« J’ai l’intention de gouverner ce pays » : en quelques mots, Jean-Luc Mélenchon a ravivé l’hypothèse de son entrée à Matignon et suscité une nouvelle levée de boucliers au Nouveau Front populaire. De fait, MM. Bardella et Attal ont fait savoir qu’ils souhaitaient sa présence au débat télévisé des législatives.
« J’ai l’intention de gouverner ce pays et ce n’est pas le foutoir, ce n’est pas le piapia des gauchistes qui passent leur temps à s’engueuler entre eux : nous avons besoin de gens qui soient d’accord sur la ligne qu’on suit. »@JLMelenchon dans #CLHebdo pic.twitter.com/VHfYk7D1VY
— C l’hebdo (@clhebdo5) June 22, 2024
Jordan Bardella a indiqué lundi qu’il souhaitait que Jean-Luc Mélenchon « vienne débattre » mardi sur TF1 face à lui et Gabriel Attal, en faisant observer que l’invitation de la chaîne avait été faite « aux candidats au poste de Premier ministre ».
Le Premier ministre, Gabriel Attal, a lui aussi fait savoir qu’il souhaitait la présence du leader de La France insoumise, lequel a décliné. Le Nouveau Front populaire (NFP) sera réprésenté par le coordinateur de LFI Manuel Bompard mardi sur TF1 puis par le premier secrétaire du PS Olivier Faure jeudi sur France 2. « Jean-Luc Mélenchon, c’est très clair, serait le Premier ministre de la France si la coalition (de gauche) Nupes qu’il dirige venait à gagner », a déclaré M. Attal.
Serpent de mer
À une semaine pile du premier tour (30 juin) le serpent de mer du candidat de gauche pour Matignon en cas de victoire aux législatives n’avait pas besoin de plus que cela pour se remettre à bouger.
« Je ne m’élimine pas et je ne m’impose pas. Je pense que c’est une formule qui est assez respectueuse du collectif », avait ajouté samedi sur France 5 le chef de file insoumis, soutenu par ses proches mais considéré comme un repoussoir aux législatives par une partie de la gauche depuis le 7 octobre, voire brandi comme un épouvantail dans le camp présidentiel et dans la droite nationaliste.
« Ce qui me remonte, moi, du terrain, un peu partout, et notamment chez les électeurs de gauche, c’est que, aujourd’hui, Jean-Luc Mélenchon n’est pas la solution », a estimé sur BFMTV l’ancien Premier ministre Lionel Jospin, vingt ans après avoir tenu plusieurs conseils des ministres avec M. Mélenchon, alors ministre délégué à l’Enseignement professionnel.
L’ancien président de la République socialiste François Hollande a lui exhorté dimanche Jean-Luc Mélenchon à « se taire », pour atténuer le « rejet » qu’il susciterait dans l’opinion, et ainsi « rendre service au Nouveau Front populaire.
Une sortie qui n’a pas manqué de lui attirer les foudres des soutiens de Jean-Luc Mélenchon.
« Ceux qui préfèrent perdre de l’énergie à cotiser aux campagnes anti-Mélenchon plutôt qu’à faire gagner le Nouveau Front Populaire ne sont pas à la hauteur de la situation », a rétorqué dans un message sur X le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard.
Depuis une scène de meeting à Montpellier, le patron des Insoumis a répliqué lui-même : « je ne renoncerai jamais à l’honneur d’être une cible », a lancé le tribun, paraphrasant Cyrano de Bergerac.
M. Mélenchon avait déjà expliqué qu’un consensus avait été trouvé pour que ce soit « le groupe parlementaire le plus important qui présente le candidat à la Primature ». Le patron du PS Olivier Faure n’avait lui pas manqué de mettre sur la table la nécessité d’un vote pour trancher quel serait l’éventuel Premier ministre.
Mais les socialistes, principaux rivaux des insoumis pour incarner un leadership politique à gauche, ne sont pas les seuls à décocher des flèches.
« Merci aux chefs à plume (…) de ravaler leurs égos »
« L’idée d’une nomination au poste de Premier ministre de Jean-Luc Mélenchon, qu’il alimente lui-même, n’a jamais fait l’objet d’un accord entre les forces du front populaire, a insisté dans un communiqué le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel, estimant que dans une campagne déjà trop courte, le « débat politique » ne devait pas être « sans cesse personnalisé à outrance ».
« Force est de constater qu’aujourd’hui il n’est pas la personnalité qui peut faire consensus. C’est factuel », avait estimé samedi dans La Tribune la députée sortante Clémentine Autain, membre du groupe LFI mais en froid avec la direction insoumise.
Du côté des écologistes, c’est Marine Tondelier qui a brossé dimanche sur LCI le portrait-robot du candidat idéal à gauche pour Matignon. En écartant sans la citer l’hypothèse Jean-Luc Mélenchon.
« C’est quelqu’un qui va devoir animer cette majorité, il est clair que la personne choisie doit être très fédératrice au sein de nos différentes familles politiques », a-t-elle avancé, appelant tout le monde à gauche à « être très très zen dans les semaines qui suivent » et à « s’extraire de toute logique nombriliste ».
D’autant que les adversaires politiques du « NFP » n’ont pas manqué de sauter sur l’occasion.
« C’est donc bien lui qui sera Premier ministre si par malheur la Nupes venait à gagner les élections législatives. J’espère que tous les Français entendront cela et en tireront les conséquences », a ironisé la cheffe de file du Rassemblement national Marine Le Pen en déplacement à Billy-Montigny (Pas-de-Calais).
« Merci aux chefs à plume, quelles que soient leurs sensibilités à gauche, de ravaler leurs égos. Les candidates et candidats du Front Populaire se battent pour barrer la route à l’extrême droite. Merci de respecter leur travail », a grincé sur X le député écologiste sortant de Gironde Nicolas Thierry.
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