Mon mari Michael n’était jamais malade, et sur cela il s’enorgueillissait. Pendant des années, alors que ses collègues étaient périodiquement à la maison, malades d’un rhume ou d’une grippe, il ne manquait jamais une seule journée de travail.
Puis on a déménagé en Floride. Il a été exposé à beaucoup de moisissures et, peut-être plus important encore, à beaucoup de stress. Il s’est soudainement retrouvé avec des infections récurrentes des sinus. Son médecin pensait que la chirurgie des sinus était la solution, mais hélas, quoique moins nombreuses, les infections des sinus ont persisté. C’était non seulement un fardeau physique pour lui, mais aussi un fardeau mental.
Quand nous sommes rentrés chez nous en Virginie, ses infections des sinus ont diminué. Il y avait moins de moisissure, mais en même temps, il y avait beaucoup moins de stress. Un jour, je lui en ai fait la remarque. Il n’y avait pas vraiment prêté attention, mais lorsqu’il s’est rendu compte qu’il n’avait pas eu d’infection depuis un certain temps, il est devenu déterminé à éviter toute personne malade de peur que ses infections des sinus ne reviennent.
Et c’est alors que j’ai pu observer une certaine constance chez lui. Si notre jeune fils arrivait de l’école avec quelques reniflements, et que mon mari le savait, il tombait immédiatement malade lui-même. J’ai été surprise de la rapidité avec laquelle cela se produisait. D’un autre côté, si je ne mentionnais pas les reniflements de mon fils, ni que notre fils semblait malade, mon mari allait bien.
Un an s’est passé avant que je ne lui en parle. D’abord, il ne m’a pas cru, mais au fur et à mesure que le temps passait et qu’il observait la situation, il s’est rendu compte que ce que j’avais dit était vrai. Ses propres pensées étaient, au moins en partie, à l’origine des fluctuations de sa santé.
L’importance de nos perceptions
L’état d’esprit est très puissant.
C’est un fait que les compagnies pharmaceutiques ne connaissent que trop bien. Si les sociétés pharmaceutiques pouvaient embouteiller et vendre l’effet placebo, elles seraient beaucoup plus riches qu’elles ne le sont déjà.
Un placebo, communément appelé pilule de sucre, est tout soi-disant médicament qui réussit même s’il ne contient rien ; en arrivant sur le marché il doit être mesuré pour déterminer ce qui fonctionne le mieux, le médicament ou l’état d’esprit, au moyen d’un placebo. L’effet placebo correspond au résultat psycho-physiologique.
Et, plus souvent c’est le placebo qui l’emporte, parfois avec une énorme marge. Simplement en vertu du fait qu’une personne perçoit qu’elle prend un médicament, le bénéfice escompté peut être créé dans le corps.
Une étude menée par des chercheurs de l’Université Johns Hopkins auprès de 5 888 Américains de plus de 65 ans a révélé qu’une mauvaise image de la santé d’une personne doublait à peu près le risque de décès en cinq ans. Cette situation s’est maintenue indépendamment d’autres facteurs de risque.
« En fait, une perspective pessimiste s’est avérée plus mortelle que l’insuffisance cardiaque congestive ou le tabagisme de 50 paquets de cigarettes ou plus chaque année », souligne un article de Health Day sur la santé dans cette étude.
Mon mari était sous un énorme stress au début de son infection des sinus. Alors que l’anxiété s’intensifiait, son état d’esprit a eu de la difficulté à tout gérer et il a commencé à développer des infections des sinus à répétition. Bien sûr, il est bien connu que le stress diminue l’immunité. Avec le temps, lorsque divers traitements n’ont pas donné les résultats escomptés, mon mari a commencé à croire qu’il continuerait à tomber malade, surtout s’il était entouré de personnes malades. Ses perceptions avaient changé avec le temps.
Gunnar Engstrom, M.D., professeur à l’Université de Lund en Suède, qui a étudié en profondeur de nombreuses auto-évaluations de la santé, a déclaré au site Web sur la santé Health Day qu’une attitude positive envers la santé peut prévenir la détresse mentale et améliorer la protection contre plusieurs maladies.
En tant que médecin ostéopathe, j’apprends beaucoup en parlant avec mes patients âgés les plus en santé. Ils me disent que la vie n’a pas toujours été facile, mais qu’ils acceptent ce que la vie leur apporte, sachant que même si les difficultés sont stressantes, c’est de là que viennent certaines de leurs plus grandes leçons de vie. Leur perception des défis de la vie fait toute la différence.
L’influence des pensées positives
Le stress et la négativité se manifestent physiquement, soit par une augmentation de la fréquence cardiaque, de la fréquence respiratoire, de la tension artérielle et de la concentration de cortisol ( l’ « hormone du stress »).
Inversement, lorsque nous avons des pensées plus positives, elles se manifestent aussi physiquement. Nous constatons une baisse de la tension artérielle, de la fréquence respiratoire et du rythme cardiaque, ainsi qu’une libération d’endorphines, d’enképhalines, de sérotonine et de dopamine. Ces produits chimiques aident à réduire notre douleur, à augmenter notre humeur et à apporter un sentiment de calme.
Suzanne Segerstrom, chercheuse en psychologie positive, a publié de nombreux articles sur l’impact d’une attitude positive, ou ce qu’elle appelle l’optimisme « dispositionnel », à savoir relié à la disposition de l’état d’esprit. Ses conclusions indiquent que les gens qui ont une attitude plus optimiste face aux défis sont beaucoup mieux en mesure de gérer le stress et de trouver des moyens d’y faire face.
Être positif n’équivaut pas à ne jamais avoir de difficultés. De mauvaises choses vont nous tomber dessus et nous serons inévitablement blessés par d’autres. Mais les optimistes sont plus susceptibles d’apprendre de ces situations et de les voir avec réalisme.
Le site médical américain WebMD ne mentionne que quelques-uns des avantages pour la santé reconnus chez ceux qui voient les choses sous un jour plus positif. « Lorsque les participants à une étude ont été exposés à la grippe et au rhume, ceux qui avaient une perspective positive étaient moins susceptibles d’être malades et ont signalé moins de symptômes.
« Au cours d’une autre étude, les femmes plus optimistes étaient moins susceptibles de mourir d’un cancer, d’une maladie cardiaque, d’un accident vasculaire cérébral, d’une maladie respiratoire ou d’une infection. »
« Et dans une étude portant sur des personnes de plus de 50 ans, celles qui avaient des pensées plus positives au sujet du vieillissement vivaient plus longtemps. Elles avaient aussi moins d’inflammation liée au stress, ce qui montre un lien possible entre leurs pensées et leur santé. »
Plus de gentillesse, une meilleure santé
La gentillesse compte aussi, et pour plus de raisons qu’on ne le pense.
Une étude publiée en 2014 dans la revue Circulation : Heart Failure, note que « des études ont identifié de puissants facteurs de risque psychosociaux pour les maladies cardiovasculaires. En plus du pessimisme, il y a la dépression, l’anxiété, le stress chronique, l’isolement social et un faible sens du but de la vie ». En d’autres termes, l’attitude a un impact majeur sur le risque de développer une maladie cardiovasculaire.
En discutant avec les patients au fil des ans, j’ai remarqué que ceux qui ont vraiment bon cœur et qui pensent d’abord aux autres, qui s’efforcent de faire ce qui est juste, et qui pardonnent et tolèrent les autres, semblent souvent en meilleure santé.
Une attitude positive et un cœur bienveillant sont les deux plus grands points communs que j’aie observés au fil des ans chez ceux qui vieillissent bien.
Un article paru dans Psychology Today traite de l’impact de la gentillesse sur notre santé. On peut y lire que « la chercheuse Barbara Fredrickson avait un point de vue intéressant, à savoir que la bonté, en particulier l’amour bienveillant, nous aide à sortir d’un état d’esprit égoïste. Pour le dire différemment, la bonté recalibre cette recherche hédoniste incessante du royaume égoïste d’où la comparaison avec le tapis roulant [dans son article]. La compassion et la gentillesse réduisent aussi le stress, stimulent notre système immunitaire et aident à réduire les émotions négatives comme la colère, l’anxiété et la dépression. »
La bonté et la gentillesse peuvent se manifester sous la forme d’actions, mais cela commence très certainement par nos pensées pour ensuite influer ce que nous disons et faisons. Le fait de s’examiner tout au long de la journée pour s’assurer que le bien et les autres passent en premier peut être très bénéfique non seulement pour notre relation avec les autres, mais aussi pour notre propre santé.
Des soins de santé repensés
Il semble que notre perception de notre état de santé puisse avoir une incidence sur un certain nombre de maladies aiguës et chroniques. Mais en tant que médecins, est-ce que nous insistons suffisamment sur ce point avec nos patients ?
Dans un article paru dans Stanford Business, la chercheuse Alia Crum note que les campagnes de santé publique visent à motiver les gens à manger mieux, à faire de l’exercice et à réduire leur stress, mais elles sont incomplètes. « Une variable importante est oubliée : l’état d’esprit des gens sur ces comportements sains. »
J’ai connu un jour un collègue qui rédigeait des ordonnances peu orthodoxes pour ses patients. Il livrait des ordonnances comme « regarder deux films heureux par semaine », « rire dix fois par jour » ou « faire au moins une bonne chose pour quelqu’un chaque jour ». Les patients lui rendaient compte et, selon lui, d’après ses années d’expérience, il a témoigné d’une différence importante dans la santé physique et mentale de ses patients. Bien que le changement de comportement soit important, il a reconnu que tout commence par l’état d’esprit.
Alia Crum est d’accord
« Il est temps que nous commencions à prendre plus au sérieux le rôle des états de pensée dans le domaine de la santé », a déclaré Alia Crum à Stanford Business.
Peut-être que si nous, les médecins, soulignions l’importance d’avoir une perspective positive, de recadrer une situation difficile en une situation positive, d’être gentils et d’aider les autres, nous aiderions nos patients à améliorer considérablement leur santé en leur prescrivant moins ou peut-être même pas de médicaments.
Choisir nos pensées
Nous n’avons pas à être esclaves de chaque pensée qui nous vient à l’esprit
Mon mari croyait qu’il tomberait malade s’il était côtoyé par une personne malade. S’il n’avait pas accepté cette pensée et l’avait plutôt remplacée par une pensée positive sur la santé, il aurait probablement eu des résultats différents.
Nous avons d’innombrables occasions de vérifier nos pensées chaque jour, et chaque fois que nous le faisons, nous pouvons faire un choix sur cette pensée.
Dans son livre Le placebo, c’est vous ! Comment donner le pouvoir à votre esprit, le Dr Joe Dispenza écrit : « 95 % de ce que vous êtes à l’âge de 35 ans est un ensemble de comportements mémorisés, de compétences, de réactions émotionnelles, de croyances, de perceptions et d’attitudes qui fonctionnent comme un ordinateur automatique subconscient. »
Il s’agit d’un ensemble puissant d’habitudes mentales à surmonter, mais bien que ce soit difficile à surmonter, c’est possible.
Savoir à quel point nos pensées sont importantes pour notre santé mentale et physique nous habilite et peut nous motiver à nous entraîner à penser différemment.
Un article sur le site Web de l’Université du Minnesota fait état des travaux du Dr Fredrickson, qui a consacré des années à la recherche sur les bienfaits physiques et émotionnels de la positivité. On observe une récupération plus rapide du stress cardiovasculaire, une diminution des rhumes, un meilleur sommeil et une amélioration du sentiment de bonheur général.
Heureusement pour nous tous, des attitudes et des habitudes positives peuvent être cultivées, ce qui nous donne un autre moyen d’améliorer notre santé et notre bien-être.
Tout au long de votre journée, arrêtez-vous périodiquement pour évaluer vos pensées. Quand les défis se présentent, au lieu de sombrer dans les pensées négatives, recadrez-les et donnez-leur une tournure positive. Acceptez que le changement fait partie de la vie et acceptez ce que la vie apporte, y compris les défis. C’est vraiment une question de résilience.
De nombreuses recherches ont mis l’accent sur l’importance de la résilience. Les personnes résilientes font face honnêtement aux défis de la vie, sans essayer d’échapper ou de nier les souffrances qu’elles endurent. Cela les aide à mieux conserver ce sentiment de positivité que beaucoup d’entre nous perdent face à la difficulté.
Il y a environ quatre ans, mon mari a cessé d’être malade tout le temps. Qu’est-ce qui a changé ? Eh bien, un jour, alors qu’il était soi-disant malade, il a décidé d’essayer un remède-miracle fait de jus de gousses d’ail écrasées, de vinaigre de cidre de pomme cru et de miel cru dont il avait entendu parler.
Et ça a marché. Il a décidé d’en prendre au quotidien comme moyen de prévention. Depuis, il n’est tombé malade qu’une ou deux fois. Le changement a été incroyable. Il croit fermement en cette recette, et s’il la rate, il aura parfois l’impression d’attraper quelque chose. Mais il doublera la prochaine dose, et la maladie semblera avoir été évitée. J’aime à penser qu’il a aussi appris à surveiller ses pensées un peu plus. Placebo ? Des pensées positives ? Un remède maison efficace ? Peut-être un peu de tout.
Il y a plusieurs années, alors que je sortais de ma voiture un après-midi, j’ai trouvé cette note jetée sur le sol à mes pieds. Il est un peu abîmé et usé, mais je le garde sur le tableau au-dessus de mon bureau comme un précieux rappel : TOUT CE QUE NOUS SOMMES PROVIENT DE NOS PENSÉES.
Il est important de se rappeler que nous n’avons pas à être esclaves de chaque pensée qui nous vient à l’esprit. Avec du temps, de la pratique et de la vigilance, nous pouvons exploiter l’une des ressources de santé les plus puissantes et les plus libres que nous ayons – notre état d’esprit.
Tatiana Denning, D.O., est un médecin de famille qui se concentre sur le mieux-être et la prévention. Elle croit qu’il faut donner à ses patients les connaissances et les compétences nécessaires pour maintenir et améliorer leur propre santé.
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