Des époux chinois séparés et persécutés depuis presque une décennie ont récemment été amenés de nouveau dans une salle d’audience. Une fois de plus, ils ont eu droits à un procès truqué et à des accusations largement politisées.
La saga romantique et tragique des époux – qui se sont mariés lorsque le mari, Zhou Xiangyang, était dans un centre de détention – a été documentée par Amnesty International et d’autres organisations de défense des droits de l’homme. Après leur mariage en 2009, Zhou Xiangyang et son épouse Li Shanshan n’ont pu se voir que pendant de courtes périodes avant que l’un ou l’autre n’ait été de nouveau arrêté et mis en détention.
Le 30 novembre dernier, le couple s’est rencontré de nouveau au tribunal du district de Dongli de la ville de Tianjin. Ils ont été accusés d’avoir « porté atteinte à la loi » en pratiquant le Falun Gong, une discipline traditionnelle de développement physique et spirituel comprenant des exercices et des enseignements basés sur les principes de vérité, compassion et tolérance ; ainsi que d’avoir informé les gens sur la persécution de cette pratique.
Depuis juillet 1999, suite au lancement d’une campagne nationale de persécution par l’ancien dirigeant du Parti communiste chinois Jiang Zemin, le Falun Gong a été condamné par le Parti à être éradiqué.
Selon Minghui.org – centre d’information sur la persécution de Falun Gong, depuis mars dernier Zhou Xiangyang et Li Shanshan ont été enfermés au centre de détention dans la ville de Tianjin en Chine orientale, après que la police ait perquisitionné leur domicile et les ait arrêté pour possession de documents sur le Falun Gong. Ces documents comprennent généralement les enseignements du Falun Gong, ainsi que des dépliants et des CD-ROM sur les tortures subies par ceux qui le pratiquent en Chine.
Le procès a été marqué par des irrégularités juridiques, comme c’est d’usage dans des cas où le système judiciaire chinois est utilisé pour appliquer une décision politique.
Par exemple, les accusés n’avaient plus d’avocat après qu’un de leurs avocats ait été bloqué en route par un brouillard très dense, tandis que le deuxième a quitté le tribunal en protestation de la décision péremptoire du juge de ne pas suspendre l’audience en raison de l’absence de son collègue.
Zhou Xiangyang et Li Shanshan ont été également privés de la possibilité de se défendre eux-mêmes, en étant forcés à ne répondre que par «oui» ou «non» aux questions autoritaires du juge. Le juge Zhang Yaling avait un écouteur à son oreille, ce qui fait croire qu’il pouvait recevoir des instructions d’une tierce personne.
Le juge Zhang Yaling a conclu l’audience en 30 minutes, après que les téléphones portables du couple, contenant des informations sur le Falun Gong, aient été présentés en tant que preuves. Le verdict n’a pas été prononcé à ce jour – les tribunaux chinois prononçant généralement le verdict au bout d’un délai de deux mois. Toutefois, le recours déposé le 22 décembre par l’avocat Li Zhongwei, peut toujours l’ajourner ou le modifier.
L’histoire de leur séparation
L’histoire d’amour de Zhou Xiangyang et Li Shanshan pourrait être le sujet d’une pièce tragique, ou peut-être l’exemple réel d’un conte populaire chinois où les amoureux maudits ne sont autorisés par le ciel à ne se voir qu’une fois par an.
Le couple de Tianjin ne s’est brièvement rencontré que trois fois, avant que Zhou Xiangyang ait été arrêté par la police en mai 2003 pour avoir parlé aux gens du Falun Gong. Il a été condamné à neuf ans de prison, à partir d’août 2004. Parler en public de la persécution du Falun Gong ou distribuer des informations sur les tortures que subissent les pratiquants par le régime chinois, peuvent être considérés comme des infractions pénales en Chine et punis par une détention en prison ou dans un camp de travaux forcés.
Li Shanshan a appris des membres de la famille et des amis de Zhou Xiangyanget qu’ il avait été détenu, injurié, battu jusqu’à perdre connaissance et avait reçu des décharges de matraque électrique dans un camp de travaux forcés. Elle l’a soutenu et l’a admiré.
J’ai senti que ce monde était plus froid que l’hiver lui-même.
– Li Shanshan
En hiver de 2004, elle a décidé de rendre visite à Zhou Xiangyang dans la prison Gangbei de Tianjin. Cependant, après avoir passé une heure dans un bus et marché une demi-heure sous une tempête de neige, elle a été repoussée à la porte par les gardiens de prison. Selon eux, seuls les membres de sa famille avaient le droit de le voir.
Découragée, Li Shanshan est restée assise devant les portes de la prison.
« J’ai senti que ce monde était plus froid que l’hiver lui-même. Zhou Xiangyang voulait juste vivre en suivant les principes de vérité, compassion et tolérance. Il n’a commis aucun crime », a écrit Li Shanshan sur le site de Minghui.org.
Sur l’impulsion du moment, Li Shanshan a demandé aux gardiens de prison de les marier. Sa demande les a fait sursauter : habituellement, les seules demandes liées au mariage qu’ils recevaient étaient des demandes de divorce provenant de conjoints des familles éclatées suite à la campagne incessante de persécution du Parti. Après qu’elle ait persisté dans sa demande pendant cinq mois, les gardiens ont finalement cédé et l’ont laissé rencontrer son fiancé.
Le couple s’est finalement marié en octobre 2009, deux mois après que Zhou Xiangyang ait été mis en liberté conditionnelle pour des raisons médicales.
Toutefois, comme les amoureux d’un conte populaire chinois, ils ne sont pas restés ensemble longtemps.
En mars 2011, ils ont été de nouveau arrêtés par les autorités. Comme le couple était apprécié par les résidents locaux et leur histoire bien connue aux alentours, plus de 7 000 Chinois ont signé une pétition demandant leur libération. C’était un événement exceptionnel au vu de la campagne incessante de diffamation menée par les organes de propagande du Parti depuis le début de la campagne anti-Falun Gong.
Les efforts des parents du couple ont également été émouvants. Le père de Zhou Xiangyang, un homme costaud venant de la campagne, se promenait habillé d’une blouse blanche sur laquelle il avait écrit l’histoire de la persécution de son fils. En 2012, ses parents ont conduit aux portes de la prison un tracteur sur lequel ils avaient accroché des bannières de protestation. Le couple âgé a passé trois nuits glaciales devant la prison, avant d’être arrêté par les forces de sécurité et envoyé dans un centre de rééducation.
En décembre 2011, Amnesty International a publié un appel urgent demandant la libération de Zhou Xiangyang et Li Shanshan. Ainsi, la persécution du couple a été connue au niveau international.
Les deux époux ont retrouvé leur liberté en 2012, mais seulement jusqu’en mars dernier. La décision de leur nouvelle séparation dépend du juge Zhang Yaling qui, le mois dernier, leur avait crié dessus pour qu’ils se taisent lorsqu’ils avaient essayé de se défendre devant le tribunal du district de Dongli de la ville de Tianjin.
Juliette Song a contribué à cet article.
Article original : For Persecuted Chinese Couple, Injustices Continue in Court
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