Amy Yu n’avait jamais entendu parler du fameux « banc du tigre » avant qu’elle ne visite le centre de détention où son père était détenu. À peine âgée de 15 ans à l’époque, elle avait demandé à sa mère ce qu’était le grand banc bizarre.
« Elle m’a dit que c’était un banc du tigre utilisé pour torturer les gens, dit Amy. Il y avait aussi diverses formes d’outils en fer qui étaient accrochés au mur. Certains étaient pointus, d’autres avaient des crochets sur le dessus. C’étaient tous des instruments de torture, m’a-t-on dit plus tard. »
Douze ans plus tard, Amy, aujourd’hui âgée de vingt-six ans, ne connaît que trop bien la manière dont les autorités chinoises traitent ceux qui ne rentrent pas dans la ligne de pensée du parti communiste.
Son père, qui avait passé plus d’une décennie dans une prison de la province de Heilongjiang en Chine au moment de son interview, est maintenant paralysé à cause d’une jambe cassée, il a parfois sa vue qui baisse jusqu’à devenir aveugle, il souffre de vertiges et a perdu la plupart de ses dents. Ses mains, la seule partie de son corps qui est exposée aux yeux des visiteurs, sont pleines de cicatrices, dit Amy.
« J’ai peur qu’il ne tienne pas jusqu’à ce qu’il rentre chez lui », avait dit Amy la dernière fois qu’elle a vu son père. « Je l’ai trouvé très fatigué. C’est en fait une personne très forte, je n’avais jamais vu ce regard sur son visage. Je crains que son espoir ait été brisé. »
Informer sur le sort de sa famille
Ce n’est que maintenant qu’elle vit à Londres qu’Amy pense avoir une chance de commencer à faire campagne pour sa libération. Alors qu’elle travaille pour informer sur les conditions et les raisons d’emprisonnement de son père, elle ne peut pas non plus se tourner vers sa mère pour obtenir du réconfort ou des réponses, car elle aussi est emprisonnée depuis neuf ans.
Amy, diplômée en design de mode de la Cambridge School of Art, maintenant résidente d’Edmonton, affirme que la raison pour laquelle sa famille a été persécutée illégalement par le régime chinois vient de leurs croyances spirituelles.
Ses 2 parents pratiquent le Falun Gong, également connu sous le nom de Falun Dafa, une pratique spirituelle chinoise persécutée par le Parti communiste chinois depuis 1999.
« Ma famille a été brisée. Même si mes parents étaient maintenus en détention, la police m’a quand même harcelée et a pris nos affaires à la maison. Au cours de ces années, j’ai été témoin du côté sombre de la Chine. »
Son député Frank Dobson a écrit au ministère des Affaires étrangères au sujet de la détresse de son père. La réponse du ministère des Affaires étrangères a été de réaffirmer qu’il soulevait régulièrement les questions relatives aux droits de l’homme auprès des autorités chinoises dans le cadre du Dialogue sur les droits de l’homme.
Amy dit que sa conseillère municipale, Bambos Charalambous, lui a apporté son soutien et qu’elle a réussi à obtenir une couverture médiatique locale. Elle dit qu’elle doit faire plus pour mieux faire connaître le cas de son père.
Zonghai Yu, le père d’Amy Yu, a été condamné sans procès et sans représentation légale à 15 ans de prison à la prison de Mudanjiang en 2001 après avoir été pris en train d’accrocher une bannière « Falun Dafa is good ! » (« Le Falun Dafa est bon ! ») dans sa ville.
La prison de Mudanjiang est surnommée le « camp de concentration de la mort » selon Minghui.org, un site qui documente la persécution du Falun Gong depuis 1999. Selon le site Web, les détenus travaillent chaque jour pendant 11 heures, fabriquant des baguettes.
Un rapport sur Minghui.net déclare : « Les baguettes ‘sanitaires’ produites par la prison de Mudanjiang ne sont pas seulement fournies à la ville, mais aussi exportées au Japon. Ces produits emportent avec eux une grave contamination virale et bactérienne. Les prisonniers ne se lavent pas le visage pendant 10 à 20 jours. »
Une fois, un prisonnier a laissé une petite note avec les baguettes révélant la vérité sur leur condition de production et leur caractère insalubre.
« Quand l’examinateur l’a découvert et a trouvé qui l’a fait, les gardes ont battu ce prisonnier avec des matraques électriques et des bâtons en bois jusqu’à ce qu’il soit presque mort », dit le rapport. « Il a été transporté à l’hôpital et laissé sans traitement. Quelques jours plus tard, il est mort. »
Minghui.org estime qu’il y a environ 100 pratiquants de Falun Gong emprisonnés dans cette prison. On sait que treize d’entre eux y sont morts depuis 1999.
Selon Faluninfo.net, plus de 3 000 décès de pratiquants de Falun Gong ont été documentés depuis 1999, et plus de 63 000 cas de torture ont été recensés. Mais ils soulignent que ce sont les cas qui ont été documentés malgré le blocus chinois de l’information très efficace. Ils estiment que le nombre réel de décès du Falun Gong se chiffre à plusieurs dizaines de milliers.
M. Yu était autrefois un individu fort et en bonne santé. Amy dit qu’il attribue sa santé et sa vigueur à la pratique quotidienne des exercices de Falun Gong, qui l’avait guéri d’un problème majeur de hanche. La dernière fois qu’Amy a tenté de lui rendre visite en 2010, les autorités l’ont bloquée pendant plusieurs mois.
« Quand je lui ai rendu visite, sa jambe était cassée. Mon père m’ a dit que sa poitrine avait été battue sérieusement par des matraques électriques et que maintenant, il avait du mal à respirer. Dans le passé, il avait un cœur très sain, mais maintenant il a de graves problèmes cardiaques. Sa tête a été frappée par quelque chose de lourd, et à ce moment) là, il avait souvent des vertiges. »
La plupart de ses dents avaient déjà été cassées à la suite de coups réguliers et, en 2006, son canal lacrymal avait été déchiré et n’avait jamais été traité, ce qui le laissait parfois à moitié aveugle.
La mère d’Amy, Wang Meihong, était ingénieur principal dans un institut géologique. Elle a été condamnée le 25 octobre 2003 à 11 ans de prison pour avoir distribué des flyers et des CD afin de sensibiliser le public au sort du Falun Gong en Chine.
Amy se souvient encore de la nuit où sa mère a été enlevée: « La police nous a emmenés, ma mère et moi, au poste de police. Quand nous sommes arrivées là-bas, la police s’est disputée avec ma mère et a dit qu’elle pratiquait le Falun Gong ».
« Puis ils m’ont pointé du doigt et m’ont dit : ‘Les parents de cette fille sont tous les deux des pratiquants de Falun Gong, elle doit être méchante.' »
Ils ont jeté une photo de Li Hongzhi, le fondateur du Falun Gong, sur le sol et ont demandé à Amy de marcher dessus.
« Ils m’ont vu hésiter et m’ont crié : ‘Tu vois, c’est aussi une pratiquante de Falun Gong, enferme-la aussi !’ J’avais peur, et ma mère m’a poussée hors de la pièce en disant : ‘C’est juste une enfant, laissez-la partir’. Elle m’a dit : ‘Rentre à la maison, baobao [bébé] – cours !' »
« Je me suis enfuie en pleurant. Je ne savais pas où je pouvais aller – ma maison était vide, car mon père avait déjà été arrêté. J’ai appelé ma meilleure amie et j’ai demandé à passer la nuit avec elle. »
Au moment de l’interview, Amy se concentrait principalement sur son père en raison de sa santé critique et des conditions auxquelles il est soumis, explique-t-elle.
Malgré sa mauvaise santé, sa prison le force toujours à faire du travail d’esclave. Les membres de notre famille ont demandé un examen de santé approfondi et un traitement médical pour lui à l’extérieur de la prison. L’administration de la prison avait donné son accord verbalement. Mais trois ans plus tard, cela ne s’est toujours pas produit.
« Il y a trois mois, en raison de son état de santé très critique, la cour avait l’intention de relâcher mon père à condition qu’il renonce au Falun Gong. » Son père a refusé et a dû supporter le reste de sa peine jusqu’à 15 ans.
Note de la rédaction: Dans un documentaire récent, nous avons appris que le père d’Amy a été libéré à la fin de sa peine en 2016, avait retrouvé sa femme mais et étant toujours surveillés par les services de la police chinoise, ils se déplacent actuellement de villes en villes pour ne pas être emprisonnés à nouveau. À découvrir dans ce documentaire récent, pour l’instant en anglais.
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