Les ministres de l’Opep ont convenu vendredi d’une hausse de la production de pétrole pour « répondre » à la demande mondiale dans un contexte de hausse des prix, comme le souhaitaient la Russie, l’Arabie saoudite ainsi que les Etats-Unis. « Nous nous sommes accordés autour du chiffre d’un million de barils que nous avions proposé », a affirmé le ministre saoudien Khaled al-Faleh à l’issue d’une réunion du cartel à Vienne. « Je pense que cela va contribuer de façon significative à répondre à la demande supplémentaire que nous prévoyons au second semestre », a-t-il ajouté.
L’objectif d’un million de barils par jour, qui concerne l’Opep et dix autres producteurs dont la Russie, n’est toutefois pas mentionné dans le texte signé par le cartel, qui doit encore se réunir avec ses partenaires samedi. Les objectifs de limitation de production établis fin 2016 par l’Opep et ses partenaires, soit 24 producteurs de pétrole représentant plus de 50% de l’offre mondiale, ont contribué à un redécollage des prix, au plus bas il y a deux ans.
L’Arabie saoudite et la Russie estiment toutefois que la marché est aujourd’hui en risque de « surchauffe », alors que la demande s’accélère. Ryad et ses alliés ont toutefois eu fort à faire pour convaincre l’Iran de donner son feu vert à une hausse de production alors que la République islamique est sous le coup de sanctions américaines qui compromettent ses capacités d’extraction et d’exportation. Jeudi soir, le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namar Zanganeh, avait quitté une réunion technique, affirmant qu’il n’y aurait « pas d’accord », l’unanimité étant requise pour les décisions de l’Opep.
Mais l’Arabie, premier exportateur mondial, a réussi à faire valoir que l’accord de 2016 laisse des marges de manœuvre, ses plafonds n’étant pas tous atteints. L’Opep demande ainsi désormais à ses membres de considérer les volumes de production de façon globale plutôt que de fixer des objectifs par pays, ouvrant notamment la voie à des réallocations de quotas d’un pays à l’autre.
« Tous les pays ne font pas les mêmes efforts de baisse de production, certaines baisses sont dues à des manques d’investissements », a reconnu Souhail al-Mazrouei, ministre de l’Energie des Emirats arabes unis dont le pays assure la présidence tournante de l’Opep, un propos visant notamment le Venezuela. Le ministre iranien a assuré après la réunion que le consensus dégagé vendredi correspondait à ce qu’il avait « proposé et accepté », à savoir « respecter l’accord à 100%, rien de plus ».
L’Opep se base sur le fait que l’accord initial, qui visait une réduction de 1,8 million de barils par jour, a mené à une baisse réelle de 2,8 millions. Concrètement, les producteurs ayant les moyens d’augmenter leur production pourront désormais accélérer leurs extractions pour compenser les déficits virtuels des autres pays. Meneur des pays non membres de l’Opep, Moscou est un fervent partisan d’une hausse de production alors que ses entreprises pétrolières privées ont de plus en plus de mal à justifier auprès de leurs actionnaires de retenir leurs extractions et de ne pas profiter pleinement des cours élevés.
Certains analystes présents à la conférence de l’Opep ont toutefois déploré de ne pas voir de chiffres de hausse de production dans le communiqué final. « Ils ne peuvent pas se permettre d’être aussi vagues qu’ils l’ont été aujourd’hui », s’est étonné Joe McMonigle, de chez Hedgeye. Malgré ce flou, les cours du pétrole ont grimpé à l’annonce de la décision, de 2,08% à 74,67 dollars pour le Brent européen et de 2,99% à 67,50 dollars pour le WTI américain à 14H45 GMT.
« J’espère que l’Opep va augmenter son débit de manière significative. Il faut garder les prix bas! », a de son côté tweeté le président américain Donald Trump au moment où l’Organisation publiait sa décision, après avoir récemment accusé le cartel d’être responsable de la hausse du coût de l’essence aux Etats-Unis. Téhéran avait répliqué en accusant Washington d’avoir « créé les difficultés du marché en multipliant les sanctions contre deux membres fondateurs de l’Opep », l’Iran et le Venezuela.
Depuis 2016, la baisse de production établie par l’Opep et de ses partenaires a fait rebondir les prix de l’or noir, brièvement passés sous les 30 dollars début 2016 avant de dépasser les 70 dollars au deuxième trimestre 2018. L’Organisation, qui réunissait 14 pays, a par ailleurs annoncé vendredi l’arrivée d’un nouveau membre, la République du Congo.
DC avec AFP
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