cours du café ont connu une poussée de fièvre cette semaine, notamment poussés par la météo et des troubles géopolitiques, mais les consommateurs n’en subissent pas encore les conséquences et celles-ci devraient rester limitées.

« Plusieurs raisons sont à même d’expliquer la hausse astronomique des prix du café » sur les marchés, relève Carlos Mera, analyste chez Rabobank, qui cite en vrac le renchérissement du transport, les troubles politiques en Colombie, troisième producteur mondial, qui ont gêné ses exportations et surtout les conditions météorologiques dévastatrices au Brésil.

Une vague de gel a  frappé les plantations

Après un épisode sec plus tôt dans l’année, une vague de gel a en effet frappé cette semaine les plantations du Minas Gerais, l’Etat qui produit 70% de l’arabica brésilien.

-En altitude à 1 180 mètres sur les flancs des montagnes de Caparao, entre les États brésiliens de Minas Gerais et d’Espirito Santo, les agriculteurs plantent du café Arabica. Photo Mauro PIMENTEL/AFP via Getty Images.

Les températures négatives « provoquent une défoliation des arbres et peuvent même tuer les plus jeunes, de quoi affecter le rendement de la future récolte » du premier producteur et exportateur de café au monde, reprend M. Mera.

L’arabica est également soumis à un phénomène naturel qui fait fortement varier l’offre d’une année sur l’autre: le cycle « biennal » qui affecte les plants et leur fait alterner bonne productivité et rendement moindre, comme pour la saison à venir.

La demande suis la réouverture progressive des lieux de consommation

En face, la demande repart à mesure de l’avancée des campagnes de vaccination contre le Covid-19 et de la réouverture progressive des lieux de consommation hors domicile, où l’arabica, contrairement au robusta présent surtout dans les cafés solubles, est privilégié.

« Avec la réduction prévue de la production de nombreux pays exportateurs au cours de la saison 2021-22, l’offre totale devrait être inférieure à la consommation mondiale », a même prévenu au début du mois l’Organisation internationale du café (OIC), après plusieurs années excédentaires.

-Les baies de café mûrissent sur les branches d’un arbuste à café dans une plantation de haute altitude dans l’état de Minas Gerais, Brésil. Photo de David Silverman /Getty Images.

Résultat, le prix d’une livre d’arabica a flambé depuis janvier, prenant 60% pour dépasser temporairement vendredi les 2 dollars, une première depuis octobre 2014.

Les prix du robusta, variété principalement cultivée en Asie du sud-est, ne sont pas en reste: ils se sont appréciés d’environ 7% depuis lundi et de près de 40% depuis le début d’année.

Les cours du café particulièrement bas ces dernières années

L’économiste spécialiste des matières premières Philippe Chalmin rappelle toutefois que les cours du café ont été particulièrement bas ces dernières années.

La livre d’arabica coûtait encore plus de 3 dollars il y a un peu plus de dix ans, en mai 2011.

« Les producteurs de café sortent d’une très longue crise des prix », abonde Valeria Rodriguez, responsable du pôle Plaidoyer & Mobilisation au sein de l’association de commerce équitable Max Havelaar.

À une altitude de 1 180 mètres sur les flancs des montagnes Caparao, entre les États brésiliens de Minas Gerais et Espirito Santo, les agriculteurs plantent du café Arabica. Photo Mauro PIMENTEL/AFP via Getty Images.

« Ces quatre ou cinq dernières années, la plupart d’entre eux ont travaillé à perte« , explique-t-elle à l’AFP, « et derrière chaque récolte moindre se cachent des producteurs qui perdent leurs revenus ».

Cette hausse va-t-elle être répercutée sur le consommateur final ? Oui, répond Carlos Mera, mais peu et pas tout de suite.

Le prix du café vendu en grande surface n’a que très peu bougé 

« Les torréfacteurs utilisent le marché pour se couvrir contre les hausses de prix à court terme, de sorte qu’il faut généralement trois à neuf mois pour en voir les effets au niveau des ventes au détail », détaille-t-il à l’AFP.

La hausse du prix pour les consommateurs restera cependant beaucoup moins élevée que celle de la matière première, qui n’est qu’une composante du prix parmi d’autres: transport, emballage, marketing…

-La Colombie est le troisième producteur de café, après le Brésil et le Vietnam et le premier des fameux cafés doux, de qualité supérieure. Photo Raul ARBOLEDA/AFP via Getty Images.

« Le café moulu est vendu en moyenne 15 euros le kilo et celui en dosette 45 euros le kilo, voire davantage », souligne Mme Rodriguez, loin du cours actuel de l’arabica, toujours inférieur à 4 euros le kilo.

En France, le prix du café vendu en grande surface n’a que très peu bougé ces derniers mois et reste proche de son prix de référence de 2015, selon des données partagées par l’Insee.

La hausse actuelle des cours du café s’inscrit par ailleurs dans un contexte plus large d’inflation des prix des matières premières, qu’elles soient agricoles ou industrielles, le cuivre ou l’étain ayant par exemple battu ces dernières semaines des records historiques.

 

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