Le ministre allemand des Finances a mis en garde jeudi contre une « tragédie » sur le plan budgétaire en France si le futur gouvernement issu des élections législatives devait mener une politique budgétaire trop laxiste.
« Pour les Françaises et les Français, une tragédie pourrait menacer », a déclaré Christian Lindner lors d’une conférence devant l’institut économique IFO, en réponse à une question sur le sujet.
Selon le ministre libéral, la France pourrait vivre un moment comparable au Royaume-Uni à l’époque de « certaines décisions budgétaires du gouvernement Truss », qui lui avait fait perdre « sa crédibilité auprès des marchés des capitaux ». Il faisait référence à l’ancienne cheffe du gouvernement britannique, Liz Truss. Elle avait dû démissionner en 2022 peu après son arrivée à Downing Street, après avoir proposé un projet de budget ayant fait paniquer les marchés.
Le ministre a aussi dit « espérer » qu’en pareil cas la Banque centrale européenne (BCE) n’ait pas besoin « d’être mise à contribution » pour soutenir la France sur les marchés financiers. « Et cela pour plusieurs raisons, nous le disons par empathie pour la France, mais aussi parce qu’une intervention forte de la BCE soulèverait certaines questions d’ordre économique mais aussi constitutionnel », a ajouté le ministre.
L’institut monétaire de Francfort a la possibilité théorique d’agir si les taux d’emprunts d’État d’un pays comme la France devaient dans un pareil scénario trop augmenter. La BCE pourrait alors acheter, sous conditions, de la dette pour ramener le calme.
Pas « risque de contagion »
Le ministre a toutefois dit ne pas craindre de « risque de contagion » d’éventuels remous sur le secteur bancaire français et européen dans leur ensemble. M. Lindner est le chef du parti libéral allemand FDP, très à cheval sur la discipline budgétaire en Allemagne et en Europe. Un conflit l’oppose sur le sujet depuis plusieurs mois aux autres membres de la coalition gouvernementale du chancelier Olaf Scholz, sociaux-démocrates et Verts.
Le ministre des Finances réclame des coupes budgétaires alors que les deux autres partis, de gauche, veulent davantage de flexibilité budgétaire pour emprunter.
La perspective d’une victoire aux législatives françaises des 30 juin et 7 juillet du Rassemblement national (RN), à l’extrême droite, ou de l’alliance de gauche Nouveau Front populaire, formations en tête des sondages, suscite des inquiétudes sur les marchés en raison notamment des promesses budgétaires des deux camps.
La gauche veut augmenter nettement le salaire minimum ou indexer les salaires sur l’inflation et s’affranchir des contraintes européennes de limitation du déficit public (3% du PIB par an). Le Rassemblement national veut baisser les impôts et, comme la gauche, revenir sur des réformes controversées du régime des retraite et des allocations chômage.
La Commission européenne vient dans ce contexte d’ouvrir la voie à une procédure pour déficit public excessif contre la France. Le déficit du pays a en effet dérapé en 2023 à 5,5% du PIB, si bien que fin mai l’agence de notation américaine S&P a baissé la note souveraine de la France.
« Des conséquences dramatiques »
En outre les taux d’emprunt de la deuxième économie européenne ont augmenté depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron, après sa débâcle aux européennes du 9 juin.
En Allemagne les inquiétudes sont vives. Le chancelier Olaf Scholz a dit en début de semaine « se faire du souci » sur l’issue de ces élections. « Pour une élection perdue, Emmanuel Macron a décidé de jouer un jeu ultra-risqué dont dépend le destin de l’Europe. Si il le perd, cela pourrait mettre fin à l’Europe », lui a fait écho dans une tribune à Project Syndicate cette semaine l’ancien ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer, dont la voix porte dans le pays.
« L’Europe peut vivre avec un parti post-fasciste en Italie. Mais si le parti de Marine Le Pen gagne la majorité, cela aura des conséquences dramatiques », a-t-il mis en garde.
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