L’ex-prêtre Bernard Preynat, condamné en 2020 à cinq ans de prison pour des agressions sexuelles dans le diocèse de Lyon, qui ont éclaboussé la hiérarchie catholique à travers le cardinal Barbarin, a été arrêté mercredi 17 novembre en exécution de sa peine.
Quelques mois après sa condamnation en mars 2020 pour ces abus commis entre 1971 et 1991 sur de jeunes scouts, l’ancien aumônier scout s’était désisté de son appel, ouvrant la voie à son incarcération, mais celle-ci demeurait conditionnée à un feu vert des médecins.
Incarcération au centre pénitentiaire de Saint-Étienne
M. Preynat, 76 ans, a été interpellé mercredi matin à Saint-Étienne par les policiers de la sûreté départementale de la Loire, au domicile de sa sœur où il résidait, a-t-on appris de source policière locale, confirmant une information du Figaro.
#Barbarin #Preynat : Le père Bernard Preynat a été arrêté, ce matin à 9h à Saint-Etienne, par la sûreté départementale en vue de la mise à exécution de sa peine. Il avait été condamné à 5 ans de prison pour agressions sexuelles sur mineur en mars 2020.https://t.co/6AqjeBfFHR
— Vincent Vantighem (@vvantighem) November 17, 2021
Un état de santé dégradé
Après sa présentation au parquet de Saint-Étienne, il a été conduit en détention au Centre pénitentiaire de La Talaudière (Loire), a précisé de son côté le parquet.
« C’est une peine qui est amenée à exécution », a déclaré Me Frédéric Doyez, l’avocat de M. Preynat. « L’expertise a mis en avant l’état de santé dégradé de Bernard Preynat mais son pronostic vital n’est pas engagé, c’est pour cela que la requête n’a pas abouti », a-t-il ajouté.
L’état de santé de M. Preynat n’apparaissait « pas durablement incompatible avec son placement en détention dans le cadre d’une structure de soins spécialisée pénitentiaire » selon l’expertise, a précisé le procureur de Saint-Étienne David Charmatz. Cette décision a été confirmée le 25 octobre par la chambre d’application des peines de la cour d’appel de Lyon.
« L’état de santé de M. Preynat est très préoccupant et il faut qu’un avis médical ait lieu, ce qui sera fait car il va voir un médecin en arrivant en prison », a estimé Me Doyez, annonçant son intention d’engager une procédure pour obtenir un éventuel aménagement de peine. « On ne pouvait pas envisager un aménagement de peine avant sa mise exécution », a-t-il encore expliqué.
3000 à 4000 agressions sexuelles
À son procès en mars 2020, la procureure avait accusé l’ancien aumônier d’avoir « brisé » les vies des jeunes scouts et de s’être « servi du silence des parents et du silence de l’Église » pour multiplier ses abus. L’un des avocats des parties civiles avait estimé le nombre d’agressions entre 3000 et 4000.
« C’est officiel ? Ils l’ont embarqué avec les menottes ? C’est super ! », a réagi mercredi 17 novembre Pierre-Emmanuel Germain-Thill, victime de Bernard Preynat et ancien membre de l’association aujourd’hui dissoute « La Parole libérée ».
« Ce n’est que justice. Des types comme ceux-là ne doivent pas rester dehors même s’ils sont âgés. Justice est faite ! », a-t-il ajouté.
Responsabilité de l’Église qui avait connaissance des faits
Maintenu en fonction par le diocèse de Lyon jusqu’à l’automne 2015 alors que ses agissements étaient connus, Bernard Preynat avait demandé pardon aux neuf victimes venues témoigner de leurs souffrances au procès. Mais beaucoup d’autres n’ont pu porter plainte du fait de la prescription.
Un procès canonique avait déjà fait perdre sa qualité de prêtre à Bernard Preynat en juillet 2019.
Cette affaire, qui avait éclaté en 2015, a éclaboussé toute la hiérarchie catholique à travers le cardinal Philippe Barbarin. Condamné en première instance en 2019 pour ses silences sur l’affaire, le prélat avait ensuite été relaxé en appel mais a finalement démissionné de ses fonctions d’archevêque de Lyon.
L’ancien archevêque de Lyon, 71 ans, est aujourd’hui aumônier en Bretagne.
L’annonce de l’arrestation de l’ancien prêtre survient quelques semaines après les révélations choc de la commission Sauvé qui a estimé, dans un rapport début octobre, à 330.000 le nombre de personnes de plus de 18 ans ayant fait l’objet de violences sexuelles depuis 1950, quand elles étaient mineures, de la part de clercs, religieux ou personnes en lien avec l’Église.
Les évêques catholiques ont reconnu début novembre la « responsabilité institutionnelle » de l’Église dans les actes pédocriminels et leur « dimension systémique ».
Les congrégations de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref), qui ont déjà reconnu leur « responsabilité collégiale », examinent actuellement le rapport.
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