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Les États-Unis et le Japon, d’anciens ennemis devenus proches alliés

avril 8, 2024 8:20, Last Updated: avril 8, 2024 8:51
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Alors que la première visite d’État d’un Premier ministre japonais aux États-Unis depuis 2015 est prévue cette semaine, tour d’horizon sur les rapports entre Washington et Tokyo, passés d’ennemis durant la Seconde Guerre mondiale à proches alliés.

Les États-Unis ont forcé le Japon à rompre avec son isolationnisme dans la seconde moitié du 19e siècle. Plus tard les deux pays se disputent la suprématie dans le Pacifique, et entrent en guerre en décembre 1941 après le raid nippon surprise sur Pearl Harbour (Hawaï).

Le Japon capitule en 1945, dévasté par les bombardements américains, dont les deux bombes atomiques de Hiroshima et Nagasaki qui ont fait 214.000 morts. L’archipel est occupé par les Américains jusqu’en 1952 (Okinawa ne sera rétrocédé qu’en 1972). Rédigée par les Américains, la Constitution japonaise de 1947 est pacifiste, stipulant que Tokyo renonce « à jamais » à faire la guerre.

En 2016, Barack Obama devient le premier président américain en exercice à se rendre à Hiroshima. La même année, MM. Obama et Shinzo Abe, le Premier ministre japonais d’alors, se recueillent ensemble à Pearl Harbour.

« Forces d’auto-défense »

Pour assurer sa défense dans l’après-guerre, le Japon se retrouve étroitement dépendant des États-Unis, qui disposent de bases militaires sur son territoire. Cette situation est consolidée par un traité de coopération mutuelle et de sécurité entre les deux pays, ratifié en 1960 malgré une très forte contestation populaire au Japon à l’époque. Ce traité est toujours en vigueur.

Environ 54.000 militaires américains sont aujourd’hui stationnés au Japon, dont la majorité à Okinawa, à la pointe sud de l’archipel. La contribution financière du Japon pour les bases américaines sur son sol est significative, dépassant un milliard de dollars par an.

Face notamment à la pression grandissante exercée par la Chine en Asie-Pacifique, le Japon révise profondément sa doctrine nationale de sécurité fin 2022, décidant de se doter de ses propres capacités de « contre-attaque ». Le Japon, qui dispose de « Forces d’auto-défense », prévoit aussi de doubler quasiment son budget de la défense pour le porter à 2% du PIB d’ici à 2027.

L’alliance américano-japonaise s’imbrique de plus en plus dans des formats élargis en Asie-Pacifique, comme le Quad (coopération informelle de sécurité rassemblant les États-Unis, le Japon, l’Australie et l’Inde). Le Japon pourrait aussi collaborer à l’avenir avec l’alliance de défense « Aukus » réunissant les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie, et négocie un accord militaire bilatéral avec les Philippines.

Des collaborations renforcées dans des domaines technologiques

En 2022 les États-Unis et le Japon étaient la première source d’investissements directs étrangers (IDE) l’un pour l’autre. De nombreuses entreprises japonaises font partie du paysage industriel aux États-Unis depuis les années 1980, notamment dans l’automobile (Toyota, Honda, Nissan).

Cependant les États-Unis accusent toujours un gros déficit commercial avec le Japon (-71,2 milliards de dollars en 2023), ce qui avait été une pierre d’achoppement quand Donald Trump était à la Maison Blanche (2017-2021).

Les deux pays renforcent également leurs collaborations dans des domaines technologiques sensibles comme le nucléaire civil, l’espace et les semi-conducteurs. Mais leur partenariat économique a des lignes rouges : le président américain Joe Biden, candidat à sa réélection en novembre, est ainsi opposé au projet de rachat du sidérurgiste américain emblématique U.S. Steel par le japonais Nippon Steel.

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