Inventeur auto-proclamé de l’« afro-trap », adulé en France et à l’étranger, la rappeur MHD a vu sa carrière météorique freinée par un an et demi de détention provisoire pour son implication présumée dans un meurtre lors d’une rixe entre bandes.
Mohamed Sylla de son vrai nom, 28 ans, comparaîtra libre lundi devant la cour d’assises de Paris pour homicide volontaire, aux côtés de huit autres accusés. « J’avais des projets qui rapportent, mais le poto a tout gâché (…) J’devais remplir mon Bercy, pardon maman j’ai tout gâché », entonne-t-il dans Tout gâcher, sur son troisième et dernier album Mansa sorti en 2021.
Peut-être une référence à sa voiture qui a servi à renverser la victime au début de la rixe en 2018, sur fond de règlement de comptes supposé entre bandes rivales. Un véhicule qu’il prêtait souvent, selon plusieurs acteurs du dossier. Des témoins ont indiqué avoir formellement identifié MHD sur place, le rappeur l’a constamment nié.
Sous contrôle judiciaire
Après un an et demi de détention, à l’été 2020, il a été remis en liberté sous contrôle judiciaire, interdit de se rendre à Paris, obligé de pointer au commissariat chaque semaine et astreint à une caution de 150.000 euros.
Avec son « afro-trap », mélange de hip-hop et de musiques africaines, tout est allé très vite avant cet épisode judiciaire : plus de 400.000 exemplaires de son premier album (« MHD ») en 2016 vendus, sur scène au prestigieux festival Coachella en Californie en 2018 aux côtés de Beyoncé et Eminem, ou encore ambassadeur de la marque Puma. Il décroche même un premier rôle au cinéma, celui… d’un jeune accusé de meurtre dans Mon frère. Toujours en 2019, une nouvelle tournée internationale l’attend avec une soirée de gala à l’Accor Arena (Bercy) à Paris. Mais il est écroué en janvier.
Depuis sa remise en liberté, il reste productif puisqu’un nouveau single, Jungle, est sorti le 25 août. Dans le clip, on le voit sortir indemne d’un accident de voiture, cheveux ras et bouc au menton. Il s’est produit à la même date dans une salle de Bordeaux pour un mini-concert. Mansa est désormais disque d’or (seuil de 50.000 ventes).
Né en Vendée, dans une famille de cinq enfants de parents d’origines sénégalaise et guinéenne, il a grandi à Paris. Son deuxième album, en 2018, s’intitule 19, en hommage à l’arrondissement parisien où il vivait. Il gagne d’abord sa vie via des petits boulots comme livreur de pizza. En 2015, un « freestyle » (improvisation) posté sur les réseaux sociaux le fait remarquer. Sa vie change l’année suivante : son tube « Afro Trap Part.3 (Champions League) », à la gloire du PSG alors qu’il soutient les Girondins de Bordeaux, est relayé par les joueurs parisiens.
« Rêve de gosse »
Il vit son « rêve de gosse », comme il le confie à l’AFP à l’occasion de son passage à Washington, en 2017 lors d’une tournée aux États-Unis et au Québec. Le rappeur est même invité à l’Élysée par François Hollande en 2017 pour rencontrer le Président guinéen Alpha Condé et par Emmanuel Macron début 2018 à l’occasion d’une journée de la francophonie. MHD rencontre un succès équivalent à Conakry, en Guinée, où il est contraint de couper court à un concert en 2016 devant un public trop nombreux. L’année suivante, il se produit sans encombre dans un stade de plus de 60.000 personnes.
Consacré par le star-système international (Madonna fait écouter sa musique à son fils et le rappeur canadien Drake lui emprunte un pas de danse), il est couronné par la presse comme le « Petit Prince » de l’« afro-trap ». Il est toujours suivi par 2,6 millions de personnes sur Instagram, écouté par près de 4 millions de fans par mois sur Spotify (plateforme reine de streaming musical) et ses clips dépassent le milliard de vues cumulées.
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