Emmanuel Macron pressé de prendre un nouveau départ avec le futur chancelier allemand

Par Epoch Times avec AFP
25 février 2025 17:55 Mis à jour: 25 février 2025 18:01

« Déterminés à faire de grandes choses ensemble » : le président Emmanuel Macron veut relancer au plus vite le couple franco-allemand avec le futur chancelier Friedrich Merz en pleine urgence pour l’Europe, prise au piège du rapprochement accéléré entre Donald Trump et la Russie.

« Nous sommes à un moment historique. Il peut y avoir une convergence franco-allemande plus forte que jamais », a déclaré le président français à quelques journalistes dès l’annonce de la victoire du chrétien-démocrate dimanche aux élections législatives allemandes.

Emmanuel Macron s’est entretenu le soir même avec lui depuis l’avion qui l’emmenait à Washington pour tenter de convaincre Donald Trump de ménager l’Ukraine et les Européens dans son nouveau pas de deux avec Vladimir Poutine. Il a aussi appelé le chancelier Olaf Scholz, grand perdant du scrutin, qui va rester quelques semaines encore en fonction, le temps que son successeur forme un gouvernement

La relation n’a jamais été fluide entre les deux dirigeants, le président français, chantre de l’Europe et par tempérament fonceur, ayant souvent pris de court son homologue allemand, taiseux et peu familier de la France. Sur l’Ukraine, la défense européenne, les financements de l’UE, Olaf Scholz aura toujours eu un temps de retard sur Emmanuel Macron même si les points de vue se sont rapprochés sous la pression des événements.

Le futur chancelier Friedrich Merz. (Sean Gallup/Getty Images)

« L’Allemagne va agir plus vite »

Dès dimanche soir, Friedrich Merz a affiché des positions beaucoup plus tranchées, rompant avec le transatlantisme intangible de l’Allemagne depuis 1945 et abondant dans le sens de la France.

Le Vieux continent doit atteindre son « indépendance vis-à-vis des États-Unis » et pour cela faire du renforcement de sa défense une « priorité absolue », a asséné le futur chancelier qui se rendra dès sa prise de fonction à Paris et Varsovie. « Ce qui est sûr c’est que sur l’Europe de la défense ça va aller plus vite et plus loin avec lui », assure une source gouvernementale française.

« Beaucoup espèrent que l’Allemagne va maintenant agir plus vite et être plus active sur une série de débats », renchérit Camille Grand, expert auprès du Conseil européen pour les relations internationales (ECFR) et ancien secrétaire général adjoint de l’Otan. « Renforcer les capacités de défense européennes, voir comment l’Europe peut se défendre avec moins (ou pas) d’Amérique, développer un plan pour l’Ukraine qui ne soit pas guidé par les demandes américaines mais par les intérêts européens » : la feuille de route est toute tracée, selon lui.

Réfléchir à une dissuasion européenne

Dans ce contexte, la présidence française scrute avec attention tout ce que Friedrich Merz peut dire sur le financement des dépenses militaires en Europe, qui pourrait passer par un endettement commun – un basculement jusqu’ici inenvisageable par Berlin. Friedrich Merz évoque aussi la nécessité de réfléchir à une dissuasion européenne reposant sur ses deux puissances nucléaires, la France et le Royaume-Uni, un sujet également tabou en Allemagne, sous parapluie américain.

« La culture de Friedrich Merz et le contexte international font de cette élection une opportunité pour la France. Mais pour cela il faut agir vite », estime Paul Maurice, expert à l’Institut français des Relations internationales (Ifri). « La mise en place d’une coalition peut prendre du temps, et nous ne savons pas quelle sera la situation politique de la France d’ici trois mois », a-t-il relevé sur la chaîne Public Sénat.

L’instabilité politique et le creusement des déficits publics pénalisent la France

L’Allemagne regarde avec la plus grande circonspection l’instabilité politique en France depuis la dissolution de 2024, et le creusement des déficits publics chez son voisin. Le moteur franco-allemand, si souvent vanté depuis l’après-guerre et les débuts de la construction européenne, n’est plus non plus aussi exclusif.

D’autres acteurs-clé émergent, comme la Pologne en Europe de l’Est, de même qu’un front pro-Trump incarné par Giorgia Meloni en Italie et Viktor Orban en Hongrie. « Les Français savent bien que le ‘leadership’ ne peut plus seulement venir de Paris et Berlin et nécessite d’impliquer beaucoup d’autres dirigeants pour être efficace », note Camille Grand.

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