Le Nouveau Front populaire demande « un effort » aux milliardaires, le Rassemblement national veut rassurer sur les dépenses, et la majorité comme la droite vantent leur côté pro-business : les représentants des principaux partis dans la course aux législatives passaient leur grand oral jeudi devant les patrons.
Ces prises de parole avaient lieu au moment où le Premier ministre Gabriel Attal présentait le programme de la majorité et appelait les Français à le choisir comme Premier ministre. Il était en particulier interrogé sur la nécessité ou pas de faire campagne avec Emmanuel Macron, compte tenu de l’animosité que le président suscite chez les électeurs.
Édouard Philippe vainqueur à l’applaudimètre
Devant les patrons, c’est l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, pour Horizons, qui a ouvert la série d’auditions salle Gaveau à Paris, en redisant son attachement à la politique en faveur des entreprises déployée par l’actuelle majorité présidentielle.
« Il ne faut absolument pas changer la logique » de la politique pro-entreprises mise en œuvre depuis 2017, a-t-il déclaré devant un large auditoire composé d’organisations patronales telles que la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), l’Union des entreprises de proximité (U2P), ou le Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (Meti), outre le Medef. Il faut « même aller plus loin », selon lui. D’après Capital, Édouard Philippe serait le gagnant de ces entretiens si l’on s’en réfère à l’applaudimètre. En argumentant qu’« une économie a besoin de stabilité, de prévisibilité et de cohérence », l’ancien Premier ministre s’alignait ne faisait rien d’autre que répéter les demandes des patrons prononcées quelques minutes, souligne le journal.
Il a été suivi par Éric Coquerel (LFI) et Boris Vallaud (PS) pour le Nouveau Front populaire, qui ont défendu un programme accusé par l’exécutif d’être dispendieux et par le Medef, première organisation patronale, de proposer des mesures « dangereuses » pour l’économie tout comme celui du Rassemblement national.
Sur scène, M. Vallaud a proposé un « pacte productif nouveau » unissant les travailleurs, les capitaines d’industrie et les consommateurs. Critiqué pour les désaccords internes sur le chiffrage du programme, M. Coquerel a promis « quelque chose d’homogène » d’ici à la fin de la semaine.
Globalement l’ensemble des dirigeants politiques ont été applaudis durant ces auditions, mais des huées ont été entendues au moment où M. Coquerel a fait la distinction entre « ceux qui produisent des richesses dans ce pays et ceux qui regardent avant tout les cours de la Bourse ».
Pour financer le programme en partie, M. Vallaud mise sur la croissance. Il a réclamé aussi « un effort de patriotisme économique » aux milliardaires.
Sur scène après la gauche, Jordan Bardella et Éric Ciotti sont apparus pour la première fois côte à côte depuis l’annonce de leur alliance – pour le Rassemblement national et ses partenaires.
M. Bardella a dénoncé la « déraison budgétaire » du gouvernement et le « risque de décrochage économique ». Il a promis un audit des comptes publics pour y remettre « de l’ordre » et s’est engagé à supprimer « intégralement » la CVAE, un impôt de production qui pèse sur les entreprises – cette dernière mesure étant également défendue par la majorité.
Interrogé sur l’abrogation de la réforme des retraites, Jordan Bardella a affirmé qu’il « ne décalerai[t] pas l’âge de départ à la retraite », souhaitant fixer l’âge légal à 62 ans, sous-entendant néanmoins devoir prendre en compte les conclusions de l’audit des finances qu’il demandera s’il est Premier ministre. Il tient à ce que « ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans puissent partir à 60 ans avec 40 annuités ». « J’ai un impératif de justice sociale qui est celui des carrières longues. Il y a des millions de Français qui ont des métiers très difficiles et qui aimeraient pouvoir profiter de la retraite sans avoir le dos cassé et en bonne santé », a-t-il insisté.
« On n’a absolument pas compris quel serait le calendrier et la réalité » de l’abrogation de la réforme, a réagi le patron du Medef Patrick Martin à l’issue des auditions, jugeant que « quand c’est flou c’est qu’il y a un loup ». Sur la gauche, M. Martin a par ailleurs fustigé la proposition de Smic à 1600 euros, affirmant « que si on veut précipiter la faillite d’entreprises allons-y gaiement ».
Ces auditions ont eu lieu dans un contexte où les finances publiques françaises sont dans le rouge et ont été épinglées mercredi par la Commission européenne qui a ouvert la voie à des procédures pour déficits publics excessifs. Malgré cela, les promesses électorales se sont multipliées, au sein de la coalition de gauche, au RN et même au sein de l’exécutif après de récents engagements de Gabriel Attal en faveur du pouvoir d’achat.
Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a toutefois prévenu au cours de ces auditions salle Gaveau : « la marge de manœuvre budgétaire de la France, elle est nulle », et qualifiant les propositions de l’union de la gauche et du RN de « programmes délirants et à contretemps de la situation des finances publiques ».
Dernier à passer sur le gril au terme de plus de quatre heures d’audition, le sénateur LR Bruno Retailleau a critiqué le modèle du « social étatisme » en place « depuis des années ». Il a plaidé pour « plus de croissance » en misant sur la compétitivité et la productivité, et « moins de dépenses », évoquant la nécessité de réaliser 100 milliards d’euros d’économies.
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