Heurs et malheurs de la livraison rapide de courses à domicile : à coups de rachats, le groupe turc Getir s’est vite imposé comme un acteur majeur de cette activité, mais sa filiale française a été placée mardi en redressement judiciaire, moins de deux ans après sa création.
« Le Tribunal de commerce de Paris s’est prononcé aujourd’hui (2 mai) en faveur » du placement en redressement judiciaire de la société, a annoncé Getir France dans un communiqué mardi soir à l’AFP. Le Tribunal « a accordé une période d’observation de 3 mois pour Getir France, Gorillas France, Frichti », ce qui selon l’entreprise doit donner « aux trois entreprises de Getir en France le temps nécessaire pour trouver un modèle durable pour opérer dans le pays. Selon la CFDT, Getir compte 900 salariés en France, Gorillas, 500, et Frichti, 400.
Le contraste est saisissant entre cette annonce et l’arrivée en fanfare de Getir dans le pays mi-2021. L’entreprise turque revendiquait alors son statut de précurseur du « quick commerce », soit la livraison ultra rapide et à domicile – ou sur le lieu de travail – d’un panier de courses que les clients ne seraient pas en mesure d’aller chercher dans le supermarché le plus proche.
L’entreprise entendait rendre « le luxe de la livraison à domicile » accessible, expliquait à l’époque à l’AFP son fondateur Nazim Salur. Elle est soutenue par des fonds d’investissement très prestigieux : les californiens Sequoia Capital et Silver Lake, ou encore Mubadala Investment Company, un fonds d’investissement souverain de l’émirat d’Abu Dhabi.
17,6 millions d’euros de dette
Deux ans plus tard, l’endettement total était d’environ 17,6 millions d’euros à fin mars 2023 , selon une note interne à l’entreprise que l’AFP s’est procurée. Getir France y explique avoir fait les fruits d’« un environnement contextuel défavorable » avec notamment l’inflation et un « niveau élevé des loyers et un nombre de baux très importants ».
S’il a entretemps croqué son concurrent Gorillas fin 2022, lequel avait précédemment racheté le français Frichti, présent depuis plusieurs années dans le pays, Getir a aussi dû faire face à une levées de boucliers de certaines métropoles. Ces dernières craignent d’être réduites à l’état de « villes-entrepôts » par ces nouveaux acteurs, voire critiquent le développement de « l’économie de la flemme ». En France, le gouvernement a ouvert la voie à une régulation par les mairies de l’implantation de ces acteurs en ville.
Un placement en redressement judiciaire très avantageux
La CGT avait estimé fin avril que cette demande de placement en redressement judiciaire par Getir était une stratégie visant à « faire payer les salaires par l’AGS (régime de garantie des salaires, ndlr) et suspendre provisoirement le paiement des dettes et des créanciers ». Selon le syndicat, Getir a « une trésorerie importante » et « dispose encore des moyens permettant de financer la réorganisation de la (société en) France ».
Le « quick commerce », qui a émergé à la faveur des confinements de l’économie pendant la pandémie de Covid-19, a en effet bénéficié de levées de fonds très importantes en 2021 et 2022. Elles sont toutefois plus compliquées à l’heure actuelle en raison de la difficulté de cette activité à trouver un modèle économique rentable.
En même temps, Getir prépare le rachat d’un concurrent
Ce redressement judiciaire intervient alors que le quotidien économique britannique Financial Times affirme, sur la foi de sources ayant connaissance du dossier, que des discussions sont en cours concernant un rachat par Getir de son concurrent Flink. Interrogé par l’AFP, Getir n’a pas souhaité faire de commentaire mardi soir.
Si l’opération aboutissait, cela ferait de Getir l’unique acteur du secteur encore présent en France, observe mardi le média spécialisé dans la distribution LSA.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.