Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a appelé dimanche ses compatriotes à « ne pas se tromper d’ennemi », deux jours après que des dizaines de milliers de manifestants ont réclamé son départ et celui des troupes étrangères présentes dans le pays.
Malgré la Mission de l’ONU au Mali (Minusma), une forte présence militaire française et la création de la force militaire régionale G5-Sahel, les violences jihadistes persistent dans cet immense pays sahélien, auxquelles se mêlent des affrontement meurtriers entre communautés ethniques, principalement dans le centre.
Vendredi, de 30.000 à 50.000 manifestants ont condamné dans les rues de Bamako le massacre le 23 mars de quelque 160 habitants du village peul d’Ogossagou par des membres présumés de groupes de chasseurs dogons affirmant lutter contre les jihadistes, ainsi qu’une attaque jihadiste le 17 mars contre un camp de l’armée à Dioura (centre), au cours de laquelle 26 soldats maliens ont péri.
S’ils dénonçaient l’incapacité des autorités à empêcher ces massacres et ont réclamé le départ de M. Keïta, dit « IBK », les manifestants ont également scandé des slogans hostiles notamment aux troupes françaises. Ces dernières interviennent au Mali depuis l’opération lancée en janvier 2013 pour chasser les groupes jihadistes qui avaient pris le contrôle du nord du pays. La manifestation avait été dispersée par la police à coups de gaz lacrymogènes.
« Que l’on ne se trompe pas d’ennemi », a lancé dimanche le chef de l’Etat en recevant au palais présidentiel les dirigeants de la Ligue des Imams et Érudits pour la Solidarité Islamique au Mali (Limama), mais pas les deux leaders religieux musulmans influents, l’imam Dicko et le chérif de Nioro, qui avaient appelé à manifester.
Evoquant des « déclarations désobligeantes pour nos amis en soucis du Mali, ceux-là qui sont à nos côtés pour combattre le terrorisme », le chef de l’Etat s’est interrogé: « A qui profite le crime? Qui est gêné par la présence de la Minusma et des troupes françaises? », selon un compte-rendu de la rencontre diffusé par la présidence.
Le président a affirmé diriger un « pays indépendant » et « souverain » et dénoncé une tentative de « monter les forces nationales contre elles-mêmes ». Évoquant le « cheval de Troie » et un « terrorisme qui a des alliés qu’on ne soupçonne pas », sans plus de précisions, il a assuré que « nul n’arrivera à subvertir le Mali, à le prendre de l’intérieur ».
D.C avec AFP
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