Les Suisses ont largement approuvé dimanche la loi sur les jeux d’argent qui prévoit d’interdire l’accès aux sites internet basés à l’étranger, un texte jugé dangereux par ses opposants qui dénoncent un premier pas vers une censure d’internet.
Les 23 cantons helvétiques ont répondu « oui » à 72,9% en faveur de cette loi qui va favoriser les casinos et loteries suisses, seuls autorisés à offrir des paris sportifs et des jeux de poker, black jack et roulette en ligne, selon les résultats définitifs. Mais un tiers seulement des électeurs ont pris part au vote.
La « Loi fédérale sur les jeux d’argent« , l’une des plus restrictives d’Europe, a déjà été approuvée par le parlement, mais les opposants à ce texte, notamment les mouvements de jeunes des Verts et du PLR (droite), avaient réussi à imposer un référendum sur son application en réunissant 50.000 signatures. Ils dénoncent des « méthodes dignes d’un Etat autoritaire » et accusent le gouvernement de vouloir instaurer une « censure d’internet« .
La nouvelle loi est censée lutter contre les addictions au jeu, mais il s’agit surtout pour le gouvernement de ramener dans les caisses de l’Etat une partie des quelque 250 millions de francs suisses (215 millions d’euros) dépensés par les joueurs suisses dans les jeux en ligne proposés par des sites étrangers.
Le texte, qui entrera en vigueur l’an prochain, taxera désormais tous les jeux autorisés en Suisse, y compris en ligne, pour pouvoir continuer à alimenter un fonds anti-addiction ainsi que les systèmes d’assurance sociale ou des programmes culturels et sportifs. Près d’un milliard de francs suisses (860 millions d’euros) est reversé chaque année par les exploitants du secteur du jeu aux collectivités publiques.
Les sites basés à l’étranger devront eux fermer l’accès aux internautes suisses et en cas de refus, les fournisseurs d’accès devront renvoyer les utilisateurs sur une autre page.
Pour ses détracteurs, la nouvelle loi est surtout une aubaine pour les 21 casinos enregistrés en Suisse qui vont pouvoir proposer des jeux en ligne et les loteries helvétiques qui offriront des paris sportifs.
Selon Addiction Suisse, fondation spécialisée dans l’étude des dépendances, quelque 75.000 personnes sur les 8,3 millions d’habitants du pays alpin souffrent d’une addiction au jeu, un problème qui coûte environ 500 millions de francs suisses (430 millions d’euros) à la société par an.
Dans un communiqué, le comité organisateur du référendum a reconnu sa défaite, tout en mettant en garde contre « l’isolement digital« . « La censure d’internet n’a pas sa place au 21e siècle« , a-t-il martelé.
Les électeurs suisses ont par ailleurs rejeté massivement (75,7%) une initiative dite « Monnaie pleine » censée pouvoir mieux lutter contre les bulles financières et les faillites bancaires. Les partisans de cette initiative entendaient mettre la monnaie à l’abri des crises en confiant uniquement à la banque centrale suisse la mission de créer de la monnaie. Actuellement, 10% de la masse monétaire sont émis par la Banque nationale Suisse (BNS) sous forme de pièces et billets, les 90% restants, la monnaie dite scripturale, étant créée de manière électronique par les banques notamment lorsqu’elles octroient des crédits.
HS avec AFP
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