Gao Zhisheng, surnommé « conscience de la Chine », torturé et emprisonné de nombreuses fois par le régime communiste, est toujours sous résidence surveillée en Chine. Il vient de rédiger ses mémoires. L’ouvrage, épais de 450 pages, est déjà dans les rayons des librairies de Taiwan. La publication du manuscrit, secrètement sorti de Chine, a pu se faire grâce au soutien de son épouse et de sa fille, réfugiées depuis 2009 aux États-Unis.
Gao Zhisheng a gagné la sympathie du peuple en défendant les personnes rejetées, voire considérées comme parias par le Parti communiste. Son sens de la justice est bien souvent venu déranger les officiants du Parti dans leurs affaires de corruption. Cela lui a valu d’être accusé par le Parti de « subversion de pouvoir de l’État ». En vue de décourager ses prises de position et de le faire renoncer à son combat contre la corruption, le pouvoir en place s’acharne sur lui depuis maintenant une décennie. Il a été torturé à plusieurs reprises et est toujours privé de liberté.
Après plusieurs années d’isolation au cachot – une cellule d’un mètre carré, plongé dans le noir total et vivant à même le sol – il est désormais contraint de vivre en résidence surveillée chez son frère dans un village reculé du Shaanxi, leur province natale.
L’ouvrage décrit les supplices qu’il a subis des mains du communisme d’État, dévoilant ainsi la violence et la frénésie de ce régime en place depuis 1949. Gao nous révèle également sa conviction selon laquelle le Parti ne passera pas 2017, étant donné le réveil sous-jacent d’une Chine libre et démocratique.
L’ouvrage intitulé En l’an 2017, Chine, lève-toi n’est actuellement disponible qu’à Taiwan mais se prépare à sortir à Hong Kong, sous format électronique et imprimé. Une version anglaise est aussi en cours d’édition.
Descente aux enfers
Au cours des années 2000, Gao défendait, sans apologie aucune, les cibles du Parti, et notamment à partir de 2005 les pratiquants de Falun Gong. Cela a conduit l’homme si populaire, considéré comme l’un des dix meilleurs avocats, à une véritable descente aux enfers, qu’il décrit dans la première partie de ses mémoires.
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Quand la police n’était pas en train de le torturer, elle l’espionnait et le harcelait, lui et sa famille. En 2009, la police l’a finalement enlevé pour le jeter en prison où il a croupi pendant cinq années.
Incarcéré dans la région autonome du Xinjiang, à l’extrémité ouest de la Chine, Gao Zhisheng a fait face à une série d’épreuves tant physiques que psychiques, dignes d’un scénario d’Orwell. Battu, affamé, exposé aux conditions climatiques extrêmes, choqué par des matraques électriques, ses tortionnaires ont même poussé le vice jusqu’à planter des cure-dents dans ses parties génitales. Les gardes le persécutaient constamment avec des injures, des coups et des menaces en tous genres.
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Cependant, Gao n’a jamais fléchi, allant jusqu’à affirmer que ce n’était pas lui qui était véritablement en danger, mais le Parti communiste lui-même ainsi que ses représentants.
Il pointe en particulier deux fonctionnaires de haut rang qu’il estime responsables de son emprisonnement et de ses tortures – Xie Hui, des forces de police provinciale, et Zhou Yongkang, chef de la sécurité intérieure et de toutes les forces paramilitaires de Chine. Il relate comment, en 2009 puis en 2012, sous l’incrédulité de ses geôliers, il avait déclaré qu’ils feraient face à un jugement.
« Ces deux fonctionnaires corrompus ont déjà été purgés », peut-on lire en préface de son livre. « À l’époque, alors que je prédisais qu’ils seraient bientôt derrière les barreaux, on s’est moqué de moi. Mais maintenant on a vu comment la situation a tourné. »
Zhou Yongkang, qui semblait avoir tous les pouvoirs, a été purgé du Parti et jugé l’an dernier, pour corruption et révélation de secrets d’État.
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En juillet 2015, un mois après que Zhou ait été condamné à la perpétuité, Xie Hui a été placé sous contrôle pour des faits similaires.
Gao Zhisheng, de confession chrétienne, est persuadé que le Parti s’effondrera en 2017, d’après ce qu’il a expérimenté et qu’il décrit comme étant « des révélations du dieu des chrétiens ». Mais il prétend également que la fin de l’ère communiste sera un événement historique inévitable, y compris d’un point de vue « profane », dépourvu de toute conviction.
« Ce Parti est le plus sinistre qui existe. Il représente le plus grand syndicat du crime de l’histoire et ne peut pas plus longtemps échapper au compte à rebours de la fin de son existence malfaisante. »
Prêt à faire face aux conséquences
Ayant été poussé par le passé aux frontières de la mort, Gao a passé plus d’une année à rédiger ce manuscrit dans le secret avant de pouvoir le faire sortir du pays pour publication. Il indique qu’il est prêt à affronter la réaction du régime, quelle qu’elle soit.
« Il nous a dit que nous devions nous y préparer », annonce sa fille Grace Geng, âgée de 23 ans, à une conférence de presse à Hong Kong. « Il y est physiquement et mentalement préparé. »
Gao avait refusé de quitté la Chine continentale, alors même que sa femme et ses deux enfants s’étaient réfugiés aux États-Unis. Il déclarait alors qu’il voulait être là lorsque le système communiste viendrait à s’écrouler.
L’avocat, dont l’accès aux soins a été refusé malgré la détérioration de sa santé, est tout de même capable de communiquer clandestinement, par intermittence, avec ses proches à l’étranger.
« Il est déterminé à ne pas partir de Chine, pour faire ce qu’il pense être juste de faire », annonce Grace Geng. « Il a mis sa famille de côté. Il pense qu’il y a des choses plus grandes que nous-mêmes. »
Le refus de Gao d’abandonner ses convictions a eu plusieurs conséquences sur ses proches, qui ont subi des dommages collatéraux. Il y a eu la surveillance policière et les restrictions sous forme de chantage. Adolescente, Grace Geng s’est vue par exemple refuser l’accès à la scolarité. C’est une période où elle a eu des pensées suicidaires et des pulsions de scarification.
D’abord en colère contre son père, elle a depuis mûri et comprend maintenant son sacrifice pour ses convictions. Aujourd’hui, elle soutient pleinement son père dans sa mission. « Il a foi en Dieu, et moi j’ai foi en lui et en ce qu’il dit. »
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