Emmanuel Macron a mis vendredi tout son poids dans la balance pour tenter de faire avancer les discussions sur l’avenir institutionnel de la Corse, en panne depuis six mois, en réitérant sa volonté d’inscrire d’éventuelles évolutions dans son projet de réforme constitutionnelle.
Lors de la reprise des discussions, à l’arrêt depuis six mois, le chef de l’État s’est invité au ministère de l’Intérieur, à deux pas de l’Élysée. Manière de signifier aux élus corses réunis place Beauvau autour de Gérald Darmanin qu’il est à leur écoute et considère ce dossier comme important.
Sur le fond, rien de nouveau. Sa position n’a pas bougé d’un iota depuis un an. Il a répété ce qu’il avait dit le 17 mars 2022 à savoir qu’il n’avait « pas de tabou », y compris sur l’autonomie, ni de « solution prédéterminée », comme l’a expliqué vendredi un de ses conseillers.
Il a redit également qu’il était prêt à inscrire d’éventuelles évolutions dans son projet de réforme constitutionnelle, avec cette précision de date « après cet été ».
Le président face aux nationalistes
À charge pour les élus et le ministère de l’Intérieur de lui présenter « une proposition » pouvant s’inscrire dans ce projet.
Emmanuel Macron rencontrera de nouveau le ministre de l’Intérieur et les élus « avant l’été » pour « faire le point sur les propositions », a détaillé son entourage.
Les lignes rouges fixées par le président il y a un an restent inchangées : maintien de la Corse dans la République et refus de créer deux catégories de citoyens.
Or, les nationalistes à commencer par Gilles Simeoni, président autonomiste de l’exécutif corse, plaident pour un statut de résident corse et réclament que la langue corse soit inscrite dans la Constitution.
Si bien qu’il est difficile d’imaginer comment les uns et les autres parviendront à surmonter ces deux obstacles.
Majorité fragile pour le chef de l’État
Sur l’avenir institutionnel de l’île, Emmanuel Macron a évoqué un schéma qui « pourrait s’inspirer beaucoup de modèles méditerranéens » en termes de décentralisation ou de différenciation.
Ce qui exclut un statut d’autonomie à la manière de la Polynésie ou de la Nouvelle Calédonie.
Néanmoins, l’entourage d’Emmanuel Macron s’est montré optimiste, en insistant sur la « dimension très forte du symbole » de sa participation surprise à cette réunion. Et en assurant que ce qu’il a qualifié « d’annonce importante » du président avait été « très bien accueillie par les participants ».
Reste que le projet de réforme constitutionnelle souhaité par le chef de l’État se heurte, quel que soit son contenu, au fait qu’il ne dispose que d’une majorité fragile à l’assemblée nationale.
Mesure de semi-liberté pour deux prisonniers nationalistes
Le cycle de discussions initié par Gérald Darmanin avait été lancé en juillet 2022 après le meurtre en prison d’Yvan Colonna par un de ses co-détenus.
Condamné à la réclusion à perpétuité, Yvan Colonna était un des membres du commando responsable de l’assassinat du préfet Claude Érignac en 1998 à Ajaccio.
Les discussions devaient s’étaler sur un an à raison d’une réunion à Paris toutes les six semaines.
Si une première réunion a bien eu lieu mi-septembre, les négociations avaient connu un coup d’arrêt après un nouveau refus de la justice d’octroyer une semi-liberté à Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, les deux derniers membres du commando encore en prison, mais libérables depuis 2017.
En octobre et décembre, le ministre de l’Intérieur avait dû reporter à deux reprises un déplacement dans l’île, du fait d’un climat « pas favorable » en raison des vives tensions autour de la question des prisonniers.
Le 31 janvier, la justice a finalement prononcé une mesure de semi-liberté pour Pierre Alessandri et fait de même jeudi pour Alain Ferrandi. Ouvrant ainsi la voie à une reprise des discussions.
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