La cheffe des Ecologistes Marine Tondelier, connue pour son combat contre l’extrême droite à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), s’est replacée au centre du jeu dans la bataille pour empêcher le RN d’arriver au pouvoir, et trouve là l’opportunité de faire oublier l’échec de son parti aux européennes.
Au lendemain du premier tour des élections législatives, elle est apparue sur France inter, la voix cassée par l’émotion et l’indignation, pour dénoncer « le comportement de lâche et de privilégié » du ministre Bruno Le Maire, qui venait de s’opposer au désistement républicain pour un candidat LFI face au RN.
L’initiative d’une union face au Rassemblement national
Dès l’annonce surprise de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron au soir du résultat des européennes, l’écologiste, qui ne se déplace plus sans son emblématique veste vert pomme, prend l’initiative et appelle tous les responsables de gauche pour former une union face au Rassemblement national.
Un pari risqué après des semaines de campagne particulièrement violente, où la gauche est apparue plus fracturée que jamais.
Mais Marine Tondelier appelle alors à oublier les dissensions car « l’heure est grave ».
« Tout le monde nous donnait pour morts » le soir de la dissolution, « 24 heures après on annonçait la création du Front populaire devant notre local, avec tout le monde qui était progressivement venu discuter à l’intérieur. Les bons contacts de confiance qu’on avait avec les uns et les autres ont compté », se félicite l’écologiste, seule femme cheffe de parti de la coalition.
« Elle a été à la manoeuvre pour pousser à l’union », estime l’eurodéputé écologiste David Cormand, jugeant qu’elle fait partie de ces gens qui, « en cas de crise, savent se hisser à un certain niveau de jeu ».
Et pour cause, Marine Tondelier, 37 ans, s’est forgée politiquement à Hénin-Beaumont, fief de « l’autre Marine », – la patronne du RN Marine Le Pen –, où elle se bat dans l’opposition municipale depuis 10 ans.
L’écologiste a relaté cette expérience dans le livre « Nouvelles du Front » en 2017. Face à la droite nationaliste, elle répète inlassablement qu’il ne faut « baisser ni les yeux, ni la tête, ni les bras ». « Nous allons faire campagne jusqu’au bout, et si les macronistes comme Aurore Bergé ne sont pas responsables, alors nous le serons pour deux, pour trois si besoin » a-t-elle déclaré sur X.
« Pas une voix pour l’extrême droite. Jamais. Nous pouvons les empêcher d’avoir une majorité absolue. Et le barrage face au RN ne se fera pas au prix de la compromission avec ceux qui ont mis des cibles dans le dos de nos compatriotes juifs » avait écrit sur X Aurore Bergé, ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations.
Toujours domiciliée dans la même ville où habitent ses parents et grands parents, elle a combattu à plusieurs reprises Marine Le Pen aux législatives, sans succès, même en 2022 comme candidate de l’alliance de gauche Nupes.
Refusant de « déserter » la circonscription, elle s’est présentée dimanche comme suppléante de la candidate socialiste du Nouveau front populaire Samira Laal, qui a échoué (26,05%) face à Marine Le Pen, élue au premier tour (58,04%).
Elle est aussi élue conseillère régionale des Hauts-de-France depuis 2021 et siège dans l’opposition au président LR Xavier Bertrand depuis lors.
« C’est dans l’identité de Marine Tondelier d’être en première ligne contre l’extrême droite », estime le sénateur PS de l’Oise Alexandre Ouizille. A Hénin-Beaumont et à la région, « je l’ai toujours vue à l’offensive, je ne suis pas surpris de la retrouver aux avant-postes », dit-il.
Marine Tondelier réclame d’ailleurs de pouvoir débattre avec le patron du RN, Jordan Bardella, avant le second tour des législatives. Mais ce dernier refuse, préférant le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon. « Jordan Bardella a peur » de débattre avec elle car elle connaît « trop bien leurs méthodes », ont réagi les Ecologistes.
« Je ne vais pas lâcher l’affaire. Sinon les femmes et l’écologie continueront d’être invisibilisées dans cette campagne, ce qui est un vrai problème », a ajouté la cheffe écologiste.
Des critiques après la contre-performance des européennes
Au sein du parti, les critiques qui ont fusé après la contre-performance des européennes où la tête de liste Marie Toussaint a péniblement atteint 5,5% loin des 15,5 de 2019, ont été mises en sourdine.
Certains déploraient notamment le choix de Marine Tondelier de refuser toute liste commune de la gauche aux européennes, et réclamaient un Congrès anticipé.
« Tondelier est une miraculée. Normalement elle devrait dégager, après ce qu’elle a fait aux européennes. Elle peut dire merci Macron », ironise un cadre insoumis.
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