La hausse des taux d’intérêt et le ralentissement de l’économie mondiale vont-ils enrayer le crédit auto? Les tensions commerciales sont-elles là pour durer? Le salon automobile de Détroit s’ouvre lundi dans un climat d’incertitude pour un secteur affecté par la flambée des coûts de l’acier et de l’aluminium.
Cette édition, qui marque les 30 ans de cette grand-messe, est la dernière se tenant en hiver: à partir de 2020, les organisateurs donneront rendez-vous au mois de juin pour donner une meilleure visibilité au salon, dont les dernières éditions ont été éclipsées par le raout de l’électronique de Las Vegas (CES) où se bousculent les constructeurs automobiles pour présenter les technologies des modes de transport de demain.
C’est la première fois depuis 2009, année de la faillite de General Motors (GM) et de Chrysler, que l’automobile est prise dans un tourbillon d’inconnues.
En vrac, il y a l’éventuelle disparition des berlines et citadines en Amérique du Nord, l’envolée des prix de l’acier et de l’aluminium, conséquence de la guerre commerciale que se livrent la Chine et les Etats-Unis, les deux premiers marchés automobiles au monde, et le ralentissement économique mondial, principalement de l’économie chinoise, qui coïncide avec la remontée des taux d’intérêt américains.
Les experts s’interrogent aussi sur les conséquences sur les ventes de voitures du renchérissement du coût du crédit pour les consommateurs et de la hausse actuelle des prix des véhicules. Les subventions fédérales accordées aux voitures électriques ont fortement diminué, GM et Ford sont en pleine restructuration, tandis que le niveau très élevé des stocks de Fiat Chrysler inquiète pour sa part les marchés financiers.
Après une série de revers, dont des accidents mortels, et une réglementation qui se fait encore attendre, l’euphorie générée par le développement de la voiture autonome, promise sur les routes dès 2020 par un grand nombre de constructeurs et de géants de la Silicon Valley, s’est évaporée. « Ce qui va être le consensus lors de ce salon de Détroit, c’est que les bénéfices et les ventes vont commencer à se contracter cette année », estime Adam Jonas, analyste chez Morgan Stanley.
Par conséquent, « ce ne serait pas une surprise de voir certains constructeurs réévaluer la pertinence de certaines usines », opine Jessica Caldwell chez Edmunds.com. GM a déjà fait part de fermetures d’usines et de suppressions d’emplois et pourrait annoncer de nouvelles mesures d’économies.
Ford devrait lui emboîter le pas dans les prochaines semaines après avoir décidé de mettre fin à la production de berlines et de citadines aux marges faibles. Il pourrait fermer des usines aux capacités sous-utilisées et supprimer des dizaines de milliers d’emplois à travers le monde, avance Adam Jonas.
Si les ventes de véhicules neufs ont atteint aux Etats-Unis un nouveau record en 2018, environ 17,3 millions de nouvelles immatriculations, en hausse de 1,8% sur un an, la plupart des observateurs tablent sur un recul marqué cette année et parient sur une cascade de mauvaises nouvelles pour les actionnaires.
GM, groupe américain le plus exposé à la Chine, devrait donner le ton lors d’une journée dédiée aux investisseurs à New York ce vendredi, au cours de laquelle la PDG Mary Barra doit dévoiler les objectifs financiers pour 2019. Traditionnellement, le constructeur américain s’adonne à cet exercice après les deux premières journées du salon de Détroit. Signe de la morosité actuelle, aucune annonce majeure n’est attendue lors du salon, où seront absents les grands constructeurs allemands à l’exception de Volkswagen.
Le « Big Three » américain sera également discret même si Ford pourrait révéler la Shelby GT 500, la Mustang la plus rapide jamais produite. Cadillac, seule des quatre marques de GM à tenir un événement officiel, prévoit finalement de dévoiler, après une longue attente, le SUV XT6, censé combler un vide dans sa bataille face aux groupes allemands.
Ford et Volkswagen pourraient toutefois annoncer une alliance stratégique de grande ampleur portant sur les voitures autonomes et électriques, a indiqué à l’AFP une source proche du dossier.
« Le salon de Détroit est en période de transition », résume Michelle Krebs, experte chez Autotrader. On est en effet loin de l’effervescence ayant conduit Toyota et Nissan à lancer à Détroit en 1989 leurs marques premium respectives Lexus et Infiniti. Brian Moody, analyste également chez Autotrader, préfère relativiser, estimant que le salon de Détroit est devenu le lieu où s’exposent les technologies disponibles et accessibles.
« On va y voir les technologies liées à la sécurité des voitures, le type de choses que les consommateurs peuvent acheter dans moins d’un an », déclare M. Moody. Le salon, qui draine encore près d’un million de personnes, ouvrira ses portes à la presse lundi et au public à compter du 19 et ce jusqu’au 27.
D.C avec AFP
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