Depuis ce mercredi, les policiers municipaux de Poitiers sont en grève. Dans leurs revendications, ils réclament l’armement. Ils peinent cependant à convaincre la mairie, alors même qu’ils sont confrontés à une montée en puissance de la violence au quotidien.
Alors qu’un jeune de 15 ans est décédé le 2 novembre dernier à Poitiers après avoir été grièvement blessé par balle à la tête le soir d’Halloween lors d’une fusillade, les 24 policiers municipaux de la ville, qui ne sont pas armés, ressentent un fort sentiment d’insécurité. Pour protester, ils ont entamé un mouvement de grève.
Des agents « en situation de détresse » et « qui se sentent impuissants »
« On a des agents qui sont en situation de détresse, qui se sentent impuissants, avec un sentiment d’insécurité, qui ont peur. Ils constatent la violence qui est exponentielle et on ne peut pas faire grand-chose quand on est démuni au niveau matériel », a expliqué ce jeudi au micro d’Europe 1 Thomas Baillon, délégué national de l’UNSA police municipal.
Les 24 policiers municipaux de Poitiers – qui souhaitent être dotés au minimum d’un pistolet semi-automatique – se sentent d’autant plus démunis que le dialogue entre ces derniers et la maire écologiste de la ville, Léonore Moncond’huy, est inexistant selon le syndicaliste.
Pour protester, les policiers municipaux ont déposé un préavis de grève du 1er au 31 décembre, ainsi que le relate France Bleu, réclamant l’armement individuel en complément de l’équipement non létal, selon un communiqué du syndicat Unsa.
« Il y a des endroits où les patrouilles ne mettent plus pied à terre »
Peu avant la fusillade du 31 octobre dernier sur la place centrale du quartier des Couronneries – qui a entraîné la mort d’un jeune de 15 ans et blessé grièvement quatre autres adolescents – les policiers municipaux avaient été appelés par des riverains se plaignant du bruit. Une fois sur place, les fonctionnaires avaient été contraints de rester dans leurs véhicules en raison du nombre important de jeunes face à eux. Ils avaient par ailleurs appelé la police nationale en renfort.
« Nous sommes de plus en plus confrontés à des gens qui font semblant de mettre la main dans la poche comme pour prendre une arme. Il y a des endroits où les patrouilles ne mettent plus pied à terre passé une certaine heure », a expliqué à Centre Presse un policier municipal de Poitiers. Et d’ajouter : « On a déjà reçu des projectiles, c’est arrivé place de Coimbra, là où a eu lieu la fusillade jeudi 31 octobre. »
« Il y a des situations où on attend le renfort de la police nationale, c’est le cas si on nous signale un individu suspect avec un couteau. Mais on n’a pas forcément ce renfort, ils ont eux aussi des problèmes d’effectifs. On se retrouve donc seuls. L’arme, ça nous sécuriserait, pour toutes les interventions. Il y a des moments où on ne peut pas intervenir, c’est trop risqué », a encore pointé cet agent auprès de nos confrères.
« Le périmètre actuel des missions ne prévoit pas l’armement »
De son côté, Amir Mistrih, l’adjoint chargé des questions de sécurité à la mairie de Poitiers, a expliqué dans les colonnes de La Nouvelle République ce mardi qu’« il n’y a pas d’augmentation de la violence armée » dans la ville et que le quartier des Couronneries n’est pas plus dangereux qu’avant. Reconnaissant néanmoins que le métier de policier municipal est effectivement « à risque », il a également rappelé que « les missions de la police municipale ne sont pas celles de la police nationale ».
« Le périmètre actuel des missions ne prévoit pas l’armement. Nous ne sommes fermés à rien mais notre méthode, c’est d’abord de définir des missions et après de définir les outils », a poursuivi Amir Mistrih. « Nous allons prendre le temps nécessaire pour écouter, discuter et apporter une réponse », a-t-il assuré en faisant référence au préavis de grève déposé par les policiers.
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