Cela n’aurait peut-être pas fait autant mal si, quelques jours auparavant, le ministre de l’Éducation n’avait dit sur BFMTV : « Imposer le port de l’uniforme à tous les élèves, c’est non. » Corrigeons donc après l’entretien de Brigitte Macron avec des lecteurs du Parisien : ce sera « peut-être. » Car si le ministre de l’Éducation Pap N’Diaye n’en voulait pas, l’épouse du Président a rappelé de manière aussi douce qu’indirecte que les grandes orientations sont données à l’Élysée, puis – studieusement, serait-on tenté de dire – appliquées par les ministères concernés.
Or, en évoquant « l’Élysée », il est mal avisé de se restreindre au Président et à ses conseillers, et plus avisé d’inclure aussi la Première Dame, la seule personne peut-être en qui Emmanuel Macron ait une confiance absolue. Sensible aux questions liées à l’enfance, à la santé mentale, celle-ci n’entend pas être corsetée par les opérations des pièces jaunes, dont l’image ramène toujours à celle de la douairière Bernadette Chirac … et qui coûtent presqu’autant qu’elles ne rapportent.
Brigitte Macron, dans les colonnes du Parisien, a donc rappelé ce 11 janvier le souvenir de sa carrière de professeur et encouragé à « une petite dictée tous les jours. » Pour plus encore être aimée des adolescents et peut–être devenir une tendance sur Tiktok, elle se prononce aussi pour l’interdiction du téléphone portable au lycée et pour le port de l’uniforme – « une tenue simple, mais pas tristoune, » tempère-t-elle.
Cette déclaration, qui a été dénoncée par l’ensemble de la presse de gauche, brouille d’une certaine manière les pistes, car le combat pour l’uniforme à l’école a longtemps été un totem de la droite censé rappeler l’autorité du professeur et la période bénie des enfants sages sachant lire et écrire. Les sénateurs LR et les députés RN portent d’ailleurs en ce moment même dans les deux Assemblées des demandes sur le sujet, ce qui pousserait l’esprit le plus candide à se demander ce que souhaite le plus Brigitte Macron avec ce sens particulier du tempo : agacer Pap N’Diaye ou plaire à la droite des deux hémicycles, au moment où débute le débat sur la réforme des retraites ?
Rappelant la réserve passée de madame Macron, beaucoup de rédactions penchent pour la seconde hypothèse ou constatent que l’une n’exclut pas l’autre.
« J’ai porté l’uniforme comme élève : quinze ans de jupette bleu marine, pull bleu marine. » dit madame Macron. « Et je l’ai bien vécu. Cela gomme les différences, on gagne du temps – c’est chronophage de choisir comment s’habiller le matin – et de l’argent – par rapport aux marques. »
Il faut constater que l’uniforme semble ne traumatiser ni les élèves britanniques, ni les japonais, coréens et que, s’il n’avait pas été associé à l’embrigadement idéologique des jeunesses hitlériennes et mussoliniennes, il aurait encore cours en Allemagne et Italie. Là est le chiffon rouge, le symbole outrageant de l’uniforme tel que vu par le courant progressiste : il évoque l’ordre et par extension une vieille France et ses périodes honteuses. Depuis 1968, la demande de liberté dès l’enfance, de destruction des cadres est si forte qu’il est devenu presque impossible de parler de discipline sous peine d’approcher de l’accusation de maltraitance. Des générations d’enfants sans tuteur moral et sans repères se laissent ainsi emporter par le droit trop tôt donner de satisfaire des désirs d’inutile : tyrannie de l’apparence et des marques, individualisme et égoïsme débridés qui conduisent à ne pas pouvoir construire solidement leur identité d’adultes, ballottés d’une tendance sociale à l’autre, d’un désir à l’autre, d’une nouvelle technologie à l’autre.
La générosité et la responsabilité vis-à-vis d’eux commenceraient en leur montrant, par l’uniforme, qu’ils sont tous un même futur en formation – celui de leur pays, que leur valeur ne se mesure ni par la marque de leurs chaussures, ni par l’épaisseur du compte en banques de leurs parents. L’uniforme sanctuarise aussi l’espace et le moment du travail scolaire et développe un esprit d’appartenance au groupe – l’habit fait l’élève, et Brigitte Macron n’a certes aucun besoin d’avoir été élue pour rappeler ces simples vérités.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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