En ce début d’année, une note co-signée par le renseignement douanier (DNRED) et le renseignement criminel (SIRASCO), qu’Europe 1 a pu consulter, révèle le commerce juteux de la diaspora chinoise. En France, la menace est considérée comme « élevée », même si elle ne bénéficie pas d’une forte médiatisation.
Durant 15 ans, la police a enquêté de manière discrète sur les activités de la mafia chinoise, qui s’est largement spécialisée dans le blanchiment d’argent, au profit de mafias locales. Dans cette note du renseignement criminel et douanier, les analystes décortiquent la « capacité de résilience et d’adaptation hors norme », dont a fait preuve la mafia chinoise en France et en Europe, rapporte Europe 1.
Des alliances avec des réseaux criminels à l’international
Tout d’abord, la mafia chinoise trouve sa force dans la diversité et la complexité de ses alliances avec d’autres réseaux de trafiquants. Entre les pactes conclus avec les cartels sud-américains et de l’arc caribéen, bien installés, ceux mis en place avec les pays d’Europe de l’Est (notamment en utilisant des sociétés de fret polonais pour évacuer les espèces dans des camions), en passant par ceux liés avec de groupes criminels turcs (qui sont en France très actifs dans le secteur du bâtiment et de la construction), sans oublier les alliances avec des escrocs franco-israéliens permettant de transférer de grosses sommes d’argent accumulées sur le territoire français sur des RIB chinois, le commerce de la diaspora chinoise est florissant.
Un trafic qui ne serait pas possible non plus sans l’opacité des banques chinoises, « peu regardantes et peu coopérantes avec les services fiscaux et judiciaires français », nous précisent nos confrères. De plus, sur la scène du crime international, la mafia chinoise est la seule à contrôler l’activité marchande de la diaspora asiatique, que le renseignement qualifie d’ « économie grise au service de la criminalité organisée ».
Un système de blanchiment d’argent bien huilé a été identifié
Dans le mécanisme de ce trafic, les centres grossistes textiles sont de véritables « machines à laver » l’argent sale issu des stupéfiants et des escroqueries, afin de pouvoir le réinjecter dans l’économie légale. L’enquête a permis de découvrir onze principaux « hubs » en Europe, dont trois en France. Il s’agit du CIFA (Centre international France Asie) d’Aubervilliers, du MIF (Marseille international fashion center) 68 de Marseille et du « Silk road Paris » de Tremblay-en-France, « dont la proximité avec l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle en fait un site stratégique », souligne Europe 1.
Grâce à ces hubs, les billets de banque sont transportés par voie aérienne, ferroviaire ou routière vers les pays de l’Est, pour être rapatriés en Chine, certains membres d’équipage de compagnies aériennes étant parfois complices. Et lorsqu’un réseau est démantelé, il est immédiatement remplacé par un nouveau.
Les espèces peuvent aussi être écoulées dans des casinos, des cercles de jeux, ou encore dans des bars-tabacs PMU, comme c’est le cas en région parisienne où ces commerces sont souvent rachetés « de manière opaque » par de jeunes Chinois ayant la nationalité française et faisant office de « gérants ». Pour mieux brouiller les pistes, ces entreprises ont souvent une durée de vie courte afin que des membres de la famille élargie puissent remplacer ces « gérants ».
« Si ce n’est avec la complicité du gouvernement chinois, du moins avec son aval »
De surcroît, le projet « Nouvelle route de la soie » du président Xi Jinping, lancé en 2013, profite pleinement à la mafia chinoise. En effet le Parti communiste chinois a investi dans 14 ports européens, dont ceux de Nantes, Le Havre et Dunkerque. Dans ces ports européens, les fraudes liées aux droits de douanes sont aisées, étant donné le faible taux de contrôles des marchandises. Celui-ci avoisine les 5%, au maximum, afin de garantir la fluidité du trafic.
Il arrive régulièrement que les douaniers ouvrent « des conteneurs de marchandise déclarés pour 8.000€ alors que leur valeur réelle peut atteindre 150.000 à 200.000€ », nous précise-t-on. Selon les estimations de la commission européenne, en 2019, l’écart entre la TVA due et celle réellement entrée dans la caisse était de 13 milliards d’euros uniquement pour la France, et de 140 milliards d’euros pour l’ensemble des états membres.
Un ancien attaché de sécurité intérieure en poste à Pékin a qualifié cela de « pillage à grande échelle ». « C’est à mon sens l’une des plus grandes menaces criminelles en France avec le narcobanditisme », a-t-il dénoncé, ajoutant que « cette quasi-prédation s’organise, si ce n’est avec la complicité du gouvernement chinois, du moins avec son aval ». « La police chinoise médiatise régulièrement des saisies de contrefaçons dans les usines. Elle les détruit. Mais elle sait très bien que ce n’est qu’une infime partie du trafic », a-t-il conclu.
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