Sans remettre en question le droit de grève, nombreux sont les politiques à dénoncer les Français pris « en otage » à chaque période de vacances. La grève est devenue « un instrument de négociation ». Des propositions émergent pour encadrer les grèves afin d’en limiter l’impact sur les voyageurs.
La grève des contrôleurs SCNF commencée jeudi et se terminant ce dimanche, qui à empêché de partir en vacances quelque 150.000 voyageurs selon la SNCF, a remis au centre des débats la question de l’encadrement des grèves, d’autant plus que les JO se profilent à l’horizon.
Plusieurs propositions parlementaires avaient tenté, ces dernières années, de durcir la loi de 2007 sur le service minimum dans les transports, notamment après l’épisode du week-end de Noël 2022 qui avait laissé 200.000 voyageurs sur le carreau. Mais aucune n’avait prospéré.
« Travailler est un devoir »
Le Premier ministre Gabriel Attal a lui déploré mercredi « une forme d’habitude » à chaque période de vacances « d’avoir l’annonce d’un mouvement de grève » des cheminots. « Les Français savent que la grève est un droit », mais « aussi que travailler est un devoir », a-t-il dit. Marc Fesneau dans l’émission « Questions politiques » sur France Inter ce dimanche a rappelé que « le droit de grève est constitutionnel, il n’est pas question de le remettre en cause ». « La manière dont il s’exprime parfois pose la question des devoirs » a-t-il ajouté rejoignant le Premier Ministre.
« Je comprends que les Français en aient assez. Prendre systématiquement nos concitoyens en otages au moment des vacances, ça n’est pas acceptable », a déclaré Catherine Vautrin, invitée du Grand Jury RTL, Le Figaro, Paris Première, M6. Elle réaffirme également que « le droit de grève est constitutionnel » mais que le « droit de travailler existe aussi ». Évoquant les mesures salariales mises en place par la SCNF depuis la première grève de décembre, elle trouve regrettable cette grève du fait que le dialogue social existe et précise que « ce sont seulement deux organisations sociales, CGT et Sud rail, qui prennent les voyageurs en otage ». Enfin, la ministre s’est dite « très attachée à la continuité du service public ».
«Il faut dire stop à ceux qui prennent les Français en otages», a également déclaré le président des Républicains Éric Ciotti sur TF1 et annoncé que la droite allait « poser des textes législatifs pour encadrer » le droit de grève.
Revenir sur l’encadrement du droit de grève
« Il me semble qu’on a besoin de travailler sur un service minimum », a indiqué ce dimanche M. Fesneau sur France Inter. « Je m’orienterais plutôt pour cela, même si je ne suis pas un spécialiste de la question », a-t-il ajouté. Selon lui, un service minimum permettrait d’éviter d’« infliger, quand bien même il y ait de la conflictualité, un certain nombre de contraintes à nos concitoyens, qu’ils soient en vacances ou qu’ils travaillent, dans des périodes qui sont parfois des périodes cruciales ».
« Il y aura des débats parlementaires, on verra comment tout ça peut s’organiser. Il y a des textes, des propositions de loi qui ont l’air de fleurir depuis une semaine », selon le ministre.
Jeudi, le président du Sénat Gérard Larcher (LR) s’était montré favorable à un encadrement du droit de grève. « La grève ça doit être l’arme ultime à l’issue d’une négociation sociale », a déclaré l’ancien ministre du Travail sur BFMTV. « Là on le voit bien, cela est devenu un instrument de négociation. »
Un texte de la droite sénatoriale interdisant les préavis autour des jours fériés et sur « les deux premiers et les deux derniers jours » des vacances scolaires est déjà dans les tuyaux. « C’est un équilibre entre deux libertés fondamentales, celle de faire grève et celle de circuler », a expliqué Stéphane Le Rudulier (LR), auteur de cette proposition. Il craint de nouvelles mobilisations durant les Jeux olympiques de l’été, qui pourraient faire l’objet d’un « chantage des syndicats avec l’exécutif, ce qui serait catastrophique pour l’image de la France ».
Ce mercredi, un texte a déjà été déposé par les sénateurs centristes. Il prévoit d’octroyer au gouvernement un capital annuel de 60 jours d’interdiction de grève pour les « personnels des services publics de transports ». Ces jours seraient répartis par décret dans une limite de quinze jours par période d’interdiction, avec néanmoins la tenue d’une « négociation préalable ».
Le président des sénateurs macronistes François Patriat a reconnu qu’il réfléchirait à « toutes les évolutions » qui permettraient d’encadrer « ces grèves intempestives ».
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