Les anneaux de Saturne sont en train de disparaître rapidement, tombant comme de la pluie verglaçante

5 avril 2019 19:45 Mis à jour: 5 avril 2019 19:45

Les emblématiques anneaux de Saturne ne seraient qu’un accessoire temporaire, selon une étude avançant qu’ils auront disparu bien avant que la vie sur Terre, elle, ne disparaisse.

Les particules de glace qui composent les anneaux tombent à la surface de Saturne sous forme de « pluie annulaire ». Des analyses récentes ont montré qu’avec une pluie annulaire tombant à une vitesse de 11 tonnes par seconde, les anneaux, qui ont 270 000 km de large, auront été complètement attirés à la surface de la planète d’ici 100 millions d’années.

« Nous estimons qu’en une demi-heure, cette ‘pluie annulaire’ draine une quantité d’eau équivalent à celle d’une piscine olympique », a déclaré James O’Donoghue de la NASA, auteur principal de l’étude sur la pluie annulaire de Saturne parue à Icarus, le 17 décembre.

« Ce phénomène, à lui seul, fera disparaître le système annulaire entier d’ici 300 millions d’années. Mais à ce phénomène, s’ajoute également le phénomène du matériau annulaire se dirigeant vers l’équateur de Saturne qui, selon les mesures du vaisseau spatial Cassini, se terminera d’ici 100 millions d’années. C’est relativement court, comparé à l’âge de Saturne qui a de plus de 4 milliards d’années. »

La recherche, publiée dans Science Direct, répond à une préoccupation de longue date : Saturne a-t-elle toujours eu ses anneaux ou les a-t-elle acquis au cours de son évolution ?

Cette image a été prise lorsque le vaisseau spatial Cassini a balayé Saturne et ses anneaux le 25 avril 2016 (NASA/JPL-Caltech/Space Science Institute).

Selon l’étude, la réponse est claire : les anneaux de Saturne sont arrivés longtemps après la naissance de la planète et ont probablement moins de 100 millions d’années.

« Nous avons de la chance d’exister en ce moment pour voir le système d’anneaux de Saturne qui semble exister au milieu de la vie de la planète. Dans cette logique, si les anneaux sont éphémères, peut-être avons-nous manqué de peu les géantes anneaux de Jupiter, Uranus et Neptune, qui, aujourd’hui, ne sont que de très minces anneaux ! », relève M O’Donoghue.

La planète Saturne est vue dans le premier composite en couleur composé d’images prises par le vaisseau spatial Cassini de la NASA à son approche de la planète annelée, le 21 octobre 2002. (NASA/Getty Images)

Certaines données sur la pluie annulaire de Saturne ont été recueillies en 2017 par le vaisseau spatial Cassini lors de sa dernière mission kamikaze alors qu’il plongeait à travers les particules d’anneau glaciales et rocheuses de la planète, recueillant des données avant d’atteindre la limite de l’atmosphère et de se vaporiser.

Une impression d’artiste du vaisseau spatial Cassini lors de son dernier voyage dans les anneaux de Saturne. (NASA)

Par le passé, des scientifiques avaient supposé que [la pluie annulaire étaient le fait] de certaines particules dans les anneaux qui se chargent et qui sont ensuite fouettées le long des spirales d’un champ magnétique vers des altitudes plus élevées où elles tombent sous forme de pluie.

Saturne a-t-elle des pluies hivernales ?

Mais les scientifiques ont été surpris lorsque Cassini a trouvé de la pluie annulaire tombant également sous l’anneau, à une vitesse beaucoup plus rapide que celle présagée.

Des recherches plus récentes complémentent les données issues de Cassini par le biais un télescope qui étudie les mystérieuses bandes sombres présentes aux latitudes les plus élevées de la planète.

En 1986, le phénomène de la pluie annulaire avait été avancé pour la première fois, pour expliquer les faibles bandes sombres observées par Voyager 2 en 1981 dans les hautes altitudes de la planète, loin des anneaux.

Jack Connerney de la NASA Goddard avait proposé que ces lignes étaient des particules de glace chargées électriquement s’écoulant le long de lignes d’un champ magnétique invisible, déversant de l’eau dans la haute atmosphère de Saturne, créant ainsi ces bandes.

(NASA)

Des recherches plus récentes ont mis à profit le télescope Keck, à Hawaii, pour étudier et cartographier la longueur d’onde caractéristique d’un flux d’ions libérés par les particules de l’anneau de glace qui s’évaporent et réagissent avec l’ionosphère de Saturne.

« Leurs observations ont révélé des bandes luminescentes dans les hémisphères nord et sud de Saturne, là où les lignes de champ magnétique qui coupent le plan de l’anneau entrent dans la planète », a déclaré la NASA. « Ils ont analysé la lumière pour déterminer la quantité de pluie de l’anneau et ses effets sur l’ionosphère de Saturne. Ils ont constaté que la quantité de pluie correspond aux valeurs étonnamment élevées obtenues plus de trois décennies plus tôt par Connerney et ses collègues, avec une région du sud en recevant la majeure partie. »

La prochaine étape pour les chercheurs est d’essayer d’établir si la pluie verglaçante est affectée par le changement des saisons dans le cadre d’une année de Saturne − qui dure plus de 29 années terrestres.

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