La Chine s’assure une position dominante dans le secteur mondial des minéraux en soutenant des régimes illégitimes, en soudoyant des fonctionnaires gouvernementaux pour obtenir des droits miniers et en encourageant activement des violations flagrantes des droits de l’homme, selon un témoignage présenté mardi au sous-comité américain sur l’Afrique de la Chambre des représentants des États-Unis.
Pékin constitue également un énorme stock d’or, dont le prix a récemment atteint un niveau record de plus de 3000 dollars l’once, pour éventuellement créer une nouvelle monnaie destinée à rivaliser avec le dollar américain, a-t-on appris auprès des membres du Congrès.
Au cours d’une audition intitulée « Métaux, minéraux et exploitation minière : comment le PCC alimente les conflits et l’exploitation en Afrique », plusieurs témoins experts ont témoigné que le modèle du Parti communiste chinois (PCC) sur le continent est basé sur l’exploitation des ressources naturelles de l’Afrique au détriment de la sécurité nationale des États-Unis.
Cette stratégie fonctionne, selon eux, dans la mesure où les États-Unis peinent à s’assurer un approvisionnement adéquat en minerais considérés comme essentiels à leur progrès futur.
Parmi les témoins figuraient des experts de premier plan en matière de sécurité et de minéraux, qui ont averti l’administration du président Donald Trump de ne pas négliger l’Afrique, mais de prendre des mesures significatives pour affaiblir le monopole de la Chine sur les industries extractives.
Il pourrait s’agir de mettre en œuvre des sanctions contre les entreprises et les hommes d’affaires chinois impliqués dans des affaires de corruption et d’appliquer des réglementations plus strictes aux entreprises chinoises qui fournissent des minerais aux entreprises américaines.
Le sous-comité a entendu dire que si les États-Unis n’établissaient pas une plus grande présence en Afrique, en particulier dans les secteurs miniers, leur économie s’en trouverait affaiblie et leurs citoyens mis en danger.
Joseph Nguramo, expert en sécurité spécialisé dans le secteur des minéraux pour le Conseil Atlantique – un groupe de réflexion de Washington – a déclaré lors de l’audition que le chaos politique et social en Afrique profite aux intérêts économiques de la Chine, notamment à sa mainmise actuelle sur les approvisionnements mondiaux en minéraux critiques, en décourageant les investissements et la collaboration de l’Occident.

« Parallèlement, ce chaos soutient des systèmes politiques corrompus, maintenus en place par des élites prédatrices et kleptocrates qui s’enrichissent aux dépens de leurs citoyens », a-t-il poursuivi. « Ces systèmes perpétuent la pauvreté et conduisent à des conflits régionaux et à des guerres, comme on peut le constater au Soudan et en RDC (République démocratique du Congo). »
Selon M. Nguramo, des dizaines de milliers d’enfants à travers l’Afrique sont contraints de creuser pour extraire des minerais destinés à des acheteurs chinois, sans équipement de protection adéquat et sans être payés.
« Certains de ces enfants ont moins de 10 ans, ce qui les expose à des substances toxiques, causant de graves problèmes de santé et d’environnement », a-t-il ajouté, citant des enquêtes d’Amnesty International.
M. Nguramo a souligné que l’Afrique est la région du monde la plus riche en ressources et qu’elle possède 40 % des minéraux nécessaires à la sécurité énergétique mondiale à l’avenir.
Les minéraux africains, notamment le cobalt, le tantale et le lithium, sont également des éléments clés pour la fabrication de puces et de semi-conducteurs indispensables à la construction d’infrastructures essentielles.
Les métaux critiques sont des éléments essentiels dans la technologie des systèmes d’armes avancés, notamment la défense antimissile, les sous-marins et les avions de chasse.
Le sous-comité a appris que la Chine avait pris le contrôle quasi total du secteur minier africain.
« Compte tenu de cette situation, la sécurité nationale des États-Unis et de leurs alliés dépendra de plus en plus de la chaîne d’approvisionnement mondiale de la Chine », a souligné M. Nguramo dans son témoignage.
Sasha Lezhnev, conseiller politique principal chez The Sentry, une organisation politique enquêtant sur les réseaux qui profitent des conflits, de la répression et de la kleptocratie, a déclaré lors de l’audition que près de la moitié des investissements miniers les plus importants réalisés par la Chine dans le monde concernaient l’Afrique sub-saharienne.
« Ces investissements s’accompagnent d’une corruption importante », a-t-il ajouté. « Ce n’est peut-être pas un hasard si les pays africains qui exportent le plus vers la Chine affichent également les taux de corruption les plus élevés au monde. »
Ces pays incluent le Sud-Soudan, la RDC et l’Érythrée.
Les recherches de M. Lezhnev ont mis en évidence une litanie de violations des droits de l’homme et de l’environnement liées aux investissements chinois dans des projets miniers d’énergie verte en Afrique.
Ces problèmes n’ont jamais été aussi aigus qu’en RDC, le pays d’Afrique centrale qui possède certaines des plus grandes concentrations de minerais essentiels au monde, et dont la Chine est de loin le plus grand investisseur minier et partenaire commercial, a-t-il indiqué.
La RDC est le premier producteur mondial de cobalt (75 % de la production mondiale) et de tantale (40 % de la production mondiale), a t-il précisé.
En 2024, elle est devenue le deuxième producteur mondial de cuivre.
M. Lezhnev a rappelé que la Chine avait signé en 2008 un accord de 6,2 milliards de dollars pour l’exploitation de minerais en échange d’infrastructures en RDC. Depuis lors, la corruption a augmenté de manière exponentielle.
The Sentry a enquêté sur cette affaire et a découvert que la société écran – Congo Construction Company (CCC) – au centre du système avait reçu 55 millions de dollars de « sources étrangères », apparemment destinés à corrompre de hauts fonctionnaires du gouvernement de la RDC.
D’après M. Lezhnev, le gouvernement de la RDC retire souvent les permis aux entreprises minières occidentales pour les donner à des sociétés liées au PCC.
Il a indiqué que l’or est « au cœur » de la récente escalade du conflit dans l’est de la RDC, qui a entraîné le déplacement de 6,5 millions de personnes et la mort de milliers d’autres.
Les rebelles M23, soutenus par le Rwanda, se battent contre les troupes gouvernementales de la RDC pour le contrôle des zones riches en minerais, en particulier celles qui recèlent de vastes gisements d’or.
La RDC produit plus d’un milliard de dollars d’or par an. Cependant, selon M. Lezhnev, la quasi-totalité de cet or sort clandestinement du pays, principalement vers le Rwanda et l’Ouganda voisins, avant d’être acheminé vers les Émirats arabes unis (EAU), la Chine et d’autres pays.
« La Chine achète des quantités record d’or, y compris à la Russie, potentiellement dans le but d’établir une nouvelle monnaie des BRICS qui réduirait la domination du dollar américain ou à d’autres fins concurrentielles », a-t-il poursuivi.
La Chine et la Russie sont les principaux membres des BRICS, un bloc qui vise à contrer ce qu’il considère comme une mainmise occidentale sur l’architecture mondiale, y compris les Nations unies et la Banque mondiale.
La Chine est le plus grand consommateur et producteur d’or au monde, et elle a été active dans le commerce de l’or dans l’est de la RDC et ailleurs sur le continent, a indiqué M. Lezhnev. Certaines entreprises liées au PCC payent des groupes armés pour avoir accès au métal précieux.
Il a fait savoir au sous-comité qu’il y avait environ 450 sociétés minières illégales dans la seule région du Sud-Kivu, principalement dirigées par des ressortissants chinois qui faisaient passer en contrebande jusqu’à 8 tonnes d’or par an.
D’après M. Lezhnev, des opérateurs chinois extraient illégalement de l’or à travers toute l’Afrique – dans des pays tels que la République centrafricaine, le Ghana, le Mali et le Nigeria – et le font passer en contrebande vers la Chine.
Dans un témoignage écrit, Thierry Dongala, qui mène des enquêtes sur la chaîne d’approvisionnement des négociants en or et en métaux précieux pour son entreprise, Accountable Africa, a expliqué que « de nombreuses années de sanctions américaines sans carotte ni bâton en Afrique ont fait fuir les bailleurs de fonds respectueux de la conformité et ont permis à la Chine de monopoliser l’exploitation artisanale de l’or en Afrique ».

D’après lui, les sanctions américaines ont fait fuir les partenaires bancaires mondiaux « parce qu’ils ne veulent pas prendre le risque de faire la distinction entre les bons et les mauvais acteurs dans le secteur minier ».
Ainsi, selon M. Dongala, « la plupart des bons acteurs rejoignent les mauvais acteurs » en commerçant avec des entreprises chinoises qui contournent allègrement les réglementations minières.
« De ce fait, de vastes pans du commerce artisanal de l’or sont livrés à l’influence chinoise et les gouvernements sont même encouragés à confisquer les mines d’or, qui appartiennent souvent à des investisseurs américains, pour les confier à des exploitants chinois. »
Pour éviter cela, il a suggéré que le gouvernement américain commence à délivrer des licences spéciales de son bureau de contrôle des actifs étrangers (OFAC) aux négociants en minerais « qui respectent les normes les plus strictes en matière de responsabilité ».
Cette initiative, d’après M. Dongala, offrirait une alternative au financement et au commerce chinois sur le marché noir dans le secteur de l’extraction de l’or en Afrique.
« Elle permettra de distinguer les bons acteurs du marché tout en recueillant des données sur le marché qui permettront à l’OFAC de mieux cibler les mauvais acteurs du marché. »
M. Lezhnev estime que le système de kleptocratie reste le principal obstacle à l’élimination des abus dans les chaînes d’approvisionnement en minerais africains.
« Le système kleptocratique perdurera tant que les activités de corruption ne seront pas sérieusement sanctionnées, et la lutte contre la corruption profitera aux entreprises américaines en les mettant sur un pied d’égalité », a-t-il ajouté.
M. Lezhnev a exhorté le département du Trésor américain à sanctionner les réseaux qui facilitent la grande corruption, en particulier dans le secteur minier.
« Il pourrait s’agir de raffineries d’or et de négociants au Rwanda, en Ouganda et dans les Émirats arabes unis qui commercialisent de l’or de guerre […], [et] d’importants intermédiaires, des entreprises chinoises, des hommes d’affaires internationaux, ainsi que de hauts fonctionnaires de la RDC qui facilitent activement la corruption. »
M. Lezhnev a ajouté que l’administration Trump et le Congrès ont un rôle important à jouer dans la lutte contre le commerce illégal de l’or de la RDC vers les Émirats arabes unis, la Chine et au-delà.
Il a suggéré que le secrétaire d’État, Marco Rubio, prenne la tête d’une initiative publique-privée sur l’or illicite, en partenariat avec des organismes du secteur de l’or tels que la London Bullion Market Association (LBMA), le World Gold Council (WGC) et des alliés, notamment le Royaume-Uni et l’Union européenne.
« Le nouvel organisme doit s’attaquer à la transparence des données sur le commerce de l’or – un problème majeur – en collectant, en consolidant et en partageant des données fiables. »
« Il n’existe actuellement aucune donnée fiable sur le commerce de l’or en temps réel, ce qui fait que les organismes de sanctions et autres qui tentent de lutter contre le commerce illicite de l’or sont nettement en retard sur les acteurs criminels. »
Il a déclaré lors de l’audition que Washington devrait s’associer aux Émirats arabes unis pour identifier les schémas et les entreprises de contrebande d’or, puis aider à inculper et à poursuivre les acteurs illicites.
En collaboration avec l’Union européenne et le Royaume-Uni, a insisté M. Lezhnev, M. Rubio et le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, devraient mettre en place un groupe de travail sur l’or illicite afin de « mener des enquêtes approfondies et de sanctionner les réseaux de trafiquants » dans le but d’éroder les profits de la Chine.
M. Lezhnev a également souligné que la Chine avait toujours besoin des marchés américains.
« Même si la Chine contrôle une grande partie du commerce des minéraux critiques, ses entreprises veulent toujours vendre aux États-Unis et aux marchés occidentaux, qui restent les plus grands du monde pour l’électronique et qui sont importants pour les [véhicules électriques]. »
« Les entreprises chinoises approvisionnent Tesla, Apple, Ford… Les entreprises américaines de l’automobile et de l’électronique disposent donc encore d’un levier important sur cette chaîne d’approvisionnement grâce à leur pouvoir d’achat combiné, qu’elles peuvent exercer par la diligence raisonnable, la traçabilité et l’audit », a-t-il ajouté.
Pour M. Nguramo, les États-Unis doivent contrer la mainmise chinoise sur les ressources naturelles de l’Afrique pour assurer leur propre sécurité, la démocratie et le respect des droits de l’homme en Afrique.
« Il est certain qu’en l’absence de leadership et d’engagement des États-Unis au niveau mondial, le vide sera comblé par des régimes autocratiques, répressifs, tyranniques et autoritaires, comme nous le voyons au Venezuela, à Cuba, en Corée du Nord, en Russie, au Soudan et en RDC – malheureusement soutenus et alignés sur la Chine », a-t-il témoigné.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.