Cette étude est une mise à jour d’une autre étude marquante de 2017, incluant la collecte de données sur sept années supplémentaires et dans des régions qui n’avaient pas été analysées auparavant. L’étude a révélé que le taux de déclin était de plus de 2,6% par an à partir de 2000, contre 1,16% par an à partir de 1972.
Quelles sont les causes de ce déclin alarmant et comment un homme peut-il récupérer un taux de spermatozoïdes plus élevé ? Le Dr Shanna Swan, co-auteure de l’étude est une épidémiologiste réputée dans le domaine de l’environnement et de la reproduction. Selon elle, l’exposition aux produits chimiques présents dans l’environnement et un mode de vie malsain en sont les deux principales raisons.
« Tout d’abord, si on considère la charge chimique de l’environnement auquel les gens ont été exposés, elle a augmenté », explique le Dr Swan à Epoch Times. « Si vous regardez le taux de production de plastique, depuis 1950, il a augmenté de façon spectaculaire, plus de 1% par an. Il s’agit d’une cause majeure. »
De nombreux travaux ont montré que les produits chimiques compromettent la qualité du liquide séminal ou la santé reproductive de l’homme. Le Dr Swan, qui effectue des recherches dans ce domaine depuis 30 ans, a mené ses propres recherches. Dans son livre Count Down [Taux à la baisse], elle qualifie les plastiques et les produits chimiques de « menaces silencieuses et omniprésentes ». Ils sont partout et qu’il est impossible de les éviter complètement.
Les plastiques et les produits chimiques sont présents dans les bouteilles d’eau, les jouets pour enfants, les appareils électroniques, les meubles, les matériaux de construction, les aliments, les emballages alimentaires, l’eau potable, les produits de soins personnels, etc. Leurs particules peuvent être ingérées, inhalées ou absorbées par la peau.
« D’autre part, certains autres facteurs liés au mode de vie, comme l’obésité, augmentent rapidement », explique le Dr Swan, ajoutant que le stress et l’alimentation sont également des facteurs importants.
Des études ont également montré que le tabagisme, la consommation excessive d’alcool, une alimentation malsaine, l’obésité, les drogues, le stress, etc. étaient associés à une baisse du nombre de spermatozoïdes.
Pourquoi le nombre de spermatozoïdes est-il important ?
Le nombre de spermatozoïdes n’est pas seulement un critères permettant d’évaluer la qualité du liquide séminal chez un homme. C’est aussi un indicateur important de son état de santé global.
« Un faible nombre de spermatozoïdes nuit directement à la santé. Les hommes dont le nombre de spermatozoïdes est faible et les femmes qui ont des problèmes de reproduction ont une espérance de vie plus courte. Ils meurent plus jeunes. Il existe un grand nombre d’études à ce sujet. »
Une étude de 2016 a été menée auprès de plus de 13.000 hommes chez qui on avait diagnostiqué une infertilité. L’étude a révélé que les hommes ayant une faible concentration de spermatozoïdes présentaient un risque accru de 30% de développer un diabète et de 48% de développer une cardiopathie ischémique.
Une étude de 2018 a montré qu’un faible taux de spermatozoïdes était associé à des altérations métaboliques, à un risque cardiovasculaire et à une faible masse osseuse. Les hommes ayant un faible nombre de spermatozoïdes avaient également un risque plus élevé de développer un diabète, une maladie cardiaque et un accident vasculaire cérébral.
Même si aucun lien de cause à effet n’a été établi entre le nombre de spermatozoïdes et l’infertilité, un faible nombre de spermatozoïdes diminue la probabilité de concevoir un enfant.
« Vous pouvez constater que dans presque tous les pays du monde, la fertilité a diminué. Et le taux de déclin correspond exactement au taux de déclin du nombre de spermatozoïdes. Il est d’environ 1% par an. »
Selon les données de la Banque mondiale, le taux de fécondité mondial a baissé au cours des 60 dernières années.
Le Dr Swan souligne que, dans le même temps, la fonction reproductive des femmes décline dans des proportions égales à celle des hommes. Le phénomène touche aussi les animaux.
Pour rétablir le nombre de spermatozoïdes et améliorer la santé reproductive, le Dr Swan suggère aux hommes de changer certaines habitudes et de réduire l’empreinte chimique de leur maison.
Réduire l’exposition aux produits chimiques
Selon le Dr Swan, une des principales sources de produits chimiques est l’alimentation, en particulier les aliments transformés.
« Lorsqu’on transforme les aliments, qu’on traie une vache ou qu’on fait de la sauce tomate pour les pâtes, on les faits passer dans du plastique. »
Le plastique contient des phtalates. Les phtalates constituent un grand groupe de composés chimiques. Ils sont souvent utilisés pour rendre flexibles les plastiques. Les phtalates ne sont pas chimiquement liés au plastique. « Ils quittent donc le plastique et passent dans la nourriture qui se retrouve dans le corps. »
Une revue systématique de 2018 a trouvé « des preuves solides d’une association entre l’exposition au DEHP et au DBP [deux types de phtalates] et les résultats reproductifs masculins », notamment une réduction de la qualité du liquide séminal et un délai plus long avant d’obtenir une grossesse.
« Une autre mesure à prendre éventuellement, c’est de faire attention au plastique qui se trouve dans la cuisine sous diverses formes ou des produits connexes, comme le téflon, l’antiadhésif, le produit chimique PFAS. »
« Essayez d’utiliser le verre, la porcelaine et le métal dans la mesure du possible. Et, bien sûr, ne pas utiliser de plastique dans le micro-ondes. C’est une très mauvaise chose à faire. »
Les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) sont un groupe de produits chimiques manufacturés qui ont été utilisés dans l’industrie et les produits de consommation, tels que les produits antitaches et hydrofuges utilisés sur les tapis, les tissus d’ameublement, les vêtements et autres tissus, les produits de nettoyage, les ustensiles de cuisine antiadhésifs, les peintures, les vernis et les mastics d’étanchéité. Des études ont montré que l’exposition à certains niveaux de PFAS peut entraîner une baisse de la fertilité, un risque accru de certains cancers, etc.
Dans son livre Count Down, le Dr Swan donne une liste complète de conseils pour réduire l’empreinte chimique d’une maison, notamment en évitant les pesticides et herbicides synthétiques, en bannissant les désodorisants, certains produits d’entretien et produits de soins personnels, etc.
Un mode de vie sain
En ce qui concerne le maintien d’un mode de vie sain, le Dr Swan commence par une alimentation saine.
« Le régime méditerranéen est très utile. » Il s’agit de consommer des aliments frais et non transformés. « C’est une bonne chose car vous bénéficiez des deux côtés, au niveau du mode de vie et au niveau des produits chimiques. »
Le régime méditerranéen a été reconnu comme un des meilleurs régimes alimentaires. Sa principale caractéristique, des aliments végétaux non transformés. Les fruits, les légumes, les céréales complètes, les haricots, les noix et les graines sont consommés naturellement. Il est également connu pour ses protéines maigres, notamment le poisson, les fruits de mer et la volaille, et pour sa consommation réduite de viande rouge.
Des études ont montré que le régime méditerranéen n’est pas seulement bénéfique pour la santé, mais qu’il améliore également la qualité du liquide séminal. Une analyse de 2019 publiée dans Nature établit une association positive entre la consommation d’un régime méditerranéen et l’amélioration du liquide séminal sur plusieurs aspects. L’étude montre également que les aliments typiques fortement consommés dans les modèles alimentaires occidentaux, tels que la viande transformée, l’alcool, les boissons sucrées et les bonbons, sont associés à certains effets négatifs dans la qualité de la semence.
« L’obésité est un facteur important. Mais je dirais qu’avant l’obésité, c’est le tabagisme. Le tabagisme est vraiment mauvais pour la qualité du liquide séminal. »
La gestion du stress est également importante. « Nous avons montré que lorsque les hommes font état d’un événement très stressant dans leur vie, leur nombre de spermatozoïdes est plus faible. Qu’il s’agisse d’un déménagement, d’un divorce, d’une maladie ou d’un changement d’emploi. »
On sait que la chaleur affecte la production de spermatozoïdes. Par conséquent, si un homme envisage d’avoir un enfant ou de récupérer son nombre de spermatozoïdes, il ferait mieux d’éviter les bains à remous, les saunas et les longues promenades à bicyclette, selon le Dr Swan.
Dans son livre, le Dr Swan révèle d’autres aspects du mode de vie pouvant compromettre le taux de spermatozoïdes et la santé reproductive. Elle évoque notamment le fait de ne pas mouvoir son corps suffisamment et de rester devant la télévision ou des écrans toute la journée. Sont également nocifs certains médicaments, comme de fortes doses de Tylenol.
Le Dr Dorette Noorhasan, endocrinologue de la reproduction et spécialiste de l’infertilité s’est exprimée pour Epoch Times sur le sujet. Selon elle, le fait de modifier son mode de vie apporte des résultats très positifs, tant chez les hommes que chez les femmes.
« J’ai vu les paramètres du la semence s’améliorer, notamment la motilité et la morphologie », explique-t-elle.
La motilité est la capacité des spermatozoïdes à se déplacer dans le liquide. La morphologie est la forme des spermatozoïdes. Ces deux paramètres sont importants pour la qualité de la semence.
Le Dr Noorhasan insiste sur la nécessité de pratiquer une activité physique modérée tous les jours et de manger des aliments non transformés. « Essayez de manger des produits venant directement d’une ferme ou des produits biologiques. »
Auteur de deux livres sur la fertilité, le Dr Noorhasan suggère de prendre des suppléments de vitamines. Selon elle, les hommes peuvent prendre quotidiennement des multivitamines et y ajouter d’autres « antioxydants excellents pour les spermatozoïdes », tels que le zinc, les vitamines C et D, la coenzyme Q10 et les oméga 3.
Les dommages peuvent se transmettre aux générations futures
L’exposition aux produits chimiques et les habitudes de vie malsaines peuvent compromettre le développement du fœtus et avoir un impact sur la santé reproductive et la santé générale de l’enfant, voire sur la génération suivante, averti le Dr Swan.
« Si on modifie profondément le développement du fœtus, cela ne changera jamais et cela n’affectera jamais qu’un seul système. »
« Si vous modifiez, par exemple, la testostérone (ce que j’étudie le plus) au début de la grossesse, vous n’allez pas seulement affecter la santé reproductive, mais aussi le développement neurologique – le cerveau a également besoin d’une quantité adéquate de testostérone. En interférant avec les hormones en début de grossesse, on affecte l’ensemble de l’organisme. »
Dans son livre, le Dr Swan fait référence à une étude de 2017. Cette étude révèle que certains phtalates sont associés à des changements dans l’ADN des spermatozoïdes, ce qui entraîne une baisse de la qualité des embryons et une diminution des chances d’implantation. Les phtalates affectent les gènes qui peuvent influencer le développement reproductif d’un bébé mâle et, à terme, la qualité du liquide séminal et l’état de fertilité d’un homme adulte.
Les femmes ne sont pas à l’abri de ces effets. Par exemple, un homme adulte qui fume voit généralement son nombre de spermatozoïdes diminuer de 15%, mais le taux peut revenir à des niveaux normaux s’il arrête la cigarette. En revanche, une mère qui fume pendant sa grossesse peut faire perdre à son fils adulte jusqu’à 40% de son nombre de spermatozoïdes. Ce phénomène est irréversible.
« Tout ce dont nous avons parlé est encore plus important pour le développement du fœtus. C’est pourquoi la femme enceinte doit être très prudente. Et l’homme qui envisage une grossesse doit être prudent, car la semence qui va concevoir l’enfant a besoin de 70 jours pour maturer », a ajouté le Dr Swan.
Le Dr Natan Bar-Chama, urologue et ancien président de la Society for Male Reproduction and Urology, partage les mêmes inquiétudes. Il est également le directeur du Center for Male Reproductive Health at RMA of New York.
Il explique pour Epoch Times que l’exposition aux toxines environnementales, les facteurs liés au mode de vie et les maladies nuisent probablement à la qualité d’une semence et rendre difficile la conception d’un enfant. « Mais ce qui me semble plus alarmant, ou tout aussi alarmant, c’est que la santé des spermatozoïdes est affectée, ce qui peut entraîner une augmentation du taux de fausses couches et avoir un impact sur la santé de l’enfant. »
« C’est une des raisons pour lesquelles nous voulons souvent optimiser le mode de vie de l’homme et la qualité de sa semence, au-delà du simple fait de réussir à provoquer une grossesse. Il s’agit de garantir que la grossesse ne posera pas de problèmes et que l’enfant sera en bonne santé. »
Le Dr Swan a souligné que la baisse inquiétante du nombre de spermatozoïdes, de plus de 1% par an, était cohérente avec les tendances négatives en matière d’anomalies congénitales. Des études menées au Royaume-Uni, au Danemark et en Suède ont toutes mis en évidence cette tendance.
« Je pense que les gens devraient être conscients qu’ils sont continuellement agressés par des influences indépendantes de leur volonté, y compris les produits chimiques, le stress, l’air vicié, l’eau viciée, etc. Cela affectera leur santé, celle de leur progéniture et probablement celle de leurs petits-enfants », déclare le Dr Swan à Epoch Times.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.