Les eurodéputés se sont prononcés mardi en faveur d’une circulation facilitée dans l’UE des « méga-camions » mesurant jusqu’à 25 mètres de long, malgré des craintes sur leur impact en matière d’environnement, de sécurité et de concurrence avec le fret ferroviaire.
Ces camions à rallonge, portant un conteneur auquel s’ajoute une remorque, sont déjà autorisés dans certains pays comme la Suède ou la Finlande et testés dans d’autres comme l’Allemagne. Ils sont interdits en France.
Le texte prévoit d’autoriser automatiquement entre États voisins consentants, qui les acceptent déjà sur leur territoire, la circulation de ces géants mesurant jusqu’à 25 mètres et pesant jusqu’à 60 tonnes selon les normes européennes. Cette législation devra désormais être négociée entre les États membres.
La France a d’ores et déjà « redit son refus d’une libéralisation de la circulation internationale des camions de 44 tonnes et des méga-trucks », par la voix de son ministre des Transports, Patrice Vergriete, qui a réagi sur le réseaux X. « Aujourd’hui la priorité est le report modal, en particulier vers le ferroviaire », a-t-il souligné.
Le fret ferroviaire, les infrastructures routières et l’environnement impactés
Le texte « ouvre la porte à de plus gros pollueurs notamment sur nos routes » et « tue le fret ferroviaire », pas assez compétitif pour résister, s’est inquiétée l’eurodéputée française Karima Delli (Europe Écologie). Une majorité d’eurodéputés français s’opposaient aux méga-camions, mais leurs amendements ont été rejetés.
À l’origine, la révision des règles sur les poids et dimensions des camions vise à encourager le développement des poids-lourds zéro émission, en autorisant un espace supplémentaire pour installer des piles à batterie ou à hydrogène.
Le texte relève à 44 tonnes (contre 40 actuellement) le poids maximal des camions zéro émission circulant entre pays de l’UE. Mais les véhicules diesel bénéficieraient aussi de ce relèvement jusqu’en 2035, et pourraient même peser davantage si les États entre lesquels ils circulent le permettent pour les opérations de fret « intermodal » (combinaison train/bateau et route).
« Étendre le même avantage aux camions diesel polluants ne fait qu’accélérer leurs ventes, en leur permettant de transporter davantage au détriment des camions propres », a déploré Bernardo Galantini, de l’ONG environnementale Transport&Environment.
Sigrid Nikutta, patronne de DB Cargo, géant du fret ferroviaire, avait mis en garde avant le vote contre les effets négatifs sur les infrastructures routières et l’environnement : « Cela engorgera nos routes déjà encombrées, mettra sous pression les ponts. »
Des incitations pour passer au zéro émission ?
L’Espagnole Isabel Garcia Munoz (sociaux-démocrates), rapporteure du texte, a cependant assuré que « les règles créeront de réelles incitations pour les entreprises à passer au zéro émission ». Elle fait valoir qu’« en transportant la même charge avec moins de véhicules et moins de déplacements, nous pouvons réaliser des réductions significatives d’émissions ».
Plus de 50% du fret européen est transporté par route et les poids-lourds génèrent 6% des émissions totales de gaz à effet de serre de l’UE. Le Conseil européen (États membres) adoptera sa position en juin, et il reviendra ensuite à la prochaine assemblée parlementaire, élue après les élections de juin 2024, d’entamer des négociations pour finaliser le texte.
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