Le premier tour des élections législatives anticipées devrait être marqué par un net rebond de la participation, estimée dimanche entre 67,5 % et 69,7 % par les différents instituts de sondage, contre 47,5 % au premier tour du scrutin de 2022.
La participation, déjà en hausse de 20 points à 17H00 selon le ministère de l’Intérieur, serait ainsi la plus élevée depuis le premier tour de 1981 (70,86%). Elle sera donc largement supérieure aux 47,51 % de 2022 et pourrait dépasser les 67,9 % des dernières législatives organisées après une dissolution, en 1997.
Preuve de cet engouement, plus de 2,7 millions de procurations ont été établies depuis le 10 juin, selon le ministère de l’Intérieur, un nombre quatre fois supérieur à celui d’il y a deux ans.
En outre-mer, où l’on vote beaucoup moins qu’en métropole, les électeurs se sont davantage déplacés, et de premiers résultats ont été publiés.
Les députés sortants du groupe centriste Liot ou investis par le Nouveau Front populaire (NFP) sont en tête en Guadeloupe et en Guyane. En Polynésie, le candidat autonomiste Moerani Frébault est élu dès le premier tour. Premier élu des 577 nouveaux députés, il sera aussi le premier Marquisien à siéger à l’Assemblée nationale.
En Martinique, le Rassemblement national (RN) a réussi à qualifier un de ses candidats pour le second second tour, une première dans ce département. Mais avec moins de 10 %, il a très peu de chances d’être élu la semaine prochaine.
Le RN grand favori
Dans les bureaux de vote, beaucoup d’électeurs témoignaient de leur anxiété et de leur fébrilité pour ces élections anticipées décidées à la surprise générale par le président Emmanuel Macron le 9 juin, et pour lesquelles le RN est grand favori.
« J’aimerais retrouver de la sérénité car depuis les élections européennes, tout a pris une ampleur inquiétante. Mais il faut continuer à se battre pour ce que l’on croit », a affirmé à l’AFP Roxane Lebrun, 40 ans, à Bordeaux. À Saint-Étienne, Christophe, policier de 22 ans, s’inquiète d’un scrutin qui risque d’ « encore plus diviser la population ».
Dans les quartiers Nord de Marseille, Nabil Agueni, 40 ans, s’est déplacé alors qu’il ne s’était pas rendu aux urnes aux européennes : « Tant qu’on a le choix, vaut mieux aller voter », glisse-t-il. Theo, 30 ans, un Rennais qui travaille dans la culture, constate que, dans son entourage, « beaucoup de gens qui ne votent pas habituellement vont voter ».
À Rennes comme à Lyon, de nombreux magasins en centre-ville ont protégé leur vitrine par crainte de débordements après l’annonce des résultats.
De nombreuses personnalités politiques se sont rendues aux urnes dans la matinée.
Emmanuel Macron a voté au Touquet (Pas-de-Calais), s’accordant, comme à son habitude, un long bain de foule avec selfies et accolades. Marine Le Pen a voté à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), Jordan Bardella à Garches (Hauts-de-Seine), l’ex-chef de l’État socialiste François Hollande à Tulle (Corrèze).
Gabriel Attal, qui a voté à Vanves (Hauts-de-Seine), fera une déclaration au quartier général du parti présidentiel Renaissance après 20H00, selon son entourage. Le leader de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon a glissé son bulletin dans l’urne en début d’après-midi à Paris.
Fermeture des bureaux de vote à 20H00 dans les grandes villes
Les bureaux de vote fermeront à 18H00, ou 20H00 dans les grandes villes, heure à laquelle se dessineront les premiers résultats de ces élections susceptibles de bouleverser le paysage politique.
Incarné par le visage lisse de Jordan Bardella, 28 ans, le RN caracole dans les sondages, qui le créditaient de 34 à 37 % des intentions de vote, avec la perspective inédite d’obtenir une majorité relative ou absolue le 7 juillet, au soir du second tour.
Dans ces enquêtes d’opinion, à prendre avec précaution, le parti lepéniste devançait l’alliance de gauche du NFP, donnée entre 27,5 et 29 %, et le camp présidentiel, relégué autour de 20 à 21 % des intentions de vote.
Si Jordan Bardella entrait à Matignon, ce serait la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale qu’un gouvernement issu de l’extrême droite dirigerait la France. Le président du RN a toutefois prévenu qu’il n’accepterait le poste de Premier ministre que si son parti détient la majorité absolue.
Le risque d’une Assemblée bloquée
Dans le cas contraire, le risque d’une Assemblée bloquée, sans possibilité d’alliance entre des camps très polarisés, est réel, un scénario qui plongerait la France dans l’inconnu.
Emmanuel Macron avait provoqué un séisme le 9 juin, en faisant le pari ultra risqué de la dissolution de l’Assemblée nationale, après la déroute de son camp aux européennes.
Malgré ses divergences en interne, la gauche était parvenue dans les jours suivants à ressusciter un accord de coalition. Mais les différends entre LFI et ses partenaires, notamment sur le leadership contesté de Jean-Luc Mélenchon, ont vite ressurgi et souvent parasité la campagne de ce NFP.
Pendant ce temps, rien n’a semblé freiner la dynamique du RN en campagne sur le pouvoir d’achat et contre l’immigration : ni le flou sur l’abrogation de la réforme des retraites d’Emmanuel Macron, ni les polémiques sur les binationaux, ou les propos de certains candidats RN sur les réseaux sociaux.
Les enseignements du premier tour pourraient être difficiles à tirer, tant les inconnues sont nombreuses. À commencer par le nombre de triangulaires dimanche soir, attendu en très forte hausse, et le nombre de désistements durant l’entre-deux-tours, alors que la constitution d’un front républicain contre l’extrême droite ne cesse de se fissurer au fil des années.
À gauche, écologistes, socialistes et communistes ont annoncé qu’ils se retireraient si un autre candidat est mieux placé pour faire barrage au RN.
À LFI, Jean-Luc Mélenchon demande aux électeurs de ne pas donner de voix aux lepénistes, mais sans parler de désistements. Son parti devrait préciser dès dimanche soir sa position pour le second tour.
C’est chez les macronistes que la pression est la plus forte.
Emmanuel Macron a promis jeudi « la plus grande clarté » sur l’attitude à suivre, mais semblait jusqu’ici plutôt pencher pour un « ni RN, ni LFI », fustigé par la gauche et critiqué jusque dans son propre camp.
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